Si les 22 momies royales sont l’icône du Musée de la civilisation égyptienne, et le trésor du roi Toutankhamon sera la grande attraction du Grand Musée égyptien, la collection de la ville de Tanis (nord-est) est désormais le joyau du Musée de Tahrir. « C’est une collection exceptionnelle, elle est aussi riche que celle appartenant au roi-enfant Toutankhamon », souligne Sabah Abdel-Razeq, directrice du Musée de Tahrir, assurant que cette collection comprend beaucoup de pièces en argent qui était à l’époque un métal plus rare que l’or. Il y a également des pièces en or, ainsi que d’autres faites de pierres précieuses et semi-précieuses. Ces trésors appartiennent à plusieurs rois et hauts fonctionnaires remontant aux XXIe et XXIIe dynasties (1070-850 av. J.-C.).
Cette collection occupait la salle 2 du 1er étage du musée. « Suite aux travaux de réaménagement, on a déplacé les pièces de la collection de Tanis dans les salles 3 et 4, toujours au premier étage, ainsi que dans le corridor qui mène aux deux salles », explique Abir Abdel-Aziz, directrice de la collection de Tanis. Il s’agit de 1500 pièces exposées sur un total de 2600. « Les pièces restantes pourraient être présentées dans des expositions temporaires. D’autres pièces dégagées toujours de Tanis remontant à différentes époques sont exposées hors de ces deux salles, comme la tête de la reine Tyie de la XVIIIe dynastie et la statue du roi Amenemhat de la XIe dynastie », reprend Abir Abdel-Aziz.
Le vautour, amulette protective. (Photo : Doaa Elhami)
Le sarcophage du roi Psousennès Ier de la XXIe dynastie (1043-1039 av. J.-C.), placé à l’entrée de la salle 3, introduit ces trésors. « Nous avons consacré cette salle aux trésors du roi Psousennès Ier dont la tombe se trouve à Tanis à San Al-Hagar, dans l’actuel gouvernorat de Charqiya », explique la directrice de la section. Dans cette salle, le visiteur admirera un sarcophage en argent qui conservait la momie du roi, ainsi que la couverture en or qui le protégeait. « Ces deux pièces ont été trouvées superposées dans le sarcophage de pierre qui devance la salle 3 », souligne Abir Abdel-Aziz, expliquant que les fonctionnaires de l’époque utilisaient ces deux métaux précieux pour protéger la momie du roi. Le visiteur rencontre également dans la salle 3 le masque en or du roi Psousennès Ier, 4 vases canopes avec des couvercles en forme de têtes variées dorées et colorées. Les pectoraux en or et en verre coloré rouge, bleu et noir, les colliers de graines de lapis-lazuli et les bagues en or incrustées de lapis-lazuli et d’agate du roi occupent une place de choix dans cette salle. Parmi les pièces distinguées de cette collection, on trouve des armes composées d’épées de diverses dimensions, ainsi que des jarres et récipients en or et en argent. « Nous n’avons ni armes, ni jarres argentées ou récipients dans la collection de Toutankhamon », souligne Sabah Abdel-Razeq.
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Le masque en or du roi Aménémopé. (Photo : Doaa Elhami)
Des pièces variées
Le reste de la collection de Tanis est étalé dans la salle 4. Là, le visiteur pourra admirer les trésors funéraires des rois et hauts fonctionnaires des XXIe et XXIIe dynasties. Les chefs-d’oeuvre de cette salle proviennent de la tombe du roi Chechonq II (890-889 av. J.-C.), dont quelques pièces sont présentées dans l’exposition « L’or des pharaons » qui fait le tour de plusieurs villes en Europe et aux Etats-Unis. Le visiteur pourra y admirer un cercueil fabriqué de couches fines d’argent et dont la tête a la forme du faucon, ainsi que « le masque en bois enveloppé d’une couche d’or du roi Amon-Em-Opet (Aménémopé) (991-984 av. J.-C.) et celui du commandant Wenjipa-In-Jed », reprend Abir Abdel-Aziz. Les amulettes occupent également une place importante dans cette salle. « Ces amulettes protectives fabriquées de diverses matières incarnent les divinités Osiris encadré d’un naos, Sekhmet ou encore Bastet », reprend Abir Abdel-Aziz. Et ce, sans oublier les statuettes d’oucheptis en faïence.
Le déplacement de la collection de Tanis dans ces deux nouvelles salles fait suite aux travaux de restauration effectués dans le cadre du projet de développement du Musée de Tahrir. Les restaurateurs du musée, en coopération avec ceux du Musée du Louvre, ont restauré toutes les pièces de la collection de Tanis. Une entreprise française s’est chargée d’installer les pièces dans les vitrines. « Nous avons installé des panneaux explicatifs avec des photos provenant des archives de la mission française qui opère sur le site. Ces photos montrent les pièces au moment de leur découverte en 1939 par l’égyptologue Pierre Montet ». D’ailleurs, les égyptologues du Musée du Louvre, qui coopèrent avec ceux du Musée égyptien dans le développement des salles de Tanis, ont réalisé une maquette du cimetière de Tanis composé de trois tombes, dont la principale est celle du roi Psousennès Ier.
Les pectoraux occupent une place importante dans la collection de Tanis. (Photo : Doaa Elhami)
Ce projet de développement a été lancé en 2019 avec un don de l’Union européenne de 1,3 million d’euros. « Nous réalisons ce projet en coopération avec les directeurs de 5 musées européens: le Louvre, le British Museum, Leiden, Turin et Berlin. Le ministère du Tourisme et des Antiquités a, de son côté, financé et installé le système d’éclairage de tout le musée. Nous avons également restauré les vitrines dont certaines datent du Musée de Boulaq en 1858 », conclut Sabah Abdel-Razeq.
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