La « Parade des momies royales » dans les rues du Caire en avril dernier. Un événement grandiose, mais aussi la preuve incontestable de l’intérêt accordé par l’Etat au patrimoine égyptien et à sa civilisation millénaire. C’est depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel-Fattah Al-Sissi, en 2014, que cet intérêt augmente jour après jour. Cela se reflète clairement non seulement par les efforts déployés afin d’exécuter tous les projets suspendus depuis des décennies, mais aussi par le fait de tenir des réunions périodiques avec les responsables du secteur des antiquités pour suivre toutes les activités archéologiques de près. « On perçoit une grande vigilance gouvernementale depuis des années, surtout avec la création d’un ministère indépendant pour l’archéologie et le tourisme. Dans le secteur des musées, on travaille aussi avec une méthode progressive », explique Elham Salah, ex-chef du secteur des musées au ministère du Tourisme et des Antiquités, soulignant que les musées étaient les plus touchés depuis la Révolution de 2011 à cause de la situation insécurisée du pays. « Depuis 2014, le ministère a travaillé fort sur la rénovation des musées qui avaient été incendiés ou pillés. On a pu réparer plusieurs musées en changeant leur scénographie muséale selon un comité d’experts créé spécialement pour moderniser les anciens édifices muséaux et établir un programme afin de relever la conscience patrimoniale des citoyens à travers les musées », souligne Névine Nizar, assistante du ministre de Tourisme et des Antiquités pour la muséologie.
En fait, depuis 2014, de nombreux musées ont rouvert leurs portes aux visiteurs après avoir complètement changé leur muséographie. « On a développé plusieurs musées régionaux, essayant d’attirer le plus grand nombre de visiteurs dans le but d’élever la conscience patrimoniale des citoyens dans les différents gouvernorats, tout en racontant une histoire intéressante de manière attrayante », explique Nizar.
Plusieurs « masterpieces »
Musée de la civilisation égyptienne.
Dans le gouvernorat du Fayoum, les travaux ont repris au musée de Kom Ouchim, fermé depuis 2006, et son inauguration a eu lieu en 2016, celui de Tanta a été inauguré en 2019 après 19 ans d’arrêt, alors que le gouvernorat de Matrouh a inauguré son premier musée national en 2018. Ces musées régionaux ne se sont limités ni à développer la muséologie ni à exposer des pièces, mais ont aussi appliqué différentes activités, comme la création d’ateliers de formation pour les enfants, les jeunes et les femmes au foyer, et ont également organisé des visites guidées gratuites pour les écoliers et les âgés afin de sensibiliser le grand public à son patrimoine. En outre, après 25 ans, et avec plus de 72 millions de L.E., le musée national de Sohag, en Haute-Egypte, a été inauguré par le président Sissi en 2018. « Un pas qui montre au monde que l’Egypte est sécurisée et s’intéresse à ses monuments, il jette aussi la lumière sur un gouvernorat archéologiquement riche », souligne Mahmoud Al-Halwagui, ex-directeur général des musées régionaux.
Le président a de même inauguré 3 musées en 2020 malgré la propagation du Covid-19. Il s’agit du premier musée archéologique dans la station balnéaire de Charm Al-Cheikh au Sud-Sinaï, du musée de Kafr Al-Cheikh dans le Delta du Nil et également de celui des carrosses royaux au Caire. « Trois musées variés en thèmes et en pièces satisfaisant tous les goûts et s’ajoutant à la carte touristique égyptienne », déclare Nizar.
Musée de Charm Al-Cheikh.
Afin d’attirer plus de touristes et de les informer de la civilisation égyptienne, l’Egypte a également inauguré, à Hurghada en 2020, le premier musée de la mer Rouge en coopération avec le secteur privé. « Ce musée expose des pièces antiques de différentes époques : pharaonique, romaine, copte et islamique. Cela incitera la curiosité des touristes à visiter des sites archéologiques », dit Elham Salah.
De même, l’Etat égyptien a accordé depuis 2014 une importance particulière aux grands projets archéologiques nationaux, tels que le Musée national de la civilisation égyptienne à Fostat (NMEC), récemment inauguré suite à des célébrations emblématiques dans les rues cairotes, de même que le sauvetage et la réouverture, début 2020, de la pyramide à degrés de Saqqara et la transformation du Caire khédivial en un musée en plein air. « Une dizaine de grands projets ont été exécutés et d’autres sont en cours », souligne Ossama Talaat, chef du secteur des antiquités islamiques, coptes et juives au ministère du Tourisme et des Antiquités, signalant que le grand projet du développement du Caire historique, le réaménagement de l’Allée des béliers à Louqsor, le circuit de la Sainte Famille et autres sont toujours en phase de réalisation. « L’ouverture des bâtiments historiques est devenue un moyen garantissant leur continuité et leur restauration. L’accueil chaleureux du public de l’ouverture du Palais énigmatique du Baron Empain à Héliopolis, fin juin 2020, avec un coût de 175 millions de L.E., a encouragé les responsables à exécuter d’autres travaux suspendus depuis une dizaine d’années », a-t-il ajouté, donnant l’exemple de la réhabilitation du Palais de Mohamad Ali à Choubra qui prendra fin très bientôt.
La coopération entre les différents ministères afin de bien présenter la civilisation égyptienne était aussi un autre défi pour l’Etat. Plusieurs projets bilatéraux ont été exécutés, à titre d’exemple la transformation de Wékalet Mohamad Aboul-Dahab de l’époque mamelouke (fondée en 1774), au Caire, en un musée consacré au célèbre écrivain Naguib Mahfouz, fruit de la collaboration entre le ministère du Tourisme et des Antiquités et celui de la Culture. De même, le ministère de l’Aviation civile a consacré deux salles à l’aéroport international du Caire pour exposer aux passagers en transit des pièces égyptiennes.
Le GEM, le grand projet à venir
Musée de Tanta.
En guise de conclusion, l’un des importants grands projets archéologiques dont l’Etat a pu accélérer le rythme des travaux est le nouveau Grand Musée égyptien (GEM). Considéré comme le cadeau de l’Egypte au monde, ce projet a commencé en 2002 et pendant 12 ans les travaux architecturaux n’avaient dépassé que 20%, mais au cours des sept dernières années, 98% des travaux architecturaux, urbains et archéologiques ont été achevés avec un fonds de 1,1 milliard de dollars, en économisant près de 770 millions de dollars du coût estimé au départ. Les routes ont été retracées, le Plateau des pyramides a été réaménagé, en plus de la création d’un aéroport international intitulé « aéroport du Sphinx », et une région de services autour du GEM a été créée. Selon les autorités égyptiennes, pendant les sept dernières années, tous les moyens de l’Etat étaient à la portée de ce grand projet dont l’inauguration est prévue cette année :
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