Situé sur la rive ouest du Nil à Nag Hammadi, dans le gouvernorat de Qéna en Haute-Egypte, le complexe du palais du prince Youssef Kamal a été inauguré après de minutieux travaux de restauration, menés par le ministère des Antiquités pendant près d’un an. « Le palais du prince était très détérioré. Des motifs architecturaux étaient abîmés et les murs fissurés. Quant au plafond en bois, il était dans un état déplorable », explique Waad Abdel-Aal, chef du secteur d’ingénierie au ministère des Antiquités.
Le complexe du prince Youssef Kamal, bâti dans un style néo-islamique, est constitué de plusieurs édifices. Trois palais principaux sont entourés d’autres bâtiments connectés comme ceux abritant la salle à manger et la cuisine, et celui des ouvriers et des travailleurs du palais.
C’est l’architecte italien Antonio Lasciac, nommé par le khédive Abbas Helmi comme chef architecte des palais khédiviaux, qui avait construit ce complexe qui s’étend sur une surface de 10 feddans. « Bien que les décorations du plafond soient noires de poussière et de fumée, on a pu les restaurer pour qu’elles reprennent leur beauté d’antan », souligne Abdel-Aal, ajoutant que les travaux ont été faits par des restaurateurs habiles et selon des méthodes scientifiques modernes. « Nous avons divisé notre travail en deux phases dont la première comprenait la restauration du palais principal, celui d’Al-Salamlek, le bâtiment de la salle à manger et de la cuisine et leurs annexes, ainsi que le travail dans le jardin. Alors que la deuxième phase se concentrait sur Al-Haramlek (consacré aux princesses) », explique Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). Le coût des travaux de restauration, de nettoyage et de réaménagement du complexe de Youssef Kamal a atteint 31 millions de L.E. dont 7 millions versés par le ministère égyptien de la Planification.
« Ce palais a gravement souffert surtout ces dernières années, pendant lesquelles près de 300 pièces antiques ont été volées dont des pièces de monnaie, des armes, des statuettes, des ustensiles de cuisine et autres », affirme Waziri, ajoutant qu’après avoir récupéré ces pièces, le ministère les a déposées ainsi que les meubles du palais dans les entrepôts du Musée agricole situé non loin du palais. Et un mois avant l’ouverture, les responsables ont rangé 500 pièces de la collection du prince dans des vitrines et les meubles ont été remis à leur place, pour transformer ce palais en musée qui raconte une partie de l’histoire moderne de l’Egypte.
Histoire d’un palais
Le prince Youssef Kamal avait l’habitude de passer l’hiver en Haute-Egypte. Sur la rive ouest du Nil, il a commencé la construction de son palais en 1908, et l’a achevé 13 ans plus tard. Un palais reconnaissable par sa façade de briques couleur rouge ocre, décorée de céramiques.
Dans la même enceinte, près du palais principal, le prince a bâti Al-Haramlek pour sa mère et ses soeurs. Ce dernier est un bâtiment de deux étages connu par son ascenseur en bois installé spécialement pour sa mère souffrant d’une maladie cardiovasculaire. Le troisième palais est Al-Salamlek utilisé pour les réunions et l’accueil des invités. Ce palais a été victime d’empiètement d’organismes gouvernementaux qui ont occupé une partie de sa superficie. « C’est en 1988 que le ministère des Antiquités a classé le palais sur la liste du patrimoine égyptien islamique. Et au début du XXIe siècle, le ministère des Antiquités a réussi à récupérer quelques parties du terrain du palais », souligne Waziri.
Un prince passionné d’art
Le prince Youssef Kamal était l’arrière-petit-fils de Mohamad Ali. Passionné d’art, il a fondé l’école des beaux-arts du Caire en 1905 qui s’est transformée trois ans après en faculté. Il a également fondé l’Association des amoureux des beaux-arts en 1924. Il était le troisième doyen de l’Université du Caire et a assisté à la fondation de l’Académie égyptienne des beaux-arts à Rome. Il est un collectionneur de pièces antiques et un admirateur de la culture et de l’architecture islamiques. Il a parcouru le monde pour collectionner des oeuvres artistiques rares, qui sont présentées dans les collections de ses trois palais à Alexandrie, à Matariya au Caire et à Nag Hammadi.
« Avant sa mort, le prince Youssef Kamal a demandé que les oeuvres soient données au Musée d’art islamique du Caire », raconte Ayman Aboul-Wafa, directeur d’administration des antiquités à Qéna. Plusieurs objets qu’il possédait se trouvent aussi actuellement au palais présidentiel de Abdine au Caire et au Musée royal de la bijouterie à Alexandrie.
Intéressé aussi par l’agriculture et l’industrie, le prince Youssef Kamal a contribué au développement de la Haute-Egypte, en particulier à Qéna, où il a construit des écoles et des hôpitaux, et a travaillé à l’introduction de méthodes agricoles modernes pour améliorer l’agriculture dans la région.
Il était passionné de chasse, raison pour laquelle il a voyagé dans plusieurs pays africains. Il a offert au Musée de l’agriculture du Caire une vaste collection d’oiseaux momifiés et de plusieurs espèces d’animaux. Le Musée de Manial au Caire possède également une vaste collection d’animaux et d’oiseaux momifiés, tous ayant appartenu à Youssef Kamal. Et la bibliothèque de l’Université du Caire possède aussi de nombreux livres offerts par le prince.
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