Les empreintes des mains indiquent le nombre des individus de la communauté.
« Lorsque les roches parlent, elles créent, révèlent et clarifient une partie du mystère ». C’est avec cette phrase que s’ouvre l’ouvrage Graffitis et dessins rupestres d’Al-Gelf Al-Kébir et d’Al-Oweinat, rédigé par le préhistorien Khaled Saad, directeur général du département de la préhistoire au ministère du Tourisme et des Antiquités. Paru récemment, le livre retrace le mode de vie et les activités humaines qui existaient durant la préhistoire. Bien qu’il existe de nombreux témoignages de cette époque dans les déserts égyptiens, il y a très peu d’informations pour les archéologues. On trouve plusieurs dessins colorés et graffitis datant de la préhistoire dans les montagnes de l’est et du sud de l’Egypte. Le livre explique en détail la vie de l’homme préhistorique dans le plateau d’Al-Gelf Al-Kébir dans le désert occidental et la montagne d’Al-Oweinat qui se dresse majestueusement à la frontière sud-ouest, séparant l’Egypte du Soudan au sud et de la Libye à l’ouest.
Scène représentative de l’autoritéindividuelle.
L’auteur explique, dans la préface, la raison de la présence de l’homme préhistorique dans cette région aujourd’hui désertique et connue pour sa chaleur extrême. « Au cours de ces époques reculées, le climat dominant dans cette région était subtropical. La région était couverte de bois et il y avait d’innombrables fleuves. Les géologues et les archéologues ont dévoilé les traces de ces fleuves anciens. Ce climat attirait les éléphants, les girafes et d’autres bêtes comme l’autruche qui, elle, existait en abondance. Le climat subtropical est resté environ 15 000 ans », lit-on dans la préface. Mais la région a connu aussi des périodes arides causant la disparition de certains animaux. Ce changement de climat est décrit dans les dessins rupestres et les graffitis. D’ailleurs, le livre fait la distinction entre les deux. Les graffitis se trouvent à la surface externe des montagnes. Ils décrivent le mode de vie des habitants de ces régions et les animaux qui y vivaient, comme les vaches, les moutons et certaines espèces de bovins sauvages, de même que les chiens de chasse. Les graffitis montrent aussi des animaux sauvages comme les béliers, les éléphants et les girafes qui vivaient dans Al-Gelf Al-Kébir à cette époque lointaine. Ces espèces sont représentées dans les scènes de chasse. Bâtons, cordes, arcs, flèches et lances étaient parmi les outils de chasse les plus courants. L’une des scènes les plus remarquables se trouve à la montagne d’Al-Oweinat. « On y voit un homme avec un bouclier, un arc, une flèche et une hache à côté de lui. Dans un autre graffiti, on voit un homme victorieux, levant les mains alors que son ennemi est mort à ses pieds », affirme le livre.
Dessins religieux
Quant aux dessins rupestres colorés, on les trouve plutôt sur les roches dans les grottes et les caves habitées par l’homme préhistorique. On rencontre souvent ces dessins dans les bassins versants et les failles des montagnes, lieux de repos des hommes préhistoriques durant leurs déplacements. La montagne d’Al-Oweinat compte un nombre considérable de ces dessins colorés qui expriment des idées plus profondes que celles des graffitis. Ces dessins ont un caractère religieux et rituel. On y voit des scènes de danse rituelle où les danseurs effectuent des mouvements avec les mains, les pieds et les épaules. La danse pouvait avoir un caractère festif, social ou religieux. L’un des dessins montre une personne se tenant devant une divinité, en l’occurrence le soleil, devenu Râ et Aton aux époques ultérieures de l’Egypte Ancienne.
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