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Ressusciter l'Histoire

Nasma Réda, Mardi, 07 juillet 2020

Après trois ans de restauration, le Palais du Baron Edouard Empain ouvre ses portes au public en tant que musée retraçant l’histoire de la banlieue d’Héliopolis.

Ressusciter l

Il se dresse somptueusement rue Salah Salem à Héliopolis. Son architecture et sa couleur rouge brique attirent les regards et donnent envie aux passants de découvrir ses secrets et les légendes qui l’entourent. C’est le Palais du Baron Edouard Empain, ce riche ingénieur belge fasciné par l’Egypte. Il a construit son palais à quelques kilomètres du Caire khédivial, dans l’oasis d’Héliopolis (Cité du soleil). Les murailles du palais guident le visiteur au guichet, situé dans un bâtiment autrefois réservé aux serviteurs du baron et de sa famille. En traversant les portes électroniques, on est fasciné par l’esthétique du palais. On a la sensation de remonter le temps et d’atterrir dans ce monde fascinant du début du XXe siècle. Dans le jardin du palais, le visiteur est accueilli par un wagon de tramway de couleur rouge, ce tramway qui a fait la célébrité de l’ancienne Héliopolis. Une pancarte explique : « Voiture de tramway au jardin du palais du roi des tramways ». La fondation de la première société franco-belge de chemins de fer électriques en Egypte a eu lieu en 1905 lorsque le baron Empain obtient l’autorisation du gouvernement égyptien d’établir la société. Une relation d’amitié le lie à Boughos Noubar pacha, qui était le fils du premier ministre égyptien de l’époque et qui deviendra le directeur de la société. Celle-ci achète 6 000 feddans de terrains pour fonder une banlieue de luxe à la parisienne.

Après avoir traversé le vaste jardin qui s’étend sur 12 000 m2, on arrive au palais, ouvert pour la première fois au public. Deux dragons se trouvent sur les deux côtés de l’entrée. Des statues de danseuses hindoues, d’éléphants, et des reproductions de Bouddha décorent les murs et les barrières externes du palais. Inspiré du temple d’Angkor Vat au Cambodge et des fabuleux temples hindous de l’Orissa, le palais est l’oeuvre exceptionnelle de l’architecte français Alexandre Marcel. Premier de son genre en Egypte, le palais est finement construit suivant les procédés révolutionnaires de l’époque. Les travaux de construction ont duré de 1905 à 1911.

On est vite fasciné par les éléments décoratifs. Des statues en marbre blanc se tiennent fièrement dans les quatre coins du palais, conçues par les architectes français Antoine Garnaud et Antoine Mercié. Chaque statue représente une légende. Le baron les avait vues dans une exposition parisienne en 1900 et a ordonné de les importer pour sa résidence.

Les grandes portes du palais s’ouvrent sur un vaste vestibule. Là, une exposition raconte, à travers des photos en noir et blanc, des documents, des plans et des cartes jaunis par le temps, la naissance de ce lieu mythique. « Bienvenue au rêve du baron », dit une pancarte. Les cheminées de différentes formes et tailles, les colonnes de marbre surplombées de statues de Bouddha et les motifs ornementaux au plafond et sur les murs frappent par leur beauté.

L’absence du mobilier d’origine du palais, vendu dans les années 1950 à des personnalités arabes qui ont acheté le palais aux héritiers, n’enlève rien au charme du lieu. Dans la salle de réception au rez-de-chaussée, on voit les portraits des architectes qui ont bâti Héliopolis. Voici Edouard Empain lui-même en compagnie de Noubar pacha, voici les architectes français et leurs assistants belges ou français. Il y a aussi un portrait de Habib Ayrout, le seul ingénieur égyptien qui faisait partie de la Cairo Electric Railways and Heliopolis Oasis Company.

Le rez-de-chaussée, divisé en trois salles, montre, à travers des pancartes, des illustrations et des films documentaires comment le baron Empain a transformé cette oasis désertique en une véritable banlieue baptisée Misr Al-Guédida ou la Nouvelle Egypte. Il l’a dotée de toutes les commodités et l’a reliée au Caire khédivial par une ligne de chemin de fer électrique.

Un créateur de génie

Le palais conserve toujours des éléments architecturaux qui étaient révolutionnaires à l’époque comme la grande tour de 30 m de haut, les ascenseurs guidant jusqu’au toit du palais, ainsi que les taches décoratives qui montrent la créativité d’Empain. D’énormes légendes ont été tissées autour de ce palais. On a dit par exemple qu’il est lié par un tunnel d’un kilomètre à la basilique où est enterré Edouard Empain. Après sa mort en 1929 en Belgique, la dépouille d’Empain a été transportée et enterrée à la basilique de la rue Al-Ahram à sa demande, car il voulait être près de ses projets et de sa banlieue. Son fils a été également enterré en 1945 auprès de son père.

L’exposition clarifie d’autres légendes liées à l’édifice comme le fait que de la musique y soit entendue chaque nuit, le fait qu’il soit hanté, ou encore le fait que sa grande tour tourne suivant les rayons du soleil. Avant d’accéder au premier étage, le visiteur a la chance de connaître l’histoire d’Héliopolis à travers 16 photos accrochées aux murs.

Un escalier de forme spirale guide le visiteur au premier étage composé de quatre pièces. Chaque pièce possède une terrasse et une salle de bains. C’est là que le parcours de l’exposition commence. Des documentaires diffusés au fur et à mesure et des pancartes en noir et blanc retracent les étapes de construction de la banlieue héliopolitaine. Quant au toit-terrasse, le visiteur y accède par un escalier en bois toujours de forme spirale. Le toit est d’une beauté exceptionnelle et est doté de magnifiques motifs décoratifs. Arrivé à la terrasse, le visiteur se trouve devant une vue panoramique de la cité. Après une balade d’une heure ou plus, le visiteur finit par se retrouver à nouveau dans le jardin du palais à contempler la beauté et l’ambiguïté de cet édifice. Il peut siroter une bonne tasse de café dans cette ambiance du siècle dernier créée par la présence des voitures de luxe de type Rolls Royce de 1945 ou Mercedes de 1953 présentées par la compagnie Egypt Gold, pour être exposées au palais du baron.

Informations pratiques

Horaires des visites : de 9h à 16h

Prix des billets :

Adultes égyptiens : 20 L.E.

Adultes étrangers : 100 L.E.

Enfants égyptiens : 10 L.E.

Enfants étrangers : 50 L.E.

Panorama : Egyptiens : 20 L.E.

Etrangers : 50 L.E.

Caméra : 50 L.E.

Séances de photos : 800 L.E.

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