Al-Ahram Hebdo : Est-il prévu d’inaugurer la totalité du musée ou est-ce une ouverture partielle comme celle de 2017 ?
Ahmed Ghoneim : Dans quelques jours, cet important et unique projet lancé par le gouvernement égyptien en 1978 verra le jour. Nous ne sommes pas encore prêts pour une ouverture totale. Trois salles sur un total de dix seront accessibles au public.
— Quelles sont les salles qui seront inaugurées ?
— La « salle centrale d’exposition » sera inaugurée. Elle occupe une superficie de 2 350 m2 et représente le coeur du musée. Dans cet espace sera exposée une centaine de pièces antiques chronologiquement orientées sur la civilisation, les activités et le génie égyptiens à travers différentes époques. On y trouve des oeuvres de divers genres et tailles exposées dans les vitrines fabriquées spécialement pour le Musée national de la civilisation égyptienne et d’autres montrées sans vitrines. Une autre salle, celle des « momies royales », sera aussi inaugurée. Elle est différente par son style architectural et sa muséologie créative élaborée par des spécialistes et des experts égyptiens. Le visiteur sentira qu’il est entré dans une tombe royale. Concernant la salle pyramidale dominant le bâtiment du musée, il n’a pas encore été décidé ce qui y sera exposé. On trouvera également la surface consacrée aux expositions temporaires qui est ouverte depuis 2017, celle-ci accueillera les pièces du Musée du textile.
— L’idée d’exposer le contenu du Musée du textile au NMEC à Fostat est-elle définitive ?
— D’après le comité technique du ministère du Tourisme et des Antiquités, l’état architectural du bâtiment du Musée du textile, situé rue Al-Moez, est mauvais. Par conséquent, les responsables du ministère ont décidé de déplacer toutes les unités au NMEC dans lequel une grande partie a été stockée dans l’attente de l’avis du comité de scénographie qui décidera de leur muséologie. Selon sa décision, d’autres salles pourront être choisies.
— Quelles sont les pièces qui seront présentées au NMEC ?
— Le NMEC présentera la civilisation égyptienne depuis les temps préhistoriques jusqu’à nos jours avec une approche multidisciplinaire, mettant en avant le patrimoine matériel et immatériel du pays. Ce n’est ni un musée spécialisé comme celui de l’Art islamique ou copte ni un lieu uniquement consacré à l’Egypte Ancienne comme le Musée égyptien du Caire. On y trouvera les statues pharaoniques à côté des pièces islamiques ou coptes en bois finement sculptées et des tissus ainsi que des bijoux et des cartes. On y verra également la statue d’Amenemhat III sous forme de sphinx, le colosse de Mérenptah, le sarcophage doré de Nedjmankh, ainsi que le minbar d’Al-Zahar de l’époque mamelouke. Toutes les compositions révèleront l’idée évoquée par les muséologues en introduisant les visiteurs à une nouvelle vision de notre héritage.
— Combien d’éléments renfermera chaque salle d'exposition ?
— Il est difficile de le déterminer, car les scénographes sont encore en plein travail. Mais ce qui est certain c’est que le musée peut renfermer entre 50 000 et 60 000 pièces.
— Qu’est-ce que cet espace offre de nouveau à ses visiteurs ? En quoi est-il différent des autres musées répartis dans tout le pays ?
— Pour commencer, l’emplacement même du musée est exceptionnel. Le fait de se trouver à Fostat, l’ancienne capitale de l’Egypte pendant l’ère islamique, lui donne un cachet particulier. Il faut mentionner que le NMEC n’est pas un simple musée comme les autres en Egypte, c’est plutôt une institution culturelle. Outre les pièces qui seront exposées et qui ont été choisies avec beaucoup de soin, le NMEC offre à ses visiteurs plusieurs activités. On y trouvera un grand théâtre fermé et un autre en plein air, un auditorium, un centre éducatif et un autre consacré à la recherche. Il est prêt à accueillir divers événements tels des conférences, des cours et des manifestations culturelles destinées au grand public. L’institution est également équipée de laboratoires sophistiqués. Le NMEC est conçu non seulement pour devenir un endroit attractif pour les touristes, mais aussi en qualité de centre international de recherche et de conservation.
— Concernant le lac de Aïn Al-Sira et ses différentes installations et activités, qui en aura la charge ?
— Le lac est un atout pour le musée, surtout après son développement et la mise en oeuvre de nouvelles activités. La gestion de ces installations sera attribuée au secteur privé. Prochainement, tous les dossiers proposés seront évalués et les moyens pour accéder à ces activités de jour comme de nuit seront abordés. Un agrément sera trouvé avant l’inauguration officielle du musée pour mettre en place les procédures appropriées afin de préserver l’intégrale identité culturelle de l’Organisme du NMEC. Il faudra faire en sorte que ces animations ne viennent pas contrarier le message du musée et sa particularité.
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