Hawas examine une collection de statues découvertes sur le site.
A quelques mètres à l’ouest de la pyramide à degrés de Djoser et celle de Sekhemkhet de la IIIe dynastie, des découvertes récentes sur le site de Saqqara ont été annoncées par le célèbre égyptologue Zahi Hawas, qui opère dans cette vaste région de Gisr Al-Modir. Il s’agit d’une momie complète couverte d’or, de 3 sarcophages en pierre, de 4 tombes en bon état de conservation portant toujours leurs inscriptions colorées, d’une dizaine de puits funéraires dont la plupart sont en forme de « L », de statues variées, d’ouchebtis, de poterie et d’autres pièces. « Pour la première fois de l’histoire, une mission révèle une momie non royale complète qui soit couverte de plaques minces en or. C’est la momie de Hekashepes, d’après les inscriptions sur son lourd sarcophage en calcaire scellé depuis plus de 4 300 ans », souligne Hawas, expliquant que lors du nettoyage d’un puits funéraire de 15 mètres de profondeur, les ouvriers ont révélé une fausse porte ; en l’ouvrant, un grand nombre de poteries et de pots en albâtre, qui entouraient le sarcophage remontant à l’Ancien Empire, ont été découverts.
Le site de Gisr Al-Modir, également connu sous le nom de la grande enceinte, est l’une des plus anciennes structures en pierre située à Saqqara qui n’a été fouillée que dans les années 1947-48 par Abdel-Salam Hussein, alors directeur du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). Et depuis, aucune vraie fouille n’a été effectuée à part quelques recherches. « Gisr Al-Modir est une vaste nécropole où la mission a découvert jusqu’à aujourd’hui 4 tombes et une quarantaine de puits funéraires, en plus de 12 statues en calcaire et un groupe de statues en bois », affirme Ali Abou-Dechech, membre de la mission de Hawas.
La momie de Hekashepes lors de sa découverte.
Selon Ammar, un des ouvriers opérant au sein de la mission, de nombreux puits funéraires ont été pillés à l’antiquité et ont été trouvés vides. Alors que d’autres jouissaient de magnifiques pièces antiques, dont les plus belles sont des statues en bois en cours de restauration, et les 9 statues en calcaire représentant le prêtre du complexe pyramidal du roi Pépi Ier, Messy, et remontant à la fin de la Ve dynastie ou au début de la VIe dynastie pharaonique, ainsi que 3 autres du scribe et juge appelé Fetik, que Hawas considère comme les plus belles statues jamais trouvées à Saqqara. « La statue colorée représentant Messy avec sa femme qui tenait son pied gauche, symbole de tendresse, et sa fille portant une oie est une pièce magnifique. De même, la table d’offrandes trouvée au sein de la tombe de Fetik est exceptionnelle », assure Hawas, ajoutant que bien que ses collègues au CSA soient intéressés par les trouvailles des tombes, lui est plutôt fasciné par l’art ancien. Les fausses portes colorées trouvées au sein des tombes à Gisr Al-Modir sont finement gravées et colorées. D’après le chef de la mission, l’art ancien se révèle concret sur ce site, donnant l’exemple des inscriptions colorées dans la tombe de Merry, qui détient de nombreux titres importants, tels que le gardien des secrets, prêtre du dieu Sokar de Saqqara et assistant du grand commandant du palais royal, ainsi que de la tombe de Khanumdjedev, inspecteur des fonctionnaires, surintendant de la noblesse et prêtre du complexe pyramidal d’Ounas. Ces tombes étaient finement décorées par des scènes de la vie quotidienne.
De nombreuses fausses portes très bien décorées ont été trouvées à Gisr Al-Modir.
« C’est un moment inoubliable qui reste gravé dans ma mémoire quand j’enfonce ma tête entre le couvercle et le sarcophage et je vois la momie. Deux des trois sarcophages récemment découverts ont été ouverts ; il reste un qu’on compte ouvrir dans quelques jours », estime Hawas, disant que l’excavation sur ce site n’a débuté qu’en 2017 grâce au financement du Fonds Français pour l’Archéologie et la Recherche (FFAR). « Nos travaux de fouille continuent un peu plus loin, toujours à Gisr Al-Modir, avec mon rêve de pouvoir dévoiler la pyramide du roi Houni, dernier souverain de la IIIe dynastie sous l’Ancien Empire », conclut Zahi Hawas.
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