Momie anonyme couverte de cartonnage et d’un masque doré, XXXe dynastie (basse-époque), découverte à Saqqara.
Situé à l’entrée de la nécropole archéologique de Saqqara, le musée Imhotep rouvre ses portes au public après sa fermeture en mars 2022. Avec ses 286 pièces antiques réparties sur 6 salles et 27 vitrines, le musée raconte l’histoire de la nécropole de Saqqara. Unique en son genre puisqu’il est le seul en Egypte créé dans une région archéologique, le musée présente au public les résultats des travaux de fouille exécutés dans la région de Saqqara. C’est ce qui explique son surnom « Le musée du site ».
Sur une superficie de 1500 m2, le musée Imhotep est érigé en l’honneur de l’ancien architecte et médecin égyptien Imhotep, connu pour avoir conçu la pyramide à degrés du roi Djoser. Les pièces du musée sont exposées de façon thématique mettant en relief le génie architectural d’Imhotep. Dans le hall d’entrée, les visiteurs sont accueillis par une statue d’Imhotep entourée d’inscriptions de ses titres officiels. « On a voulu raconter à travers les pièces du musée l’histoire de la région de Saqqara, ainsi que le génie architectural et l’art égyptien », retrace Mahmoud Mabrouk, chef du comité de scénographie. Pour sa part, le secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), Mostafa Waziry, souligne que le musée abrite des chefs-d’oeuvre incomparables. « On y trouve la plus ancienne et la plus complète momie royale de Mérenrê Ier de la VIe dynastie, ainsi que les premiers instruments médicaux connus jusqu’à nos jours et qui remontent à la Ve dynastie pharaonique », explique-t-il.
Avant son inauguration, le musée a subi d’importants travaux de restauration et de modernisation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. « Avec un coût de 48 millions de L.E., les travaux de peinture, de consolidation du sol, de réhabilitation de l’allée de visite et la fondation d’un centre de visite ont été accomplis », indique Hicham Samir, conseiller du ministre du Tourisme et des Antiquités, ajoutant qu’un nouveau système d’éclairage et de sécurité a été installé. « Les services fournis aux visiteurs ont été également développés à travers des pancartes explicatives en trois langues : l’arabe, l’anglais et le français », assure Ahmed Issa, ministre du Tourisme et des Antiquités. Le projet de rénovation englobe aussi la création d’un centre de restauration et 6 nouvelles vitrines d’exposition temporaire renfermant 70 pièces antiques récemment découvertes à Saqqara, dont les momies animales de chats et de lionceaux.
Honneur à Jean-Philippe Lauer
Bien que ce musée « petit » de taille soit dédié en premier lieu à Imhotep, les responsables du CSA n’ont pas manqué de souligner le rôle du grand égyptologue français Jean-Philippe Lauer, qui a consacré sa vie au site de Saqqara et y a travaillé de 1920 à 2001. Une galerie spéciale lui est consacrée, où sont exposés certains de ses livres et de ses effets personnels. « La salle de Lauer est considérée comme la librairie du musée et un espace d’exposition temporaire », déclare Mabrouk, ajoutant que pendant la fermeture du musée, une mission japonaise opérant à Saqqara a offert au musée une belle statue en bois d’une femme. La statue a pris sa place dans le musée montrant une partie de l’histoire de l’art dominant dans cette région archéologique riche en découvertes. C’est l’aspect souligné par le ministre du Tourisme et des Antiquités, Ahmed Issa, qui a demandé d’apprendre aux guides touristiques l’importance de chaque pièce exposée au musée.
Tête en bois d’un homme de la Ve dynastie, portant une courte perruque.
Un architecte de génie
Imhotep, dont le nom signifie « celui qui vient en paix », était non seulement le vizir du roi Djoser, mais également portait de nombreux titres en raison de ses multiples talents. Chef de l’administration royale, grand prêtre, architecte en chef, responsable de la justice et de la médecine du Pharaon, sont parmi les fonctions qu’Imhotep a remplies dans la IIIe dynastie. Même après sa mort, il a continué à être considéré comme le patron de l’écriture et des sciences à Oun (Héliopolis) jusqu’au Nouvel Empire. A partir de la Basse-Epoque, il a été divinisé comme un dieu guérisseur et son culte s’est répandu dans toute la Vallée du Nil.
« C’est surtout pour ses talents d’architecte qu’Imhotep est connu. Il est le premier constructeur d’un complexe funéraire dédié à son Pharaon Djoser. Il est également le premier à avoir construit une pyramide sur la tombe de son Pharaon et de l’avoir inclus dans ce complexe de grande taille. Par son génie exceptionnel, la pyramide est considérée comme un chef-d’oeuvre de l’histoire de l’Egypte et même de l’histoire de l’humanité », dit Mahmoud Mabrouk, chef du comité de la muséologie du ministère du Tourisme et des Antiquités.
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