Créé en 1891, le Zoo de Guiza, le plus ancien du Moyen-Orient, fait la une depuis l’approbation, par le premier ministre Moustapha Madbouli, de la mise en oeuvre d’un grand projet de développement du Zoo et des jardins d’Al-Orman. Une initiative qui entre dans le cadre du plan d’exploitation des ressources de l’Etat, en vertu des directives du président. En effet, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a donné des directives de réaliser le développement du Zoo de Guiza, à l’instar des autres parcs zoologiques mondiaux. Selon le porte-parole de la présidence, Bassam Rady, le chef d’Etat a demandé de développer le zoo et d’optimiser sa valeur archéologique et historique, étant l’un des plus anciens zoos du monde, dans le cadre d’une nouvelle représentation du zoo, basée sur des normes écologiques mondiales et pour devenir un véritable poumon vert à ses visiteurs de par la République. Selon Rady, le président a pris acte des mesures d’amélioration de l’efficacité du jardin, de la préservation des bâtiments antiques et historiques, et des propositions avancées en vue d’augmenter les espaces verts, les zones commerciales en sus de la construction des parcs d’attraction.
Plus ancien parc zoologique d’Afrique, le Zoo de Guiza s’étend sur une superficie de 344000 m2, soit 34,4 hectares. Après des années de gloire, il a progressivement perdu de sa splendeur avec une lente, mais continue détérioration, en raison du manque de financement et du coût élevé de fonctionnement. Jusqu’à perdre, en 2004, son accréditation auprès de l’Association mondiale des zoos et aquariums (WAZA).
Quatre secteurs
Plusieurs tentatives ont été entreprises pour lancer un plan de développement et lui redonner sa gloire d’antan. Pour ce qui est du dernier projet, il consiste à maintenir tous les édifices historiques tout en augmentant les espaces verts. « Les anciennes cages du Zoo de Guiza seront remplacées par des zones vertes en plein air, des allées confortables pour les visiteurs seront tracées et le parc va être divisé en quatre secteurs principaux : un pour l’Egypte, un pour l’Afrique, un pour l’Asie et un secteur pour les espèces maritimes », explique Maged Al-Serty, PDG de la Compagnie nationale de la production militaire pour les projets et les consultations techniques, ayant droit d’usufruit de 25 ans pour gérer les projets de développement non seulement du jardin zoologique, mais aussi de celui d’Al-Orman, à proximité du zoo. Al-Serty a déclaré aux médias que les travaux commenceront dans deux ou trois semaines au maximum et que le jardin zoologique fermera ses portes aux visiteurs pendant la période des travaux. Mais il assure: « On essayera de raccourcir cette période de 18 mois à un an seulement ». « Nous avons demandé l’aide d’experts étrangers pour développer le zoo, ainsi que le parc d’Al-Orman », a affirmé Al-Serty, expliquant que pour transformer le jardin zoologique comme celui de Londres, sans cages, et aussi développer Al-Orman, la société qui se charge de l’infrastructure des jardins s’est mise en contact avec le célèbre zoologiste Bernard Harrison, qui a développé le Zoo de Londres et celui de Singapour, de même avec la compagnie World Group, responsable de la structuration et la formation des employés pour avoir une vision complète du plan de développement. Al-Serty n’a cependant pas précisé le coût d’un tel projet. A cet égard, le ministre de l’Agriculture, Al-Sayed Al-Qosseir, a souligné l’importance d’encourager la participation du secteur privé à la mise en oeuvre des travaux de gestion d’autant plus que le développement comprendra des régions commerciales et de divertissement au sein des deux jardins.
Or, l’idée d’en faire un zoo sans cages suscite certaines inquiétudes. Des voix se sont élevées contre cette idée, arguant que l’espace du jardin est trop petit pour être transformé en parc ouvert. D’autres regrettent la disparition des anciennes cages portant le slogan royal. Plus globalement, le projet ne fait pas l’unanimité.
Am Mohamad, un travailleur du Zoo de Guiza, se dit au contraire ravi. « Depuis des années, le zoo est dans un état déplorable à cause du manque de ressources. Ceci a provoqué la détérioration de ses bâtiments qui remontent au XIXe siècle et des cages des animaux portant le slogan royal, la dégradation des arbres botaniques, l’inadaptation, voire la mort de certaines espèces animales. Cette décision de développement global verra finalement le jour et sauvera le jardin », explique-t-il. Mais il reconnaît que certains de ses collègues ne sont pas du même avis. Les visiteurs aussi sont divisés. « Malheureusement, développement rime souvent avec déchéance de l’histoire », se lamente un visiteur qui se promène avec ses enfants dans ce jardin emblématique. Selon lui, ce zoo, c’est toute une histoire, un goût particulier, des souvenirs ancrés dans nos mémoires. « Le billet ne coûte que 5 L.E. J’imagine qu’après ce projet, il ne sera plus à la portée de tout le monde. Une famille comme la nôtre, composée de 5 membres, ne pourra pas payer des tickets plus chers », craint-il. Al-Serty a pourtant assuré que les prix, après leur augmentation, resteraient toutefois accessibles. Ce dernier se veut rassurant: le Zoo de Guiza gardera son jardin botanique constitué d’espèces de plantes et d’arbres rares et recevra de nouveaux animaux qu’il n’a jamais accueillis, dit-il.
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