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Le patrimoine en péril

Dalia Farouq (avec agences) , Mardi, 09 octobre 2012

Ce joyau historique classé par l'Unesco sur la liste du patrimoine mondial a été touché par les combats entre soldats du régime syrien et rebelles.

Souk D

En Syrie, le patrimoine subit lui aussi les attaques armées. Le souk de l’ancienne ville d’Alep, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, a été incendié cette semaine. De nombreuses échoppes remplies d’étoffes et de broderies se sont rapidement consumées par le feu des combats. Régime et rebelles s’accusent mutuellement d’être à l’origine des dégâts causés au souk qui constituait, avec la vieille ville d’Alep, l’un des centres névralgiques du commerce au Moyen-Orient. Cinq des quarante marchés du souk, comme le marché des femmes, celui de l’or ou encore celui des abayas, ont été entièrement détruits, selon des témoins, même s’il reste difficile d’estimer les dégâts en raison des combats.

Irina Bukova, la directrice générale de l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, les sciences et la culture, a autant déploré que dénoncé l’incendie qui a détruit les souks d’Alep. Consternée, elle a rappelé à cette occasion les engagements de la Syrie en tant que signataire de la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé. « Les informations provenant d’Alep sont extrêmement inquiétantes. La destruction du patrimoine culturel, témoin de l’histoire millénaire du pays, estimée et admirée dans le monde entier, rend encore plus tragiques les souffrances humaines, déjà extrêmes », a-t-elle assuré. « Les souks d’Alep représentent une entité prospère de l’activité économique et sociale de la Syrie. Ils sont le témoin de l’importance d’Alep en tant que carrefour culturel depuis le deuxième millénaire avant J.-C. », a rappelé Bukova qui a lancé un appel à toutes les forces impliquées pour qu’elles fassent tout leur possible pour préserver ces monuments de l’Histoire humaine qui ont tant contribué à la croissance et à la prospérité de la Syrie.

En fait, ce n’était pas le premier appel de Bukova en faveur de la protection du patrimoine syrien. L’Unesco a déjà lancé plusieurs appels en ce sens depuis le déclenchement des combats en Syrie, surtout que des informations ont fait état de bombardements sur plusieurs sites comme Qalaat Al-Madiq au nord du pays, qui abrite une citadelle médiévale, et le célèbre site d’Apamée. Les bombardements s’étendent aux mosquées, aux églises, aux châteaux-forts et aux anciennes demeures. La mosquée dE Omar à Deraa, au sud de la Syrie, vieille de plusieurs siècles, et l’église Saint-Ilian Al-Homsi à Homs, au centre, ont notamment été endommagées lors des bombardements. Même les responsables de l’archéologie en Syrie assurent que ces violences ont exposé les trésors archéologiques du pays au pillage et à la destruction, notamment la cité antique de Palmyre et les ruines gréco-romaines d’Apamée, classées sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Bukova a ajouté que l’Unesco est prête à apporter toute son expertise et son soutien à la sauvegarde d’Alep et de tout l’extraordinaire patrimoine culturel syrien. « Dès que la sécurité le permettra, j’enverrai une équipe sur place pour évaluer la situation et fournir une aide d’urgence pour la protection de ce patrimoine, afin de limiter cette tragédie et prévenir de nouveaux dégâts », a déclaré Bukova.

L’Unesco n’était pas, en fait, la seule organisation internationale à réagir. L’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (Isesco) a, pour sa part, condamné dans un communiqué de presse le bombardement continu des villes syriennes par les avions, les chars et les missiles, ainsi que l’assassinat de milliers de citoyens syriens. Elle a également condamné la destruction des monuments historiques et culturels d’Alep, cette ville qui a été célébrée en tant que capitale de la culture islamique en 2006 et qui est l’une des villes islamiques les plus riches en sites, monuments et trésors historiques dont la valeur est inestimable. « L’Isesco a appelé la communauté internationale à intervenir pour mettre fin aux bombardements que connaît la ville syrienne d’Alep et ses monuments archéologiques. Surtout que ces actes constituent une violation flagrante du droit international et des résolutions du Comité international du patrimoine humain relevant de l’Unesco », a assuré Abdel-Aziz Al-Toweigri, directeur de l’Isesco, dans son communiqué. Il a ajouté que l’Isesco exprime « ses craintes profondes que le patrimoine culturel riche en Syrie ne soit perdu, étant menacé de destruction et de pillage ».

L’Isesco a appelé aussi les Etats membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) à « agir d’urgence pour protéger les monuments historiques islamiques d’Alep, élue capitale de la culture islamique en 2006 ». De même, l’Isesco a exhorté l’Unesco, avec laquelle elle est liée par un accord de coopération, « à intervenir immédiatement pour protéger, aussi bien à Alep que dans les autres villes syriennes, le patrimoine culturel en péril à cause des guerres ». Elle a également mis en garde contre le risque de reproduire le scénario iraqien et a appelé les parties en conflit à « la nécessité de respecter les traités internationaux sur la protection des biens culturels ». L’Isesco a enfin souligné que la ville d’Alep est « un exemple de la ville islamique en matière de tolérance religieuse, de reconnaissance de l’autre et de coexistence entre toutes les religions, ethnies et madhahib, dans le cadre d’une civilisation islamique tolérante, dont cette ville ancestrale a contribué à l’enrichissement et à l’extension du rayonnement à travers l’Histoire »

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