Le commerçant l’a alors vendu à l’âge de 14 ans au marché des esclaves à Damas à 800 dirhams. Mais l’homme qui a acheté le jeune Beibars l’a fait retourner à cause d’une déformation dans ses yeux, il a alors été racheté par l’émir Alaeddine Al-Bendeqdari, l’un des Mamelouks du sultan ayyoubide Negmeddine Al-Saleh Ayoub au Caire, à qui Beibars est mis en service. Le sultan l’a libéré et lui a donné la principauté de Qalioub, près du Caire. « Beibars est devenu un prince connu par sa grande taille, sa forte personnalité, sa haute voix et ses yeux bleus, signe de ses origines mélangées, d’après les documents historiques », souligne l’historien Emad Aboul-Ela.

En Egypte, Beibars est devenu le prince et gouverneur de Qalioub et chef de l’armée. Sa bravoure a encouragé le sultan Negmeddine Ayoub à le joindre à sa garde spéciale. Raison pour laquelle Beibars est devenu le chef de l’une des troupes de l’armée qui a défendu l’Egypte pendant la IXe croisade de Louis IX. Sa troupe a fait des exploits militaires et réussi à capturer Louis IX, détenu dans la maison de Loqmane dans la ville de Mansoura (delta du Nil).

En 1260, Beibars monte sur le trône de l’Egypte suite à l’assassinat du sultan Qotoz. Il a continué à mener des campagnes militaires pour repousser les attaques des Croisades et les invasions des Mongols. Et afin de garantir la loyauté des Mamelouks, « il les a mis à la gouvernance de différentes cités égyptiennes et leur a offert des domaines prospères », reprend l’historien. Il ajoute que Beibars a annulé les taxes et les impôts qui étaient imposés en Egypte pour attirer les faveurs de la population. Beibars a élargi son sultanat pour regrouper, en plus de l’Egypte, siège de son pouvoir, la Grande Syrie.

Beibars était un grand bâtisseur. Il a érigé sa fameuse mosquée Al-Zaher Beibars hors du Caire fatimide et a construit, au sein de la capitale fatimide, précisément à la rue Al-Moez, une somptueuse madrasa « école » à côté de la tombe de Negmeddine Ayoub. Il a construit également une mosquée dans la ville de Qalioub, près du Caire. « Il a restauré les forts détériorés par les invasions des Mongols dans la Grande Syrie, ainsi que les édifications saintes comme la mosquée du prophète Mohamad à Médine et celle d’Ibrahim à Hébron (Al-Khalil), à Jérusalem, et bien d’autres », reprend l’historien. Son règne témoigne encore de la construction des ponts, des qanater et des murailles, ainsi que du creusement de ruisseaux.