La découverte intervient dans le cadre des travaux annuels d’entretien et de restauration du plus grand complexe funéraire de l’Egypte Ancienne situé sur la rive ouest du Nil à Louqsor, celui d’Amenhotep III. Deux statues représentant des sphinx à l’effigie du roi ont été mises au jour par la mission égypto-allemande dirigée par Hourig Sourouzian.
« L’année 2021 s’est bien terminée; nous avons découvert derrière le troisième pylône deux statues en calcaire de 8m de long représentant des sphinx. Ils bordaient, à notre avis, une grande allée processionnelle qui menait du troisième pylône jusqu’à la cour péristyle », déclare Hourig Sourouzian. La cheffe de la mission explique que des archéologues avaient déduit, dans de précédentes études, l’existence d’une allée mais sans pouvoir affirmer si elle était bordée de sphinx ou non. A l’époque, lors des célébrations annuelles, le cortège royal traversait le Nil de la rive est, à partir du temple de Karnak, jusqu’à la rive ouest, au temple d’Amenhotep III. Il passait ensuite par les trois pylônes pour rejoindre la cour péristyle. « On célébrait également, dans cette même cour, les trois jubilés d’Amenhotep III », souligne Hourig Sourouzian.
Le Sphinx (sud), après la restauration.
« Les fouilles étaient difficiles », reprend cette dernière, « pour parvenir à ces deux pièces, les ouvriers ont dû creuser près de trois mètres dans un limon particulièrement dur ». Les sphinx découverts sont en mauvais état. Pour ne pas davantage les détériorer et éviter qu’ils ne s’effritent, il a fallu les mouler dans du plâtre pour les consolider et les retirer ensuite d’un seul bloc. « Puis nous devions minutieusement débarrasser ce calcaire fragile de la boue et des fragments de végétaux qui comblaient toutes ses fissures », ajoute la cheffe de la mission.
A l’ouverture des fouilles, la mission archéologique a passé au radar toute la cour. Des investigations géomagnétiques et géoélectriques ont été effectuées mais sans résultat, le calcaire n’étant présent qu’en très faible quantité. Cependant, les fouilles se sont poursuivies sous la direction d’une trentaine de spécialistes égyptiens et étrangers en charge d’une équipe de 300 membres spécialisés en fouille, restauration et transport de pierres.
D’autres trésors …
La déesse Sekhmet, présente toujours au temple d’Amenhotep.
Dans la salle hypostyle, de très beaux bas-reliefs en calcaire ont été découverts. Probablement tombés des parois du temple d’Amenhotep III lors du tremblement de terre survenu en 1200 av. J.-C. Entre la cour péristyle et la salle hypostyle du temple, ont été également été mis au jour deux grands bustes en albâtre représentant le roi Amenhotep III, deux bas-pieds d’envergure et trois bustes de la déesse Sekhmet en quartzite.
Il est à noter que des centaines de statues à l’effigie de la déesse Sekhmet ont été trouvées ces vingt dernières années dans la cour péristyle, autour des colosses de Memnon et dans la salle hypostyle. « Nous avons restauré puis exposé sur place une grande partie des statues de Sekhmet. Peut-être qu’elles prenaient place à l’arrière des sphinx, qui sait ? », s’interroge Hourig Sourouzian. Elle souligne par ailleurs que cette cour est très grande, beaucoup de fouilles sont encore à réaliser, ce sera le travail des prochaines générations.
Et d’annoncer qu’au nord de la salle hypostyle, de nouveaux socles de colonnes ont été trouvés. « Nous connaissions l’existence de cinq colonnes, mais nous avons été surpris par la découverte de toute une rangée de bases. Et l’une des colonnes est renversée, probablement, suite au tremblement de terre qui a eu lieu en 1200 av. J-C. Plusieurs parties ont été découpées, certainement pour être réexploiter ! », explique-t-elle.
« Les travaux ont repris dès le 15 janvier », assure la directrice de mission. « Nous n’en sommes qu’au début, peut-être que l’avenir nous réservera de belles surprises, d’autres sphinx … », conclut-elle avec enthousiasme :
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