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Rendez-vous avec la nature

Doaa Elhami , Dimanche, 05 mars 2023

Le tourisme rural attire de plus en plus de visiteurs. Escapade dans le village de Choubra Baloula, au gouvernorat de Gharbiya dans le delta du Nil, mondialement connu pour sa production de jasmin.

Rendez-vous avec la nature

Il faut arriver au village à l’aube pour pouvoir profiter de la journée depuis le lever du soleil. Situé dans le gouvernorat de Gharbiya, dans le Delta égyptien, à une centaine de kilomètres au nord du Caire, Choubra Baloula est réputé pour la culture du jasmin depuis les années 1960. A l’approche du village, on s’éloigne petit à petit de la voie goudronnée, du bruit des véhicules et on commence à percevoir les champs verdoyants s’étalant sur les deux côtés du trajet. Arrivés à une station de repos, à 30 minutes de destination, les visiteurs s’apprêtent à une journée de relaxation. « Nous serons en contact avec la nature pendant toute une journée », annonce le jeune Mohamad Seif, organisateur de la promenade. Dans la station, les boissons fraîches et chaudes et les bouteilles d’eau sont disponibles à l’achat. Nous reprenons la route en direction du village, le guide explique que Choubra Baloula est connu par sa production de jasmin. « Ce village est l’un des nombreux villages de la campagne égyptienne qui se distinguent par une production particulière°», souligne Adel Al-Guindi, directeur général du département stratégique au ministère du Tourisme et des Antiquités et expert en développement du tourisme rural, donnant l’exemple des villages de Zawyet Abou-Chaara et Fowa, qui produisent des tapis artisanaux « klim », Al-Qaramos qui cultive et fabrique le papyrus, alors que Tell Basta, à Charqiya, et les plaines, à la Nouvelle Vallée, sont connus par la plantation de palmiers et la production de dattes. « Quant à Choubra Baloula, il cultive et produit le jasmin », indique-t-il.

Du jasmin à perte de vue

L’odeur suave exceptionnelle du jasmin qui envahit l’air annonce l’approche du village. « Nous allons continuer notre chemin à pied. Vaut mieux laisser vos portables dans le bus. Profitons de ces quelques heures et essayons de mener une vie simple dans la campagne loin de toute technologie », conseille l’organisateur. Tenue confortable, en jean, blouse ou t-shirt, les visiteurs se dirigent vers le village à pas lents et prudents sur la terre boueuse qui entrave la marche. Néanmoins, tout le monde se précipite et pénètre entre les rangées de jasmin planté, sur des champs à perte de vue. Le jasmin est couvert de gouttelettes de rosée brillant par les reflets de la lueur du soleil levant.

« Une vue panoramique éblouissante », s’émerveille la vétérinaire Marwa Salem, mère de trois enfants. Le soleil prend sa place au milieu d’un ciel nuageux, en serrant avec ses rayons dorés tendres la verdure des champs de jasmin. « Je suis en quête de cette excursion depuis deux ans. Je me suis échappée de l’agitation de la vie moderne de la capitale », souligne-t-elle. Les membres du groupe passent leur temps à cueillir les petites fleurs blanches pour les mettre dans de petits paniers en osier ornés de dentelle. Pour sa part, Dalia Hossam, experte en développement humain et speakerine à la télé, décore son bonnet et sa blouse avec le jasmin qu’elle récolte. Elle profite de l’occasion pour prendre de belles photos au milieu des arbres fleuris. Le groupe fait le tour des champs pour collecter du jasmin au cours d’une heure pleine de rires et d’amusements.

Ce temps est suffisant pour l’équipe d’accueil présidée par le guide Mohamad Hussein, afin de préparer un petit-déjeuner rural pour le servir à ses hôtes. Il se compose de pâte, fromage, miel et de la crème. « J’aime bien prendre des repas cuits par les paysannes du village », souligne l’hôtesse de l’air Mariam Moustapha en s’installant sur des paillassons tendus par terre au milieu des champs. Elle note que le goût de ce repas est complètement différent de ce qui est servi dans les restaurants et les hôtels. « L’expérience se complète avec de la gastronomie locale, préparée et cuite par les paysannes du village. C’est ce que recherche le touriste », commente Al-Guindi. « Cette ambiance rurale me plaît beaucoup. J’en ai besoin. Je passe plusieurs heures dans des avions, je dois alors me détendre avec cette magnifique expérience en pleine nature°», renchérit Mariam Moustapha.


Le jasmin sert à orner les jeunes filles et les dames. (Photo : Doaa Elhami)

Cette journée rurale réserve plusieurs surprises aux visiteurs. En effet, l’équipe d’accueil offre à chacun un fil et une aiguille. « Vous êtes invités à enfiler le jasmin collecté pour fabriquer des colliers, des bracelets ou des couronnes fleuries », leur signale le guide. Mohamad Seif fait le tour des membres de son groupe pour leur apprendre la plus simple méthode d’enfilement en gardant la beauté de la fleur fragile alors que le petit Ahmad, lunettes aux yeux, s’applique pour bien enfiler ses fleurs.

L’expérience se termine avec le feu de bois allumé par l’équipe d’accueil à la lisière du champ. « Nous avons mangé du maïs très délicieux », reprend Mariam, pour qui l’atmosphère rurale est agréable et le maïs fraîchement récolté de la campagne a un goût plus délicieux que celui du Caire. Mariam, qui accompagne sa mère dans cette excursion, aimerait la répéter prochainement avec ses amis, ajoutant que ce village est beaucoup estimé à l’échelle mondiale. « Choubra Baloula produit 70% du jasmin du monde entier », renchérit Mohamad Hussein, guide rural, assurant que cette fleur a plusieurs utilisations outre le parfum et le secteur cosmétique. « On l’utilise aussi dans le domaine médical, puisque cette fleur entre dans la fabrication des médicaments de l’anesthésie », explique-t-il. Avis partagé par Adel Al-Guindi, ajoutant que le jasmin entre également dans la production alimentaire et les décorations. « Nous pensons à fonder à Choubra Baloula une industrie basée sur le jasmin qui distingue ce village. On essaye de former la communauté locale à l’utilisation du jasmin et à sa transformation en une production touristique bien développée et de créer également un logo pour distinguer le village », conclut-il.

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