Les plages de la mer Rouge dans l'attente des touristes italiens.
100 millions d’euros : c’est le montant des pertes des tour-opérateurs italiens dues à la chute du nombre de touristes en Egypte, selon la Fédération des tour-opérateurs italiens, l’Astoi. «
Avec l’avertissement sur les voyages en Egypte en août dernier, ce n’est pas seulement le tourisme égyptien qui souffre, ce sont aussi nos partenaires en Italie qui subissent de graves pertes avec la baisse des touristes italiens qui choisissent l’Egypte pour des vacances », assure Hicham Zaazoue, ministre du Tourisme égyptien, à son retour d’Italie où il a rassuré les responsables, tour-opérateurs et touristes vis-à-vis de la situation en Egypte qui va en s’apaisant.
C’est aussi le point de vue transmis au ministre des Affaires étrangères italien, Emma Bonino. « Quand on parle de tourisme, on parle d’affaires et ça n’a rien à voir avec la politique. On doit arrêter l’hémorragie des pertes, que ce soit pour les agences égyptiennes ou leurs partenaires italiens. Même sur le plan politique, la situation en Egypte se stabilise. On a un plan pour l’avenir que l’on veut respecter, et on est en train de l’appliquer », explique Zaazoue.
« L’hésitation des tour-opérateurs et des touristes à venir en Egypte s’explique surtout à cause des restrictions sur les voyages en Egypte de la part du ministère des Affaires étrangères italien depuis l’évacuation des sit-in des partisans des Frères musulmans à Rabea Al-Adawiya et Al-Nahda en août dernier. La demande pour l’Egypte est énorme mais les voyageurs ne peuvent qu’à leurs propres risques », reprend le ministre du Tourisme.
L’Italie reste avec la Russie des marchés importants pour l’Egypte, deux pays qui n’ont pas encore revu leurs conseils aux voyageurs. « Le marché italien arrive au quatrième rang pour l’Egypte. Malgré la situation instable du pays, l’Egypte a accueilli plus de 729 000 touristes italiens en 2012, soit une hausse de plus de 29 % par rapport à 2011. Ce qui prouve que l’Egypte reste l’une des destinations touristiques préférées des Italiens. Ce chiffre devrait aussi bien augmenter cette année », se lamente Mohamad Abdel-Gabbar, conseiller touristique égyptien en Italie.
« L’Egypte est la première destination en Afrique et au Moyen-Orient pour les Italiens, elle devance même la Turquie. Et on ne doit pas oublier que l’Italie a un record : en 2004, elle a envoyé plus d’un million de touristes en Egypte, explique Fortunato Giovannoni, président italien de l’Union des agences de voyages (Fiavet). On travaille avec nos partenaires égyptiens pour convaincre les autorités italiennes que la situation est calme dans les stations touristiques surtout après que plus de 17 pays ont supprimé ou allégé les restrictions de voyage pour l’Egypte. Une fois ces avertissements modifiés, on organisera des séjours pour des milliers d’Italiens en Egypte. Ils ne veulent pas rater la saison d’hiver en Egypte ».
Fortunato Giovannoni apprécie aussi beaucoup l’initiative des autorités égyptiennes de diffuser en direct sur Internet ce qui se passe à Charm Al-Cheikh ou à Hurghada. « Cette diffusion facilitera la tâche de la délégation égyptienne pour rassurer les responsables, les tour-opérateurs et les touristes non seulement en Italie mais aussi dans le monde entier », indique-t-il.
Une affaire intérieure
Le début de la saison hivernale en Egypte en plus de l’importance du marché italien ont poussé le ministre égyptien du Tourisme à se rendre à Rome et ne pas attendre la Bourse du Tourisme International (BTI) de Milan, prévue en février prochain. Lors de ses entretiens, le ministre du Tourisme a insisté sur le fait que ce qui se passe en Egypte est une affaire intérieure, les touristes sont toujours les bienvenus sur la mer Rouge. « La preuve en est que, malgré les événements de juillet et août derniers, on avait en moyenne 19 000 Italiens qui passaient leurs vacances dans les grandes stations touristiques de la mer Rouge et qui sont rentrés chez eux paisiblement », affirme-t-il.
L’importance du tourisme italien réside par ailleurs dans le fait que les touristes italiens combinent leurs séjours entre mer et désert. Ils sont ainsi friands de l’oasis de Siwa ou du « Sinaï avec les montagnes de Sainte-Catherine et du désert blanc portant les empreintes des premiers hommes sur terre », explique Antonio Blassini, propriétaire d’une agence de voyages spécialisée dans le tourisme du désert en Egypte.
Malgré les efforts du ministère du Tourisme et les pressions des tour-opérateurs italiens, les autorités italiennes n’ont pas encore levé les avertissements sur l’Egypte. « Le nombre de touristes italiens visitant l’Egypte reste inférieur aux chiffres attendus en cette période de l’année », assure Mohamad Hassanein, membres de la Chambre égyptienne des agences de voyages.
En revanche, Adel Zaki, président du comité du tourisme externe à la Chambre égyptienne des agences de voyages, estime que si les efforts du ministre du Tourisme ne sont pas fructueux sur le champ, ils le seront dans un futur proche. « L’Allemagne, par exemple, vient de lever les restrictions sur les voyages en Egypte un mois et demi après la visite du ministre à Berlin, début septembre dernier. Alors il faut être présent sur ces marchés », conclut Zaki.
Verdi à l'honneur
Dans le contexte de la promotion du tourisme égyptien sur le marché italien, l’Egypte célébrera de novembre à mars prochain le bicentenaire du grand compositeur italien Verdi, auteur du fameux opéra Aïda. Le ministère du Tourisme coopérera avec l’Opéra égyptien et le ministère de la Culture pour organiser les festivités au Caire, auxquelles seront invités des artistes, des politiciens et des hommes de médias. La présentation de l’opéra Aïda, l’exposition de photos de Verdi du photographe italien Sandro Vannini et une autre pour les importants acquisitions et documents de Verdi seront parmi les événements organisés lors des célébrations.
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