Avec son minaret cylindrique au sommet conique en forme de crayon et ses 23 dômes peints en bleu et vert, la mosquée Soliman pacha Al-Khadem, connue également par Saryat Al-Gabal, a été finalement inaugurée et est prête à accueillir ses visiteurs. Fermée depuis 2018, la mosquée, ainsi que son kottab (école religieuse) et son mausolée, ont subi des travaux de restauration, de nettoyage et de consolidation des murs et du sol. « La mosquée et ses annexes ont subi une restauration architecturale minutieuse. On a pu nettoyer les murs et recouvrer ses couleurs d’autrefois. On a restauré les plafonds en bois en les isolant et en réparant les peintures des dômes de l’intérieur et de l’extérieur », explique Manal Ghannam, chef du département de restauration au Conseil Suprême des Antiquités (CSA), indiquant que les parties manquantes et les fissures des motifs décoratifs des dômes ont été aussi réparées et complétées.
Selon Hicham Samir, conseiller aux projets du ministre du Tourisme et des Antiquités, les travaux consistaient également à changer le réseau électrique et à consolider les dômes et le marbre qui se trouve partout dans la mosquée, ainsi qu’à réparer les motifs décoratifs. « Le coût total des travaux de restauration est estimé à 5 millions de L.E. », assure Mostafa Waziry, secrétaire général du CSA.
Situé au côté nord-est de la citadelle de Salaheddine Al-Ayyoubi, la mosquée fut la première conçue dans le style ottoman en Egypte. « L’importance de cette mosquée revient non seulement à son style architectural distinct, mais également à son histoire », explique Waziry. C’était en 1528, quand Soliman pacha Al-Khadem, wali (gouverneur) d’Egypte de 1525 à 1535 puis de 1536 à 1538 (époque ottomane), a décidé de bâtir un endroit pour regrouper son parti (groupe) qui s’appelait Al-Inkichariya (signifiant en turc la nouvelle milice). « Vu les conflits entre les différents groupes ottomans, surtout Al-Azaban qui s’installait au sud de la Citadelle et qui avait sa mosquée d’Ahmed Kadkhoda, Al-Khadem a décidé de bâtir une mosquée, ainsi qu’un kottab, sur cette haute colline éloignée », raconte Howaïda Mokhtar, conservatrice à la Citadelle du Caire.
Cet endroit abritait les vestiges d’une autre mosquée qui appartenait au gouverneur fatimide d’Alexandrie Abou-Mansour Qosta pendant le règne d’Al-Hafez Bi Amr Allah. « Qosta est enterré dans la partie sud de sa mosquée. Et quand Al-Khadem a envisagé de bâtir une grande mosquée, il a laissé cette partie de la mosquée fatimide, ainsi que du mausolée de Qosta, où quelques soldats fatimides sont également enterrés, et l’avait restaurée, laissant la plaque en marbre sur laquelle est gravé le texte originaire du fondateur et l’année de bâtisse », explique Mokhtar. Le mausolée de Qosta abritait alors les tombeaux des militants des janissaires surmontés de pierres tombales.
« Al-Khadem a construit sa nouvelle mosquée dans le style ottoman, semblable à la mosquée Soleyman Ier à Istanbul », retrace Mokhtar. Ce style se caractérise par les dômes et les demi-dômes. De même, les murs à l’intérieur sont couverts par des carreaux en céramique, le sol en plus du minbar et mihrab en marbre, le plafond en bois décoré par des motifs géométriques avec des versets coraniques en coufique. La façade principale de la mosquée renferme une entrée proéminente précédée par un escalier en pierre.
Connue à travers les époques par Saryat Al-Gabal, cette magnifique mosquée en forme rectangulaire se compose de deux sections. La première est consacrée aux prières et est couverte d’un dôme au milieu et entourée de demi-dômes décorés d’inscriptions colorées entrecoupées d’écritures diverses. La seconde section se compose d’une cour centrale ouverte, dont le sol est couvert de marbre coloré. Il y existe également un bâtiment abritant un mihrab décoré, le kottab et le lieu d’ablutions.
« Al-Khadem n’a pas détruit l’ancienne mosquée ; au contraire, il l’a restaurée, puis a entouré sa nouvelle mosquée par une paroi ajoutant des puits d’eau potable et un atelier de poterie », cite Waziry, soulignant que cette importante mosquée a subi plusieurs essais de restauration dont le plus important fut celui du Comité arabe de maintenance des antiquités qui a gravé sur les pierres de la façade la date, 1328 année de l’hégire (1922). La mosquée a été inscrite sur la liste égyptienne du patrimoine islamique, copte et juif en 1951.
Après son inauguration, la mosquée sera une destination touristique qui vient s’ajouter aux autres sites se trouvant au sein de la Citadelle, mais elle ne servira pas de lieu de prières comme auparavant
Informations pratiques
Accessible avec le billet de visite de la Citadelle
Adultes : 60 L.E.
Etudiants : 30 L.E.
Horaires : 8h-16h
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