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Trésors gréco-romains en Méditerranée

Nasma Réda , Dimanche, 13 août 2023

Le ministère du Tourisme et des Antiquités a annoncé cette semaine la découverte, à Al-Alamein, de l’épave d’un navire en Méditerranée remontant à l’époque gréco-romaine.

Trésors gréco-romains en Méditerranée

A 650 mètres environ du bord de la mer dans la région d’Al-Alamein (ouest), l’épave d’un navire en naufrage dans la Méditerranée et un certain nombre d’amphores (récipient utilisé pour conserver des produits de base tels que le vin, l’huile ou la bière) datant de 3 siècles av. J.-C. ont été mis au jour par une mission archéologique égyptienne du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). « Cette découverte témoigne de l’importance commerciale de la région d’Al-Alamein et de la Côte-Nord égyptienne 300 ans av. J.-C. pendant lesquels de nombreux ports commerciaux existaient », souligne Mostafa Waziry, secrétaire général du CSA, ajoutant que cette magnifique découverte fournit de nouvelles preuves du statut commercial, économique et touristique de l’Egypte et de la région tout entière.

L’histoire de cette découverte a commencé lorsqu’un navire de la compagnie égyptienne SeaSplit, premier développeur de robotique et de scanning marins, passait dans la région. Son propriétaire, Hussein Mesharafa, a alors remarqué l’épave d’un navire. C’est l’ingénieur Mesharafa qui a informé les responsables du CSA de ses soupçons que ce navire submergé soit antique. Le CSA a, par la suite, envoyé à Al-Alamein une équipe d’archéologues et de scientifiques du département des antiquités englouties. « Cette équipe d’experts a pu constater sur place l’importance historique et archéologique de ce navire », explique Islam Sélim, chef du département central des antiquités englouties.

A noter que durant les travaux de fouille sous-marine, les archéologues ont découvert des vestiges en bois d’un navire englouti, ainsi qu’une centaine de trouvailles archéologiques en poterie remontant à l’époque gréco-romaine. « Parmi les pièces trouvées, il y avait un grand nombre d’amphores. Ceux-ci provenaient de l’île de Rhodes, en Grèce, et étaient utilisés pour le stockage et le transport du vin et d’autres matières », indique Ayman Achmawi, chef du département des antiquités égyptiennes auprès du ministère du Tourisme et des Antiquités. Selon lui, quelques amphores et poteries ont été trouvés sur une île submergée à côté du navire, confirmant l’hypothèse que le naufrage était provoqué par le fait que le fond du navire a heurté l’île pendant son voyage.

« D’après les études faites sur place, ce navire est un bateau commercial datant du IIIe siècle av. J.-C. Cette découverte illustre le circuit du commerce entre l’Egypte et les pays méditerranéens à l’époque et indique que cette région était un port important », assure Sélim, soulignant que la Côte-Nord égyptienne était divisée à l’époque en 30 régions, soit des villes où résidaient des citoyens, soit des ports, dont le plus important est Marsa Matrouh. « Ces ports avaient pour rôle de recevoir ou transporter les produits alimentaires tels que le vin, les olives, les céréales, ainsi que l’huile de l’Europe vers les pays de l’Afrique du Nord et de la Méditerranée et vice-versa », déclare-t-il, notant que d’autres ports égyptiens en Méditerranée sont plus anciens.

La mission archéologique a fini les travaux de documentation à travers la photogrammétrie en 3D de l’épave du navire et des amphores, dans le but d’examiner les moyens de les conserver sur place et poursuivre les fouilles. Selon Sélim, d’après la convention de l’Unesco signée en 2001, l’Egypte doit maintenir ses trésors engloutis sur place tout en les sécurisant et permettant au public de les admirer, si possible. « Lorsque le ministère du Tourisme et des Antiquités avait annoncé la découverte d’Al-Alamein, on n’a pas dévoilé précisément l’endroit exact du navire et on doit attendre fin septembre prochain pour continuer les fouilles, quand les estivants quittent les plages », affirme Sélim, convaincu d’après les anciennes études que les futures fouilles sur le site révéleront davantage de secrets sur les raisons du naufrage du navire, ainsi que d’autres pièces antiques de valeur.

A l’annonce de cette découverte, le département central des antiquités englouties a reçu des rapports de plusieurs personnes présentes à la Côte-Nord portant sur l’existence d’autres navires et d’autres trésors engloutis, notamment dans la région plus à l’ouest de Ras Al-Hekma. « Le CSA étudie actuellement la situation afin de nous donner le feu vert pour commencer nos inspections et nos fouilles sous-marines sur l’île noyée et autour du navire englouti à Al-Alamein », conclut Sélim.

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