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Sainte-Catherine bientôt destination touristique mondiale

Doaa Elhami, Mardi, 18 août 2020

Un projet de réaménagement global de la ville de Sainte-Catherine vient d’être lancé afin de transformer la ville en une destination touristique internationale, le tout sans nuire à sa nature architecturale et urbaine. Explications.

Sainte-Catherine bientôt destination touristique mondiale

La villede Sainte-Catherine sera réaménagée pour devenir une destination touristique internationale. Un projet de réaménagement global de la ville, dont les étapes ont été discutées le mois dernier, vient d’être lancé. Le développement de la ville commencera par l’aéroport dont le réaménagement coûtera 1 milliard de L.E. « La superficie de l’aéroport sera doublée, une salle sera consacrée aux départs et une autre aux arrivées. L’aéroport fonctionnera 24h/24 et sa capacité sera augmentée pour inclure les vols internes et internationaux, et les services présentés aux passagers seront améliorés », a expliqué le ministre de l’Aviation, Mohamad Enaba. Et d’ajouter qu’un système de surveillance sera installé et couvrira l’ensemble de l’aéroport. Un tel développement encouragera les vols touristiques vers la ville de Sainte-Catherine.

Outre l’aéroport, le monastère de Sainte-Catherine et ses alentours seront également réaménagés. Les travaux coûteront 40 millions de L.E. Le ministère du Tourisme et des Antiquités va poursuivre les travaux de restauration de la partie ouest de la bibliothèque du monastère considérée comme la deuxième plus importante bibliothèque au monde, après celle du Vatican, vu l’importance de ses 4 500 manuscrits dont les plus anciens datent du IVe siècle. « Nous avons déjà terminé la restauration de la partie est de la bibliothèque il y a trois ans et il faut continuer les travaux », souligne Abdel-Réhim Rihan, directeur général des recherches au ministère du Tourisme et des Antiquités.

Les circuits touristiques vont également changer. Désormais, le visiteur devra franchir le seuil du monastère par la porte du mur nord-est pour suivre l’un des trois trajets proposés par le ministère du Logement et des Agglomérations urbaines. Le premier trajet, nommé « Au carrefour des religions et des civilisations », comprend une visite de la vallée sacrée où se trouve l’arbre béni et où Dieu se révéla à Moïse. Dans cette vallée, le visiteur peut voir le puits de Moïse et l’église de l’arbre béni, appelée aussi l’église de la parution et qui se trouve à l’intérieur de l’église principale du monastère. « L’autel de cette église est couvert de l’une des plus belles mosaïques du monde qui date du VIe siècle », souligne Abdel-Réhim Rihan. Dans l’église de la parution, les moines ont découvert au XIe siècle les reliques de sainte Catherine (voir encadré). Après la visite de la vallée sacrée et des églises, le circuit dirige le visiteur vers la mosquée fatimide, construite en 1106, qui se trouve dans la même région. Pour éviter la grande densité des visiteurs, le chercheur en archéologie du Sud-Sinaï, Osama Saleh, propose d’installer à l’entrée du monastère de grands écrans pour projeter des informations historiques documentées sur le monastère et ses trésors.

Des sites variés

Sainte-Catherine se distingue par ses vallées, ses montagnes et ses nombreux paysages : plantes, arbres, animaux et créatures diverses. Cette richesse de la faune et la flore fait d’elle une région très particulière. Raison pour laquelle Sainte-Catherine est inscrite sur la liste de l’Unesco en tant que réserve naturelle mondiale depuis 2002. Le ministère du Logement et des Agglomérations urbaines a proposé, dans le cadre du projet de réaménagement de la ville, un deuxième circuit touristique qui a pour nom « La voie du Sinaï pour les safaris et les aventures ». Le circuit propose la visite de plusieurs montagnes comme la montagne de la parution, le mont Moïse et le mont Al-Sefsafa. Des excursions pour les amateurs d’aventures en 4X4 et des soirées avec les bédouins seront organisées pour attirer les touristes. Le troisième circuit de visite est nommé « Le tourisme naturel et historique » et consistera à visiter différentes vallées de la ville de Sainte-Catherine. Parmi les vallées les plus renommées figure celle d’Al-Raha (le repos) qui a une valeur historique et archéologique, puisque c’est dans cette vallée que se trouve la tombe symbolique du prophète Haroun, frère du prophète Moïse. « On l’appelle la vallée du repos parce que, selon les récits historiques, la famille du prophète Moïse s’y était reposée », souligne Osama Saleh. La vallée du repos est aussi connue pour la présence d’un lieu de détente où se rendait l’ancien président Anouar Al-Sadate. Restauré et inauguré l’an dernier, ce lieu de détente sera transformé en musée en coopération avec la famille de l’ancien président pour sélectionner les pièces qui y seront exposées. Ce musée renfermera le bureau de Sadate, sa chambre, sa pipe et son Coran privé. Ajoutons encore une toile et un buste en bronze représentatif de l’ancien président. La position géographique de cette vallée lui donne une grande importance, car elle est située près du monastère, de la montagne de la parution et des autres atouts touristiques. « Cette vallée est un lieu idéal pour créer un projet touristique complet », avait annoncé le premier ministre, Moustapha Madbouli, lors de sa visite de la région.

Outre les différents circuits qui seront créés pour répondre aux différents goûts touristiques, le réaménagement va s’étendre à la région des bazars qui devrait contenir divers produits bédouins. Le site sera enrichi de panneaux pour faciliter la circulation des touristes. Il y aura aussi des véhicules électriques pour transporter les visiteurs vers l’entrée du monastère de Sainte-Catherine, et ce, sans oublier la construction d’une route consacrée aux piétons et une autre pour les dromadaires. Les points de surveillance seront par ailleurs renforcés et les caméras du monastère rénovées. D’autres caméras seront installées aux sommets des montagnes afin de renforcer la surveillance. « Le renforcement du système de surveillance permettra la visite de plusieurs sites archéologiques byzantins inscrits dans les registres du ministère du Tourisme et des Antiquités et qu’on évitait de visiter à cause de l’insécurité dans ces régions », affirme Osama Saleh.

Vu la valeur de la cité sur les plans religieux, culturel, écologique, archéologique et patrimonial, le projet de réaménagement sera mené en étroite coopération avec les habitants et les bédouins, et ce, sans nuire à la nature urbaine et architecturale de la région.

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