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Les musées fêtent la victoire d’Octobre

Nasma Réda, Mercredi, 21 octobre 2020

Pour commémorer le 6 Octobre, plusieurs musées organisent des expositions temporaires sur le thème de la paix et de la guerre. Focus.

Les musées fêtent la victoire d’Octobre
Le musée du Palais de Manial.

Des armes, des épées, des statues et d’autres pièces relatives à la guerre sont exposées dans différents musées durant le mois d’octobre. « Les musées fêtent la victoire de l’armée égyptienne à la guerre d’Octobre 1973, chacun avec sa collection », souligne Moëmen Osman, chef du secteur des musées au ministère du Tourisme et des Antiquités. Il explique que les pièces exposées sont des armes ou des équipements de guerre remontant à différentes époques ou encore des objets ayant appartenu à des dirigeants militaires.

Bien que le Musée égyptien du Caire ait choisi d’exposer une seule pièce, elle est très révélatrice de l’événement. Il s’agit de la stèle de Tharou. « Tharou est la région appelée actuellement Tell Héboua située sur la rive est du Canal de Suez au Nord-Sinaï. Cette région est considérée comme le portail est de l’Egypte, ce qui explique la présence de nombreuses forteresses », explique Naguiba Naguib, directrice générale du musée. Tharou montre la supériorité de l’armée égyptienne sous les dynasties pharaoniques dans le Sinaï. « C’est pour cela qu’on a choisi d’exposer le bloc de Tharou », reprend-elle.

Les musées fêtent la victoire d’Octobre
L'une des vitrines renfermant une partie des pièces exposées au Musée Gayer Anderson.

Cette pièce en calcaire de 82 cm de large, 54 cm de long et 13 cm d’épaisseur a été découverte dans la tombe du général Iwrkhy à Saqqara. Iwrkhy était le commandant de l’armée sous Séthi Ier (1290-1279 av. J.-C.) et a occupé la même position sous Ramsès II (1279-1213 av. J.-C.). Sur la stèle on peut voir des cavaliers conduisant des carrosses militaires et traversant un canal rempli de crocodiles. Sur la partie inférieure on voit un groupe d’hommes portant des armes. « D’après les études faites sur cette pièce antique, ce canal est celui que Séthi Ier a traversé lors de l’une de ses batailles pour rejoindre ses soldats dans la forteresse de Tharou. Ce bloc montre les victoires de l’armée égyptienne sous le Nouvel Empire », conclut Naguib.

Paix et armes au Palais de Manial

Le musée du Palais de Manial organise une petite exposition temporaire avec 13 pièces (11 armes de différents types et 2 costumes militaires). Le musée célèbre la victoire de la guerre d’Octobre pour la troisième année consécutive. « Cette exposition est complètement différente des deux précédentes. Les pièces exposées cette année ont été soigneusement choisies dans les entrepôts du musée », explique Ahmad Hémid, conservateur et responsable des expositions au musée, précisant que les pièces sont exposées selon un ordre chronologique. « Il s’agit d’armes de guerre, d’armes d’honneur mais aussi d’équipements de chasse », dit-il. D’après lui, la pièce maîtresse de l’exposition est une épée recouverte d’or qui montre l’habileté des artisans égyptiens.

Les musées fêtent la victoire d’Octobre
Pièces exposées au Musée d'art islamique.

Les lames des épées exposées sont soit droites ou arquées, mais ce qui est remarquable c’est que leurs poignées sont finement décorées. « Les armes à feu, qu’il s’agisse de pistolets ou de fusils, varient en taille et en forme. Leurs manches sont incrustés d’ivoire ou de pierres précieuses », explique Hémid. Et d’ajouter : « Le prince Mohamad Ali Tawfiq avait l’habitude d’acheter, de recevoir ou d’ordonner la fabrication d’armes pour les offrir. Il avait aussi des armes qu’il utilisait dans les festivités et les événements officiels ».

L’exposition présente de même le magnifique et unique costume militaire du prince Ahmad Réfaat, frère aîné du khédive Ismaïl et prince héritier du wali Saïd pacha. « C’est une pièce unique, elle conserve tous ses détails et sa beauté », souligne Walaa Eddine Bédéoui, directeur du musée du Palais de Manial. Il s’agit d’un costume complet de couleur beige avec une ceinture où l’on voit le drapeau égyptien. Un autre costume noir aux boutons dorés est aussi exposé. La salle d’exposition plonge le visiteur dans une ambiance historique pleine d’élégance, de fierté et de victoire.

Parallèlement à l’exposition, le musée a choisi de commémorer Ibrahim pacha, second fils du wali d’Egypte, Mohamad Ali pacha. Le choix de ce personnage n’est pas dû au hasard puisque Ibrahim pacha est connu pour être un homme de guerre de premier ordre. « Ibrahim pacha était un commandant remarquable. Il est considéré comme le fondateur de la nouvelle armée égyptienne au XIXe siècle. C’est un homme de génie qui a su former une armée bien équipée avec des soldats égyptiens, mais en suivant la discipline militaire européenne », souligne Walaa Eddine Bédéoui. Le logo de l’exposition est un portrait d’Ibrahim pacha donnant ainsi une importance à cet homme de guerre exceptionnel. Sur la page Facebook du musée figure son portrait et son histoire est racontée dans un documentaire diffusé sur la page.

Gayer Anderson fait partie de la fête

Le Musée Gayer Anderson dans le quartier de Sayéda Zeinab expose, lui, 25 pièces sous le titre « Les armes à travers les époques ». « Après des mois de fermeture à cause de la pandémie de coronavirus, nous commençons nos activités avec les célébrations d’Octobre. Nous organisons une exposition pour le grand public. Nous y exposons des armes, des carabines et des révolvers qui étaient conservés dans les dépôts du musée et qui sont exposés pour la première fois », explique la directrice du musée, Mervat Ezzat. Et d’ajouter que le musée a choisi de célébrer le 6 Octobre avec des armes modernes de la fin de l’époque ottomane et du début du règne de Mohamad Ali. « Chaque pièce a son histoire, racontée au-dessous de la vitrine dans laquelle elle est exposée sur des pancartes bilingues en arabe et en anglais », ajoute Ezzat. La plupart de ces pièces sont couvertes d’or, d’argent ou de cuivre et étaient utilisées à l’occasion des festivités. « Le choix des pièces et la muséologie ont pris beaucoup de temps pour qu’elles soient adaptées à l’événement », dit-elle. Et d’expliquer que le département chargé des expositions temporaires a restauré et nettoyé ces pièces afin de mettre en avant leur beauté. « Je pense que les célébrations de la victoire d’Octobre sont une bonne occasion pour le retour des musées d’une part, pour promouvoir et sensibiliser les gens au rôle des musées, d’autre part », conclut la directrice du musée.

Si les musées du Palais de Manial et de Gayer Anderson organisent des expositions temporaires, d’autres musées se sont limités à exposer une ou deux pièces. Le Musée de Kom Ouchim dans le gouvernorat du Fayoum a choisi par exemple une pièce en relation avec la vie militaire. Il s’agit d’un bateau avec des soldats équipés d’armes. « La statue de la déesse Sékhmet, divinité de la guerre à tête de lionne, ainsi que la statue du roi guerrier Thoutmosis III font partie des pièces du mois d’octobre exposées au Musée de Mallawi et au Musée national d’Alexandrie », indique Osman. Quant au Musée d’art islamique, il expose une collection d’uniformes de guerriers, de casques, d’armes et de boucliers remontant à différentes époques islamiques.

Ibrahim pacha en quelques lignes

Ibrahim pacha en quelques lignes

Né à Kavala en Macédoine orientale, Ibrahim pacha est arrivé en Egypte à 16 ans lorsque son père a pris le pouvoir. En 1816, il succède à son frère Tousson au poste de commandant de l’armée égyptienne d’Arabie. Il mène les combats contre les Mamelouks, définitivement écrasés en 1811, puis de 1816 à 1818 contre les Wahhabites, en Arabie saoudite, qui menaçaient la puissance ottomane au Moyen-Orient. Il inflige plusieurs défaites consécutives aux troupes ottomanes en envahissant la Syrie et la Palestine, s’emparant de Gaza et de Jaffa. En 1824, lors de la guerre menée par l’Empire ottoman contre la Grèce, qui voulait son indépendance, Ibrahim pacha, bénéficiant d’une supériorité numérique et d’un armement plus important, remporte la victoire sur les Grecs et met fin à leur révolte. Ibrahim pacha se consacre également aux affaires internes en Egypte. Il effectue une visite en Europe quelques mois avant sa mort où il est reçu avec respect comme un homme de guerre. Il est nommé vice-roi en 1848 mais quelques mois plus tard, il meurt le 10 novembre, à l’âge de 60 ans, avant son père Mohamad Ali pacha.

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