Les aéroports s’apprêtent à accueillir les touristes russes.
Les moyens de prévention sanitaire s’accélèrent dans tous les aéroports égyptiens.
Après plus de 5 ans de suspension, la Russie a décidé de reprendre ses vols directs vers les stations balnéaires égyptiennes de la mer Rouge, notamment Hurghada et Charm Al-Cheikh. Ces vols avaient été suspendus après le crash de l’avion de la compagnie russe Metrojet au-dessus de Charm Al-Cheikh en octobre 2015, faisant 224 morts, en majorité des touristes russes. Deux ans après le crash, en 2017, les compagnies aériennes russes avaient repris leurs vols uniquement vers Le Caire. La reprise des vols, annoncée par le président Abdel-Fattah Al-Sissi et son homologue russe Vladimir Poutine, est un coup de pouce majeur au secteur touristique égyptien, profondément touché par la pandémie de Covid-19. Selon Ahmed Youssef, président de l’Organisme de promotion touristique (ETA), cette décision est très importante pour le secteur touristique égyptien. « Comme dans tous les pays, le secteur touristique égyptien souffre en ce moment », affirme le président de l’ETA, expliquant que l’Egypte est prête à accueillir ses visiteurs russes, surtout que des mesures de sécurité renforcées sont appliquées dans les aéroports égyptiens.
Selon un communiqué de la présidence, la reprise des vols a été possible grâce à l’amélioration des « critères de sécurité et de confort » dans les aéroports égyptiens. L’Egypte recevait près de 3 millions de touristes russes par an avant la suspension des vols, soit 30% de la totalité des touristes. Le tourisme russe a connu son apogée en Egypte en 2014 avec 3,1 millions de touristes. Un chiffre qui a grandement chuté et n’a jamais été redressé. Après le crash du Metrojet (attribué à un attentat terroriste), la Fédération de Russie avait suspendu tous les vols directs vers l’Egypte, dans l’attente d’une révision et d’une modification des mesures de sécurité aéroportuaires.
« Il est encore très tôt pour déterminer le nombre de touristes russes qui viendraient en Egypte, surtout qu’on n’a encore ni le nombre de vols, ni leurs dates », explique Youssef. Les médias russes ont annoncé que les vols directs à destination de Charm Al-Cheikh et d’Hurghada reprendraient dès la mi-mai, soulignant que les autorités russes coordonnent avec l’Union des chambres touristiques en Egypte au sujet des préparatifs d’accueil des touristes russes, notamment en ce qui concerne le plan de vaccination des employés du secteur touristique égyptien contre le Covid-19. Ce plan, qui a commencé il y a quelques semaines, a débuté à Charm Al-Cheikh et à Hurghada. « Depuis la reprise des vols vers l’Egypte, ayant été interrompus en raison du coronavirus, nous recevons des touristes des quatre coins du monde. Les mesures de prévention contre le Covid-19 sont strictement appliquées. Nous voulons que le monde sache que l’Egypte est un pays sûr et capable d’accueillir ses visiteurs », ajoute Youssef.
Saïd Al-Batouti, conseiller économique de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), souligne l’importance de la reprise du trafic aérien entre l’Egypte et la Russie. Les agences de voyages peuvent désormais programmer des voyages à destination des stations balnéaires de la mer Rouge, même pendant l’été qui n’est pas la haute saison. « L’Egypte était, au cours des dernières décennies, la destination touristique la plus prisée en Russie. Je m’attends donc à une grande affluence des touristes russes », estime Al-Batouti. Les transporteurs aériens russes sont prêts à organiser des vols charters vers les stations balnéaires égyptiennes et les voyagistes s’attendent à une forte demande. « En outre, la reprise des vols va encourager d’autres marchés liés à la Russie, comme l’Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et la Géorgie, à programmer des voyages en Egypte », ajoute Al-Batouti.
Redressement d’un secteur affecté par la pandémie
Le groupe Goldman Sachs, leader mondial des marchés des capitaux et de la gestion des actifs, a indiqué, dans un rapport publié la semaine dernière, que la reprise du tourisme russe en Egypte consoliderait ses ressources en devises étrangères et contribuerait au redressement du secteur touristique égyptien affecté par la pandémie de coronavirus après un boom qui a atteint son apogée en 2019. Selon un rapport du ministère du Tourisme, le nombre de touristes est passé de 13,1 millions en 2019 à 3,5 millions en 2020, ce qui a engendré une chute de 70% des revenus en 2020. Le retour du tourisme russe à son niveau d’avant 2015 accroîtra les revenus du tourisme à 3 milliards de dollars par an (soit 0,75% du PIB).
Le rapport explique que « chaque touriste a dépensé en moyenne au cours des trois dernières années 1000 dollars. Par conséquent, la possibilité que le tourisme russe revienne à son niveau d’avant 2015 signifie un renforcement du compte courant à hauteur de 3 milliards de dollars environ par an. C’est un coup de pouce au PIB, étant donné que l’économie repose largement sur l’industrie du tourisme. Celle-ci représente un emploi sur sept dans l’économie égyptienne ».
Ahmed Al-Masry, un tour-opérateur travaillant sur le marché russe, assure que l’Egypte doit travailler le plus vite possible avec ses partenaires en Russie afin de programmer des voyages pour les touristes russes. « Nous devons saisir l’occasion, car la Russie a suspendu la plupart de ses vols vers la Turquie jusqu’au 1er juin, invoquant une augmentation des infections au Covid-19 dans ce pays. L’Egypte peut profiter de cette situation. Il faut savoir que les plans de vacances de plus de 500000 Russes ont été perturbés. Beaucoup d’entre eux peuvent désormais envisager les stations balnéaires égyptiennes comme une alternative », souligne Al-Masry. Il estime que l’Egypte peut attirer environ un million de touristes russes d’ici la fin de l’année 2021. « La reprise des vols russes coïncide avec l’allègement des restrictions liées au Covid-19, avec le lancement de la campagne de vaccination sur le plan mondial et avec l’annonce de plusieurs grandes découvertes archéologiques, ainsi que la Parade des momies royales qui a ébloui le monde. Tous ces facteurs devraient susciter une nouvelle passion pour les voyages vers l’Egypte », conclut Al-Masry.
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