L’habileté et la finesse distinguent les artisans égyptiens.
« J’ai fait le tour de plusieurs pays du monde, et je n’ai, nulle part, rencontré cette quantité de métiers traditionnels dans un seul pays », annonce Ahmad Helmi, directeur de l’ONG Mazallah et l’un des coordinateurs du projet « Inventaire de l’artisanat — Le Caire historique ». Lancé en octobre 2021, ce projet financé par l’Unesco et le Fonds pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été lancé par le gouvernorat du Caire en collaboration avec la société égyptienne pour les folklores populaires représentée par son PDG, Ahmad Morsi, professeur de littérature populaire et de folklore. « Ce projet s’intéresse aux métiers artisanaux du Caire historique. Cette région, inscrite sur les registres de l’Unesco, compte des mosquées, des minarets et des églises. Mais on ne peut pas sauvegarder ces bâtiments et les transmettre aux futures générations sans préserver les métiers traditionnels qui se trouvent dans cette région et sans présenter de l’aide aux artisans », explique Akatsuki Takahashi, experte au bureau régional de l’Unesco. Avis partagé par Ahmad Morsi qui souligne l’importance d’associer les patrimoines culturels, matériel et immatériel. « On ne peut dissocier un monument ni de son atmosphère, ni du patrimoine immatériel qui l’entoure », souligne Morsi.
Transmettre les secrets du métier aux nouvelles générations est indispensable pour sauvegarder le patrimoine immatériel.
Le projet a choisi de sauvegarder une vingtaine de métiers de la région du Caire historique. Parmi ces métiers, il y a les travaux de l’arabesque, la khayamiya, la fabrication des tapis, la bijouterie, le travail du verre, du cuivre et autres. Ces métiers sont transmis d’une génération à l’autre. Ciseleur d’arabesque, Talaat Ibrahim a appris son métier à ses 3 enfants. « Mon métier est un art. C’est un travail qui est fortement demandé pour la restauration des monuments et des bâtiments historiques, surtout ceux de l’époque islamique », dit-il fièrement. Pour sauvegarder ces métiers, il faut travailler directement avec les artisans. « On a choisi 20 artisans dans différents domaines pour leur apprendre la signification du patrimoine intangible et leur expliquer la convention 2003 de l’Unesco et ses clauses », explique Héba Saïd, membre du comité de coordination du projet et responsable du travail sur le terrain. Les membres du comité vont analyser les informations, vidéos et photos collectées pendant une année afin d’étudier les métiers traditionnels. Un site web en arabe et en anglais sera créé et comprendra les résultats du projet. De plus, une exposition sera organisée pour présenter les 20 métiers traditionnels afin de les mettre en valeur. « A travers ce projet, nous documentons le déroulement du travail dans chaque métier traditionnel. Nous inscrivons les étapes avec des photos et des vidéos. C’est en fait la première étape pour protéger nos métiers traditionnels », conclut Riham Arram, experte en patrimoine immatériel.
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