C’est un tunnel de près de 9 m de long et plus de 2 m de large avec un plafond à chevron de 2 m de haut qui a été mis au jour par l’équipe du projet ScanPyramids dans le côté nord de la pyramide de Chéops. Une découverte aussi énigmatique que la grande pyramide elle-même, la seule construction qui subsiste des 7 merveilles du monde. La mise au jour de ce passage a suscité la curiosité des amateurs comme des professionnels qui rêvent de pouvoir résoudre les secrets de cette construction énigmatique. « Cette découverte est très importante car elle révèle que cette pyramide cache encore beaucoup et que la technologie moderne peut nous guider à d’excellents résultats », a déclaré Zahi Hawas, le célèbre égyptologue et membre de la mission scientifique du projet ScanPyramids.
En fait, le tunnel découvert dans le côté nord de la pyramide se termine par un mur en pierre. Il surmonte le couloir principal incliné qui commence par la porte à chevron et qui conduit aux chambres souterraines de la pyramide. « Ce genre de construction à chevron a pour but de réduire le poids et de répartir les charges à l’intérieur de la pyramide, notamment celles des cinq chambres surmontant la chambre funéraire du roi dont la dernière a un plafond de forme triangulaire », explique Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités. Il estime que ce tunnel ne cache rien et ne guidera à rien, et que son existence est uniquement destinée à réduire les poids à l’intérieur de la pyramide. Idée rejetée par Hawas. « Il est fort probable que ce tunnel protège quelque chose d’une grande importance, il soutient peut-être la véritable chambre funéraire du roi Chéops ou la chambre où est caché son trésor funéraire. Les recherches vont bientôt tout révéler », a expliqué Hawas lors d’une conférence de presse. En effet, Hawas et l’équipe de ScanPyramids attendent avec impatience la poursuite des travaux afin de dévoiler plus de secrets et découvrir les trésors de ce roi de l’Ancien Empire. « Il est nécessaire d’étudier ce corridor et de poursuivre les recherches afin de savoir où il mène », reprend Hawas. Et d’ajouter qu’au cours des dernières années, la science a pu dévoiler les méthodes architecturales utilisées pour sécuriser les tombes royales à l’Ancien et au Moyen Empires.
Vue de la façade nord de la pyramide où apparaît l’entrée actuelle du public (Al-Maämoun) et l’entrée d’origine à chevron.
Techniques sophistiquées
En effet, les experts du projet ScanPyramids ont eu recours à des techniques de pointe pour explorer la pyramide, dont deux utilisant la thermographie infrarouge, qui permet d’établir une carte thermique de la pyramide et de révéler les espaces vides sous la partie visible du monument. La radiographie par muons, développée au Japon par les équipes du KEK (High Energy Accelerator Research Organization) et l’Université de Nagoya, a également été utilisée avec l’objectif de visualiser avec précision les structures inconnues au sein des pyramides. « De nombreuses théories ont été proposées par des ingénieurs et des physiciens sur la construction de la pyramide, mais les archéologues doivent étudier et analyser en détail chaque centimètre du monument pour dire leur dernier mot », insiste Hani Hilal, professeur à la faculté d’ingénierie de l’Université du Caire et ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui dirige l’équipe du projet et joue le rôle de coordinateur entre les différentes institutions. « Notre objectif est d’utiliser la plus haute technologie pour obtenir des résultats concrets et il appartient ensuite aux égyptologues de les interpréter », souligne-t-il.
En effet, l’histoire des travaux à l’intérieur de la pyramide de Chéops remonte à 2015 par le lancement de cet ambitieux projet de ScanPyramids et en 2017, les scientifiques avaient annoncé en grande pompe la découverte de deux cavités à l’intérieur de la grande pyramide, dont une immense ayant la taille d’un avion. Cette annonce a suscité la curiosité des scientifiques qui ont par la suite intensifié leurs recherches qui les ont menés à la découverte énigmatique de cette semaine. « En découvrant ce tunnel sur le côté nord, on a cru qu’il allait nous conduire à l’immense cavité découverte en 2017, mais on s’est retrouvé face à un mur en pierre au fond du tunnel. Il s’agit peut-être d’une construction inachevée », renchérit Hilal.
Suite à la découverte de ce passage, le ministre du Tourisme et des Antiquités, Ahmed Issa, saluant les efforts déployés par les experts depuis 8 ans, a donné ordre de poursuivre les travaux de la mission scientifique de ScanPyramids, formée d’experts internationaux utilisant les technologies modernes non destructives.
Le nouveau tunnel découvert par ScanPyramids.
8 ans de travaux
ScanPyramids est une mission scientifique lancée le 25 octobre 2015, sous l’égide du ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités. Elle a été initiée et coordonnée par la faculté d’ingénierie de l’Université du Caire et l’institut français Heritage, Innovation, Preservation (HIP). D’autres institutions mondiales, dont les universités françaises, allemandes, canadiennes et japonaises, en plus d’un groupe d’experts égyptiens collaborent avec la mission. Celle-ci utilise des techniques modernes pour explorer la pyramide comme la radiographie par muons, la thermographie infrarouge, la photogrammétrie, le scanner et la reconstruction 3D.
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