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Gaston Wiet, passionné d’art islamique

Doaa Elhami , Mercredi, 25 mai 2022

Récemment paru sur le marché égyptien, le livre Gaston Wiet et les arts de l’islam met en évidence la collaboration franco-égyptienne dans l’art musulman.

Gaston Wiet, passionné d’art islamique
Vue de l’exposition d’art persan de 1951 (Londres, Victoria and Albert Museum).

A travers l’itinéraire personnel et professionnel de l’archéologue français Gaston Wiet, le livre Gaston Wiet et les arts de l’islam retrace l’évolution du Musée d’art islamique situé à la place de Bab Al-Khalq au Caire, autrefois nommé le Musée arabe du Caire. Bilingue, français-arabe, l’ouvrage, paru récemment sur le marché égyptien, est coédité par l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) et le musée du Louvre, en collaboration avec le Musée d’art islamique du Caire. Il a paru 50 ans après la disparition de Gaston Wiet (1887-1971), dernier directeur étranger qui a géré le Musée d’art islamique du Caire pendant 25 ans (1926-1951), témoignant de l’installation de toutes les sections administratives et techniques du musée.

«  Ce jeune homme qui n’a pas encore 21 ans possède nos trois diplômes de langues musulmanes. Bon arabisant, assez bon persianisant, il est absolument novice en archéologie », « C’est par ces quelques lignes que le directeur de l’Ecole des langues orientales introduit le jeune Gaston Wiet », lit-on dans le livre. Gaston Wiet est un savant qui contribue à la politique de la « conservation des monuments de l’art arabe ».  La  vie  épanouie,  florissante  et  surtout  influente  de  Gaston  Wiet  a  invité  à la rédaction de cet ouvrage beaucoup d’archéologues, français comme Yannick Lintz, Carine Juvin, Etienne Blondeau et Judith Henon Raynaud, conservateurs au musée du Louvre, et Mercédès Volet du Centre National de la Recherche Scientifique  (CNRS),  et  égyptiens,  à  l’instar  de l’ex-directeur du Musée d’art islamique Ahmed Al-Shoki, et l’actuel Mamdouh Othman, Mohamed Ahmed Abdel-Salam, professeur des monuments et de la civilisation islamique, et la chercheure Dina Ishak Bakhoum.

Composé de 250 pages, l’ouvrage, au cours de ses 6 chapitres, met en évidence les divers efforts de Gaston Wiet pour la protection des monuments islamiques et leur préservation de la moindre perte. En effet, Wiet publie le catalogue général du Musée arabe du Caire en 17 volumes parus au cours de la période de sa direction. « Chaque volume est consacré à un matériau ou une technique différente, suivant la même logique que la présentation des collections dans les salles d’exposition du musée », lit-on dans le livre. Il a aussi enrichi la collection du musée en augmentant le budget d’achat des oeuvres exposées à la vente de 500 à 1500 L.E. en 1928-1929. Une somme multipliée jusqu’à 3 000 L.E. Et le budget d’acquisition a été ensuite porté à 15000 L.E. tous les 5 ans.

La collection persane

Les 25 ans de direction de Gaston Wiet témoignent ainsi d’une croissance dans la collection du musée, qui est passé de 6 929 à 17000 pièces. Cette collection n’est pas limitée aux pièces égyptiennes. Elle renferme des oeuvres de différents pays, notamment de l’Iran, grâce aux efforts de Wiet qui écrit en 1957: « Il est impossible de se faire une idée rationnelle du développement artistique des autres pays musulmans si l’on n’étudie pas celui de l’Iran ». Ainsi, en 1931, Wiet, à la tête du Musée arabe du Caire, participe à l’exposition de l’art persan organisée à Londres. « Il est chargé par le gouvernement égyptien de réaliser une sélection des pièces présentées à l’exposition à partir des collections du musée, de celles de la Bibliothèque royale et de collections privées », lit-on dans l’ouvrage. Parmi la collection iranienne exposée au Musée arabe du Caire, citons les métaux incrustés des XIIe et XIIIe siècles, quelques pièces safavides, ainsi que les textiles safavides dont la collection provient du prince Kamal Eddine Hussein. « L’oeuvre de Gaston Wiet en faveur du monde iranien est reconnue officiellement en 1939 » par le prince Mohamed Réza Pahlawi lors de sa visite au musée.


Avec le shah d’Iran à Paris lors de l’exposition de 1961 (archives de la famille Wiet).

Illustré, le livre fait une tournée du monde islamique à travers un album photographique, extrait de l’archive de Gaston Wiet. Le lecteur peut ainsi admirer la beauté du minaret de la mosquée Ibn Touloun au Caire, de la Citadelle de Damas ou de la mosquée omeyyade en Syrie, ainsi que la porte de La Mecque et la façade d’une maison à Djeddah.

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