La deuxième phase des travaux de restauration et de nettoyage des statues et des monuments de 80 places publiques dans plusieurs gouvernorats a commencé, notamment au Caire, à Sohag, à Béni-Soueif, à Assiout et à Alexandrie. « Nous avons commencé la restauration de ces monuments début octobre. Cette phase va durer environ un mois avec un but essentiel : rendre à ces monuments leur beauté d’antan », souligne Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). En fait, les travaux de nettoyage ne se limitent pas aux statues archéologiques, mais concernent aussi les pièces d’art modernes. « On restaure toutes les pièces décorant les places publiques et les parcs dans 22 gouvernorats de la République, qu’elles soient archéologiques ou non », indique Moustapha Abdel-Fattah, chef du département central de la restauration des monuments au CSA. Et d’expliquer qu’il a suggéré au ministère du Tourisme et des Antiquités de refaire le travail tous les six mois pour garantir le bon entretien des pièces. Ainsi, son équipe a non seulement restauré et nettoyé les oeuvres d’art sur les places publiques, mais a en plus entretenu et restauré ce qui avait été fait en mars dernier au cours de la première phase du projet. A noter que certains monuments comme l’obélisque et les quatre béliers de la place Tahrir de même que les lions décorant le pont Qasr Al-Nil ont été restaurés en mars dernier.
« Ibrahim pacha, Mohamad Ali, Saad Zaghloul et d’autres représentent la mémoire de l’Egypte qui devrait être préservée », renchérit Abdel-Fattah qui souligne l’importance de mettre en relief les panneaux descriptifs décorant chaque pièce. « Les passants doivent savoir à qui appartiennent ces statues, et les générations futures doivent apprendre leur histoire », reprend-il.
Une tâche ardue
Selon lui, le travail n’est pas facile. Son équipe a dû non seulement nettoyer les statues, mais aussi traiter des gravures, des écritures et des posters qui déformaient les pièces. « Si les statues colossales du Caire khédivial se trouvent sur un haut piédestal avec une base en marbre, la plupart de celles qui se trouvent dans les gouvernorats sont à la portée des piétons, ce qui leur cause des dégâts terribles », indique Abdel-Fattah, assurant que la plupart des statues d’autrefois étaient fabriquées en bronze pur et supportent davantage que les oeuvres d’art modernes faites avec des matériaux légers comme le gypse. L’une des tâches les plus difficiles que l’équipe de travail a affrontée était au Jardin international du Caire. « La statue en bronze du leader Saad Zaghloul était peinte d’une couleur dorée, et les colonnes antiques en granit rose qui remontent à des âges lointains étaient peintes en vert. Il a fallu unifier les couleurs », se lamente Abdel-Fattah, indiquant qu’il a fallu beaucoup de temps pour embellir le jardin.
Afin de suivre les travaux de près et entretenir les dernières restaurations, il a été décidé de créer une administration spéciale au ministère pour préserver les monuments et les oeuvres d’art décorant les places. « Cette administration aura pour tâche principale de suivre de près l’état des pièces et les restaurer de façon périodique », conclut Abdel-Fattah.
La statue colossale de Mohamad Ali pacha à Alexandrie
C’est en 1865 que le khédive Ismaïl pensa à sculpter un colosse pour commémorer son grand-père, le wali d’Egypte Mohamad Ali pacha (1805-1848), fondateur de l’Egypte moderne. Sculptée en bronze, la statue devait au départ se dresser à la ville d’Ismaïliya, mais le khédive a changé d’avis et l’a déposée à la place Manchiya à Alexandrie, portant autrefois le nom du wali.
Le khédive confia cette tâche au sculpteur français Henri-Alfred Jacquemart qui a créé la statue en 1872 et l’a exposée à l’avenue des Champs-Elysées pendant un mois avant qu’elle ne soit transportée en Egypte. La statue est placée sur une base en marbre faite spécialement pour ce colosse. Il est à noter que Jacquemart a sculpté la plupart des statues de cette époque, comme à titre d’exemple les quatre lions du pont Qasr Al-Nil au Caire.
Statue de Saad pacha Zaghloul à Banha
Sculptée par l’Egyptien Al-Sayed Morsi Sadeq, entre 1936 et 1938, la statue en bronze de Saad pacha Zaghloul orne la place principale de Banha, capitale du gouvernorat de Qalioubiya. Affrontant toutes sortes de distorsions, cette statue en bronze se trouvait dans un état lamentable. Célèbre politicien du XXe siècle, Saad Zaghloul a dirigé le parti d’Al-Wafd et a guidé la Révolution de 1919 contre le colonialisme britannique. A savoir qu’Al-Sayed Sadeq a aussi sculpté une statue du khédive Ismaïl et d’autres statues exposées au monastère de Saint-Georges au Vieux-Caire.
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