Avec l’aggravation de la seconde vague du Covid-19, les craintes de stagnation du secteur du tourisme en Egypte comme dans le monde réapparaissent avec une forte probabilité d’un gel de l’activité. Selon Adel Zaki, membre de la Chambre du tourisme, le tourisme dans le monde entier sera affecté par la nouvelle vague de Covid-19. « En ce qui concerne l’Egypte, la situation est plus compliquée, puisque plusieurs pays européens, qui constituent le marché principal du tourisme égyptien tels que l’Allemagne, la France et l’Angleterre ont déjà pris des mesures strictes concernant le déplacement de leurs citoyens dans le monde », indique Zaki, ajoutant que les réservations touristiques en octobre et en novembre ont déjà beaucoup baissé en comparaison avec celles de juillet et d’août. « Même le contingent de touristes ukrainiens, qui sont en tête de liste des voyageurs vers l’Egypte depuis la reprise en juillet dernier, a fortement diminué au cours du dernier mois. Pourtant, nous commençons la haute saison du tourisme égyptien », se lamente Zaki. Constat partagé par Tamer Nabil, membre du syndicat des Hôteliers, qui assure que la seconde vague de Covid-19 a réellement commencé à affecter le secteur. « Cette saison, nous nous préparions à recevoir des vols charters de plusieurs marchés tels que l’Espagne, mais tout s’est complètement arrêté. De plus, les hôtels souffrent actuellement de la chute du nombre de touristes, y compris sur des marchés comme l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et la Serbie. La Pologne a retiré ses ressortissants du monde entier après la propagation de la pandémie avec près de 21 000 cas par jour », explique Nabil. Et d’ajouter que le mois de décembre sera encore pire, car les réservations ont diminué de plus de 70% à cause des craintes de la seconde vague et ses répercussions qui peuvent arriver jusqu’à la fermeture des frontières comme celle qui a eu lieu en mars dernier. De fait, l’Ukraine a enregistré dernièrement près de 8 000 cas de Covid-19 par jour, et le gouvernement a déclaré que si les cas atteignent 15000, cela impliquera une fermeture complète des frontières.
Selon un dernier rapport publié par le Centre égyptien des études économiques, les mois prochains verront des scénarios plus aigus en ce qui concerne l’impact de la crise du Covid-19 sur le secteur du tourisme. « Toutes les prévisions montrent qu’avec l’arrivée de l’hiver, une seconde vague de la pandémie de Covid-19 va frapper le monde plus cruellement que la première. L’Europe a déjà recommencé à fermer ses frontières ». Le rapport souligne que 2,2 millions de touristes ont visité l’Egypte en 2020, soit 19% du total de 2019. Les revenus seront d’environ 360 millions de dollars avec des pertes de plus de 18 milliards de dollars par rapport aux gains de 2019. « Le début du rétablissement du secteur n’interviendra pas avant la fin de 2021, selon des rapports internationaux. Près de 3 millions de touristes visiteront l’Egypte en 2021. Avec la découverte du vaccin contre le Covid-19 et son expérimentation sur une longue durée, la véritable relance du secteur du voyage en Egypte pourrait intervenir en 2024, lorsque le monde se stabilisera et que la crainte de l’infection disparaîtra. La roue de l’économie recommencera à tourner et le tourisme reviendra au centre de l’intérêt des gens », assurent les experts du centre dans leur rapport.
Plus optimiste, Omar Kandil, agent de voyage, assure que la découverte d’un nouveau vaccin va atténuer l’impact de la seconde vague de la pandémie sur le secteur du tourisme. « Dès que le vaccin aura vu le jour, les réservations touristiques augmenteront, et ainsi les touristes avides de voyage et les amateurs de l’Egypte vont revenir en masse », estime Kandil, qui demande à l’Etat de continuer à subventionner la branche pendant cette période délicate.
Efforts de l’Etat
De fait, depuis le début de la crise du Covid-19, le gouvernement applique un plan de subvention pour les investisseurs touristiques basé sur des exemptions de taxes et des remises pour les factures d’électricité, de gaz et d’eau jusqu’au 31 décembre 2020. De plus, des prêts bancaires à taux réduits ont été accordés à ces investisseurs ainsi que le rééchelonnement de toutes leurs dettes jusqu’à la fin de l’année. En outre, les frais de visa ont été supprimés jusqu’au 30 avril 2021 pour les touristes visitant le Sud du Sinaï, la mer Rouge, Louqsor et Assouan.
A part les aides financières allouées aux investisseurs, le ministère du Tourisme et des Antiquités déploie un gros effort pour maintenir un degré élevé d’hygiène dans tous les établissements touristiques. Cela s’accompagne d’une application très stricte des mesures sanitaires préventives dans les aéroports, les hôtels ainsi que dans tous les sites archéologiques.
Pour sortir de cette impasse, Mohamed Osman, membre de la Chambre du tourisme, estime que le ministère du Tourisme et des Antiquités doit promouvoir le tourisme interne en proposant des offres spéciales pour les Egyptiens, afin de compenser les pertes engendrées par l’absence de voyageurs étrangers. « Le ministère doit aussi investir ces moments de pénurie pour réaménager les infrastructures et rehausser la qualité des intervenants du domaine, afin d’être prêt à accueillir les touristes une fois cette crise terminée. Le ministère doit aussi participer à tous les événements touristiques mondiaux qui se tiendront éventuellement cette année, afin que l’intérêt pour l’Egypte reste élevé après la crise du Covid-19 », suggère Osman. Selon lui, ces salons internationaux joueront un rôle essentiel dans la reprise du tourisme en Egypte et la création d’une demande sur la destination égyptienne après la fin de la crise. « L’Organisme de la promotion du tourisme (ETA) devrait aussi organiser des campagnes de promotion où seraient exploitées les nouvelles découvertes archéologiques et créer ainsi un catalogue touristique riche qui attirerait et accueillerait les visiteurs de l’Egypte en 2021 », conclut Osman.
Lien court: