Afin de sauver la région cairote de Bab Al-Azab, le Fonds souverain d’Egypte (TSFE) a signé la semaine dernière un protocole de coopération avec la société Bidayat en vertu duquel une étude sera menée d’ici 3 mois sur cette région historique afin de la transformer en zone d’activités créatives et artistiques. « C’est un projet touristique et culturel qui encouragera toute une gamme d’activités créatives », souligne Rachid Mohamad Rachid, fondateur et PDG de la société Bidayat. Selon lui, ce projet associe diverses activités créatives dans les domaines de l’art, des métiers traditionnels, de l’édition, de la musique et autres. « On va créer dans cette zone historique divers ateliers pour les jeunes créateurs mais aussi des salles d’exposition et un centre de formation pour les aider à développer leurs idées créatives », ajoute Rachid. Après la signature du protocole, Hala Al-Saïd, ministre de la Planification et du Développement économique et présidente du conseil d’administration du TSFE, a déclaré que ce projet vise non seulement à profiter des ressources inexploitées mais aussi à renforcer l’investissement et à diversifier les sources de financement. Bab Al-Azab est le premier projet d’investissement mené par le TSFE dans le secteur du tourisme, de la culture et des services, en coopération avec le ministère du Tourisme et des Antiquités, qui s’occupera de la gestion de la région historique, alors que le TSFE se chargera de trouver des investisseurs pour présenter les services aux visiteurs. « Nous cherchons à créer un environnement sain pour les jeunes, exploiter leurs idées, les aider à commencer leurs projets industriels et à exporter leurs produits », souligne Rachid, expliquant que des aides financières et techniques seront présentées à ces jeunes créateurs égyptiens. Huit bureaux internationaux expérimentés coopèrent avec Bidayat dans des domaines comme la restauration des édifices historiques, les études économiques et architecturales, la comparaison avec d’autres centres de créativité de par le monde comme en France et en Italie. « L’importance de cette initiative est qu’elle permet de mettre à profit la région fermée et non développée de la Citadelle et la transformer en zone de créativité rentable non seulement pour le secteur du tourisme mais aussi pour l’économie et la société en général », conclut Rachid Mohamad Rachid.
Bab Al-Azab en quelques lignes
S’étendant sur une superficie de 55 000 m2, la région de Bab Al-Azab fait partie de la Citadelle de Salaheddine. Entourée de grandes murailles sur trois côtés et de la Citadelle sur le quatrième côté, cette région regroupe un grand nombre de monuments islamiques dont la plupart remontent à l’ère alide et surtout au règne de Mohamad Ali.
La région a servi d’écuries royales et de résidence pour les guerriers et les hauts dignitaires sous le règne du sultan ayoubide Al-Kamel (1218-1238). A l’arrivée des Ottomans en 1517, les troupes dites d’Al-Azabane (soldats turcs au service de l’Empire ottoman) occupent cette région et y érigent plusieurs édifices dont des hôpitaux vétérinaires, des ateliers d’armes en plus des écuries et des résidences pour les gendarmes. La petite mosquée d’Ahmad Katkhoda est bâtie au début du XVIIe siècle. Des citoyens s’infiltrent à l’intérieur de la Citadelle, habitent Bab Al-Azab et construisent des résidences puis des ruelles comme Haret Al-Saqiya et Atfet Al-Forn. A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, l’Expédition militaire de Bonaparte arrive en Egypte (de 1798 jusqu’en 1801). Les soldats français bloquent les embrasures des armes, chassent les citoyens et ferment définitivement la porte d’Al-Azab. Il faudra attendre le règne de la famille alide (1805-1952) pour que le quartier reprenne à nouveau vie. Une dizaine d’ateliers sont construits pour répondre aux besoins des soldats en se servant des vestiges des anciens édifices mamelouks ou ottomans. Ainsi, des ateliers de fabrication d’armes et d’autres pour la couture des uniformes des guerriers ont vu le jour. Des réservoirs d’eau potable, des sabils et plusieurs édifices administratifs ont été également construits. Les embrasures d’armes ont été de nouveau ouvertes.
Des projets jetés aux oubliettes
L’idée de transformer Bab Al-Azab en zone d’activités culturelles n’est pas nouvelle. Depuis plus de 20 ans, plusieurs projets ont été lancés pour développer la région mais aucun n’a vu le jour. En 1998, le ministre de la Culture de l’époque, Farouk Hosni, approuve un projet de développement de la région de Bab Al-Azab. Objectif : faire de la région un centre d’attraction touristique et transformer les édifices historiques en boutique-hôtel. Mais le plan fait l’objet de multiples critiques et l’idée est abandonnée. Trois ans plus tard, en 2001, l’idée est relancée mais face aux fortes critiques, le ministère revient sur sa décision. En 2017, plusieurs études sont menées pour une meilleure exploitation de la région mais aucune n’est retenue faute de budget. Les études recommandaient de transformer les édifices historiques de la région après leur restauration en centres d’art et de culture et en salles de conférence. Un marché pour les produits artisanaux égyptiens et des bazars devaient aussi être créés.
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