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Le Bubasteion livre richesses

Nasma Réda , Mercredi, 08 juin 2022

La mission égyptienne opérant au Bubasteion a annoncé la découverte de 250 sarcophages de l’époque tardive en bon état de conservation. Des amulettes et un rouleau de papyrus de 9 mètres de long ont aussi été trouvés.

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La mission de fouilles égyptienne dirigée par Moustapha Waziri et opérant sur le site du Bubasteion, dans la nécropole de Saqqara, a annoncé la semaine dernière une importante découverte archéologique. Il s’agit de 250 sarcophages anthropoïdes multicolores scellés et intacts remontant à l’époque tardive, 150 statuettes en bronze, ainsi que de nombreuses autres pièces dont des outils cosmétiques et esthétiques. Ce qui donne une particularité à cette nouvelle trouvaille, c’est la découverte d’une cachette inédite renfermant 150 statuettes en bronze de différentes formes et tailles appartenant à de célèbres divinités de la mythologie égyptienne, dont Bastet, la déesse chatte vénérée en Egypte. «  Après avoir dégagé un tas de débris, on a trouvé 3 puits funéraires dans lesquels il y avait 250 sarcophages en bois en très bon état de conservation avec leurs momies à l’intérieur », explique l’archéologue Mohamad Al-Séidi, membre de la mission. En nettoyant et en déplaçant une grande partie des sarcophages, la mission a trouvé une cachette renfermant des pièces en bronze. « En plus des statuettes en bronze appartenant à différentes divinités, nous avons trouvé aussi un récipient de khôl renfermant des restes d’une poudre cosmétique, ainsi que des tasses en bronze et un sistre dont la manche contient une sculpture de la déesse Isis », souligne Mohamad Youssef, directeur des travaux archéologiques à Saqqara. Selon lui, ces pièces en bronze montrent l’habileté et la compétence des sculpteurs égyptiens.


Les pleureuses.

D’autres pièces soulignent ce talent des sculpteurs égyptiens comme la statue en bronze de la déesse Bastet vêtue d’une robe longue et portant au bras gauche un petit panier, sorte de sac à main. « Vu la beauté de ces pièces en bronze, le Musée égyptien du Caire, qui expose les oeuvres artistiques de l’Egypte Ancienne, s’est mis d’accord avec le comité de scénographie des musées pour acquérir cette collection de 150 pièces en bronze afin de l’exposer »,  affirme  Waziri,  chef de la mission et secrétaire général du Conseil Suprême des antiquités (CSA). Et d’ajouter que la nouvelle stratégie du ministère du Tourisme et des Antiquités veut que toute pièce découverte ait sa place dans les musées égyptiens. « Les pièces esthétiques comme les peignes, les bracelets, les boîtes colorées, les colliers et les perles multicolores seront transférées au Musée national de la civilisation égyptienne à Fostat (NMEC) », explique Waziri.

D’autres trouvailles

En fait, les statuettes en bronze ne sont pas les seules trouvailles importantes. « Les archéologues ont réussi à ouvrir sur place l’un des sarcophages après l’avoir nettoyé. La plus grande surprise est qu’ils ont découvert à côté de la momie, non seulement des amulettes, mais aussi un rouleau de papyrus scellé en très bon état de conservation », raconte Al-Séidi. Et d’expliquer que, vu la fragilité de ce rouleau, il a été soigneusement transféré aux laboratoires du Musée égyptien pour être désinfecté, hydraté et traité avant de l’ouvrir et de déchiffrer son contenu. « D’après les études primaires, ce rouleau de 9 mètres de long renferme probablement 16 à 17 chapitres du Livre des morts qui était destiné à protéger le défunt », assure Waziri.  Le  papyrus  est  très  fin,  il  est  bien enroulé et scellé, ce qui montre qu’il est intact. Notons que c’est la première fois qu’une mission égyptienne découvre un rouleau de papyrus de cette longueur et de cette qualité. Les archéologues sur terrain ont convenu de l’appeler « Papyrus de Waziri » en référence au nom du chef de la mission égyptienne, à l’exemple des papyrus découverts et traduits par des étrangers comme le papyrus Westcar, le papyrus Prisse et le papyrus mathématique de Rhind.

La mission a aussi mis au jour deux statues en bois coloré au visage doré, en bon état de conservation, appartenant aux deux déesses Isis et Nephtys en position de pleureuses. « Pendant les cérémonies funéraires, les femmes pleureuses, habillées normalement en blanc ou en gris, avaient l’habitude d’accompagner le défunt avec des cris vers sa dernière demeure. Depuis la mort d’Osiris, les déesses Isis et sa soeur Nephtys apparaissent dans les tombeaux sous la forme de femmes pleureuses ayant la main droite sur le visage, cachant leurs larmes », explique le chef des restaurateurs, Hassan Abdallah. Il considère ces deux statues à piédestal gravées d’hiéroglyphes comme « les plus belles récemment découvertes ». Certains fonctionnaires de l’Egypte Ancienne avaient l’habitude de mettre à l’intérieur de leurs sarcophages des statues de pleureuses  afin  de  les  protéger  du  vol  et de leur garantir une nouvelle vie dans l’au-delà.

Si cette saison de fouille a permis de mettre au jour des trouvailles exceptionnelles, les membres de la mission comptent reprendre les fouilles pour une dernière saison en septembre prochain.

Histoire d’un site

La mission archéologique égyptienne opère depuis 2018 sur le site du Bubasteion où elle a fait des découvertes spectaculaires. En 2018, cette mission a mis au jour la tombe du prêtre Wahtye, de la Ve dynastie, avec 65 statues sculptées dans la roche, bien conservées et colorées. Avec la reprise des travaux en 2019 et 2020, elle a découvert, à quelques pas de la tombe de Wahtye, des puits funéraires contenant des sarcophages humains scellés, une cachette de momies d’animaux, notamment des chats, mais aussi des scarabées, un lionceau, une mangouste et un singe du désert. « A chaque saison de fouille, ce site, connu sous le nom de Bubasteion, consacré à la déesse chatte Bastet, nous éblouit. Notre mission est ravie de commencer la cinquième et dernière saison de fouille sur ce site vers la fin de cette année dans un endroit plus lointain que la fosse récemment fouillée, ce qui garantit de nouvelles découvertes spectaculaires », conclut Waziri.

A la recherche de la tombe d’Imhotep

Située à 15 kilomètres au sud des pyramides de Guiza, la nécropole de Saqqara, classée sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, est connue pour sa célèbre pyramide à degrés du pharaon Djoser, construite vers 2700 av. J.-C. par l’architecte Imhotep. Cet architecte révolutionnaire a inventé l’architecture monumentale de pierre et a bâti une pyramide entourée d’un complexe funéraire. Il était un architecte exceptionnel, un vizir et un médecin remarquable.

« Trouver la tombe d’Imhotep est l’un des principaux objectifs de la mission archéologique qui a déjà entrepris quatre saisons de fouille sur le site de Bubasteion », explique Sabri Farag, directeur général de la nécropole de Saqqara. Désir partagé par le chef de la mission et secrétaire général du CSA, Moustapha Waziri. « On espère trouver, lors de notre dernière saison de fouille sur ce site, la tombe d’Imhotep », dit-il, soulignant que la mission compte l’année prochaine fouiller un autre site plus lointain avec l’espoir de trouver la tombe de cet ingénieur remarquable

 

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