A 7 km au sud-ouest du gouvernorat de Sohag en Haute-Egypte, se trouve la ville d’Al-Cheikh Hamad nommée autrefois Athribis, qui était le IXe nome d’Egypte à l’époque ptolémaïque et dont la capitale était Akhmim. Située sur la rive ouest du Nil, Al-Cheikh Hamad ou Athribis comprend plusieurs sites archéologiques importants datant de différentes époques. Sur une superficie de 30 feddans apparaissent les vestiges de trois grands temples découverts, dont le plus important est celui de Ptolémée IX qui régna avec son épouse Cléopâtre. « Actuellement en ruine, ce temple était entouré d’un mur en brique et accessible par une porte monumentale en pierre », explique l’archéologue Magdi Chaker, ajoutant que c’est un temple de valeur, connu surtout pour ses chapiteaux, ses colonnes et ses parois gravées. « Au cours de ces deux dernières années, durant les travaux de restauration, de nettoyage et de mise en valeur du site, la mission égypto-allemande a découvert une allée pavée menant à la zone des temples qui était utilisée à l’occasion des cérémonies royales. La mission a également mis au jour une chapelle du côté sud de cette allée », explique Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA).
Vestige du temple d'Athribis.
Ce temple déploie également différents styles architecturaux. « On y trouve un puits équipé d’un système de canalisation destiné à fournir de l’eau potable aux fidèles du temple à cette époque », indique Chaker. Il assure que, généralement, tous les temples comportaient un lac contrairement à Athribis où l’on trouve un puits. « Le deuxième temple de la ville a été découvert par l’égyptologue anglais Petrie en 1907. D’après les inscriptions apparentes sur ses murs et ses colonnes, il ressort qu’il date de la XXVIe dynastie pharaonique, soit la période correspondant au règne d’Haa Ib Râ nommé aussi Apriès (589-570 av. J.-C.). Compte tenu de son importance, il a continué à être utilisé jusqu’à l’ère gréco-romaine », renchérit l’historien et chercheur en égyptologie Ahmed Amer. Ce monument a conservé jusqu’à nos jours son premier pylône derrière lequel se trouve une salle comportant 26 colonnes décorées, ainsi que le saint des saints prolongé par trois pièces. Un peu plus loin et sur le même chantier se trouve le temple de Ptolémée XII (80-58 et 55-51 av. J.-C.), qui comprend toujours les vestiges de petites chapelles. « Ce temple a été érigé au cours de l’époque ptolémaïque et sa construction s’est développée sous plusieurs empereurs romains, dont le dernier était Hadrien (76-138) », explique Amer. « Au cours des deux dernières années, le ministère du Tourisme et des Antiquités, en coopération avec le gouvernorat de Sohag, a pu réaliser le projet Athribis pour un coût de 5,5 millions de L.E. », déclare Imane Zidane, assistante du ministre du Tourisme et des Antiquités pour le développement des sites archéologiques et des musées. Selon elle, les travaux consistaient en l’installation d’un nouveau système d’éclairage, de caméras de surveillance, de banquettes et de panneaux indicatifs décrivant le chemin de visite et les mesures de sécurité. Une carte qui décrit les principaux lieux touristiques à Sohag, des brochures avec les QR codes d’Al-Cheikh Hamad et de la nécropole d’Al-Hawawich permettent de délivrer des informations en arabe, en anglais, en allemand, en français et en néerlandais.
Les tombes d’Al-Hawawich
Centre de visite et services présentés aux visiteurs.
Toujours à Sohag, sur une montagne de la ville d’Akhmim, après de longs travaux de réaménagement, le ministère du Tourisme et des Antiquités a aussi ouvert au public la nécropole d’Al-Hawawich qui recèle près de 900 tombes creusées dans la roche. « C’est Naguib Qanawati, chef de la mission archéologique australienne, qui a découvert dans les années 1980 plus de 880 tombes dans cette nécropole, dont une soixantaine parées d’inscriptions colorées et d’autres qui sont des fosses sculptées dans la montagne. Elles étaient plutôt destinées aux pèlerins qui venaient visiter le site et s’y faisaient aussi inhumer », explique l’archéologue Magdi Chaker, qui déclare que plusieurs tentatives de fouilles ont eu lieu dans la région au début du siècle dernier, sans succès. La plupart des tombes décorées appartiennent à de hauts fonctionnaires de l’Etat ou à des prêtres de l’Ancien Empire et de la première époque intermédiaire. « Parmi ces tombes, on en trouve cinq ornées d’éléments architecturaux exceptionnels, dont une appartenant au gouverneur du nome sud, Ham-Min. Sur ses murs, on peut admirer des scènes de chasse, d’offrandes et d’autres montrant la vie quotidienne », indique Chaker, alors que l’égyptologue Ahmed Amer est ébloui par les sépultures codées M22, G95, H24 et H26. « La première renferme une fausse porte exceptionnelle, alors que la deuxième était un tombeau familial comportant trois puits funéraires. La H26 est assez étrangement enrichie de colonnes. On peut y admirer également une scène unique de course de taureaux », ajoute Amer.
Pour rendre le site de la nécropole d’Al-Hawawich accessible à la visite, le ministère a dû couvrir le chemin menant aux tombes troglodytes d’un escalier en grès respectant sa nature archéologique. « Le ministère du Tourisme a également bâti une enceinte tout autour de la zone archéologique afin de la protéger et de contrôler l’entrée et la sortie », explique Waziri. Un nouveau centre de visites a été créé dans lequel sera diffusé un documentaire retraçant l’importance des sites archéologiques de Sohag et les travaux exécutés au cours du temps. « En plus des garages, des panneaux explicatifs et d’un nouveau système d’éclairage pour le site, sont venus s’ajouter des caméras de surveillance, des guichets modernes, des cafétérias et des bazars afin de proposer des services aux visiteurs », souligne Imane Zidane, précisant que le coût du projet de restauration et de mise en valeur de la nécropole d’Al-Hawawich a atteint 9 millions de L.E. A l’occasion de l’inauguration de ces deux sites archéologiques du gouvernorat de Sohag, les visiteurs égyptiens seront autorisés à entrer gratuitement dans les zones du temple d’Athribis et de la nécropole d’Al-Hawawich jusqu’à la fin du mois de mars 2021 .
Les scènes des tombes conservent toujours leurs couleurs.
Sohag, une histoire millénaire
Situé à 467 km au sud du Caire, Sohag est un gouvernorat riche par son histoire. Cette ville de Haute-Egypte a connu un grand épanouissement. Elle était un lieu de culte et de pèlerinage durant l’Ancien Empire (2700-2190 av. J.-C.) et le Moyen Empire (2022-1786 av. J.-C.) avant son déclin pendant la 2e période intermédiaire. Toutefois, l’agglomération reprendra son rôle prépondérant pendant le Nouvel Empire (1552-1080 av. J.-C.), les ères ptolémaïque, copte, romaine, jusqu’à l’époque islamique. C’est en effet ce qui explique pourquoi Sohag jouit de nombreux monuments datant de différentes époques et de diverses attractions touristiques.
On y trouve le temple de Séthi Ier, la nécropole d’Abydos, le temple de Ramsès II à Al-Baliana, la statue de Mérit Amon à Akhmim, ainsi que les sites archéologiques d’Al-Cheikh Hamad et la nécropole d’Al-Hawawich. « Afin d’inscrire Sohag sur la carte touristique égyptienne, de nombreux projets ont été entamés comme le développement des services touristiques au temple d’Abydos, ainsi que les travaux de drainage dans le temple d’Osirion », souligne Imane Zidane, assistante du ministre du Tourisme et des Antiquités pour le développement des sites archéologiques et des musées. Par ailleurs, Sohag abrite aussi des monuments coptes distingués comme les monastères blanc et rouge, des monuments islamiques tels que la mosquée Al-Atiq datant de l’ère fatimide, celle d’Al-Aref Billah datant du VIIIe siècle de l’hégire et enfin, la mosquée du prince Hassan avec son style architectural ottoman.
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