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Découverte inattendue à Kharga

Doaa Elhami , Samedi, 25 mars 2023

Une mission conjointe des Universités du Caire et de la Nouvelle Vallée a découvert le fossile d’une tortue fluviale géante datant de 70 millions d’années dans l’oasis de Kharga, à l’ouest de l’Egypte.

Découverte inattendue à Kharga
« Khargachelys caironensis » comble une lacune de l’histoire géologique.

A une quinzaine de kilomètres au sud-est de l’oasis de Kharga, capitale du gouvernorat de la Nouvelle Vallée, dans le désert occidental, se situe la région Qarn Guenah qui s’étale sur une superficie de 470 feddans (19740 ha). Là opère depuis deux ans une mission géologique des centres de paléontologie des facultés des sciences des Universités du Caire et de la Nouvelle Vallée, dirigée par les paléontologues Mohamed Abdel-Gawwad et Guébeili Abdel-Maqsoud. «  Notre mission opère seulement sur 70 feddans de cette grande superficie », souligne Abdel-Maqsoud, expliquant que les récents travaux ont découvert une grande pleurodira fluviale qui date de 70 millions d’années, soit de l’ère géologique du crétacé (145-66 millions d’années). Les paléontologues ont nommé l’espèce découverte « Khargachelys Caironensis°», commémorant ainsi le lieu de la trouvaille et l’institution scientifique qui l’a découverte.

La pleurodira est une espèce de tortues à long cou de côté qui bouge à droite et à gauche, mais ne peut pas se cacher dans la carapace, comme celle de nos jours. « C’est la première fois qu’on trouve en Egypte, voire dans tout le continent africain, une telle espèce qui remonte à cette date », renchérit le paléontologue. En effet, la pleurodira se répandait pendant les ères géologiques anciennes, il y a quelque 90 millions d’années, dans les deux continents d’alors, Gondwana et Laurasie. «°A cet âge, il y a eu une grande fissure dans le continent Gondwana qui a formé les deux actuels continents, l’Afrique et l’Amérique latine, et a donné naissance à l’océan Atlantique. Et depuis, la pleurodira est restée avec densité en Amérique latine et a disparu de tout le continent africain », explique Abdel-Maqsoud.

Une indication des transformations climatiques

Selon les paléontologues, l’importance de la découverte de cette espèce du crétacé se trouve dans le fait qu’elle comble une lacune dans l’histoire géologique. « La pleurodira se déplaçait suivant le climat qui lui était adéquat et se transformait au cours du temps en une nouvelle espèce. Nous pouvons en suivant et étudiant le développement de cette espèce découvrir les transformations climatiques qui ont eu lieu en ces temps lointains en Egypte », souligne Abdel-Maqsoud. L’importance de la découverte se trouve également dans l’excellent état de conservation de la carapace de « Khargachelys Caironensis » qui mesure 70 cm de long et 40 cm de large. Pendant le crétacé, le climat dans le désert occidental, notamment la Nouvelle Vallée, était subtropical et cette zone contenait des embouchures de fleuves qui s’écoulaient du sud, composant des lacs et des marécages. Cette atmosphère, propice pour la germination des conifères, fougères et palmiers, attirait beaucoup d’espèces terrestres comme les dinosaures herbivores, amphibiens à l’instar des crocodiles et fluviaux comme les poissons et les pleurodiras, dont celle qui a été trouvée récemment. « La pleurodira a trouvé la mort dans le fleuve et y a été enterrée. Raison pour laquelle la carapace est excellemment conservée », renchérit le paléontologue Guébeili Abdel-Maqsoud. Les études préliminaires indiquent la présence de traces de dents sur la carapace de la pleurodira découverte. « Ce sont probablement les dents d’un gigantesque crocodile. A cette ère, les crocodiles dévoraient les énormes tortues et pleurodiras dont les carapaces dépassaient souvent un mètre », renchérit Abdel-Maqsoud.

La mission a également découvert dans le même site un nombre considérable d’espèces variées de tortues fluviales de différentes tailles. C’est pourquoi le gouverneur de la Nouvelle Vallée a annoncé la région Qarn Guenah une région réservée aux fouilles et aux études des tortues fossilisées. Ajoutant aussi la découverte de fossiles de quelques vertèbres de dinosaures herbivores et de crocodiles. D’après les paléontologues, la découverte de fossiles de vertèbres d’un seul dinosaure indique qu’il y en avait une centaine, soulignant que la Nouvelle Vallée est un terrain encore vierge, riche en espèces fossilisées, notamment les reptiles. La Nouvelle Vallée était le théâtre d’événements géologiques importants, comme la fin de l’ère de domination des reptiles gigantesques, notamment les dinosaures. « La découverte de Khargachelys Caironensis est le début d’une série de fouilles, de recherches et d’études°», conclut Abdel-Maqsoud.

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