Situé à 60 km au nord des temples de Karnak à Louqsor, le temple de Dendara, aussi appelé « temple d’Hathor », sert de scène à différentes activités culturelles. La première édition du Festival de musique de Dendara y a été tenue la semaine dernière, de même que les célébrations de la Fête nationale du gouvernorat de Qéna (Haute-Egypte). Ces manifestations ont coïncidé avec la fin des travaux de restauration et de réaménagement effectués dans le temple ainsi que sa réouverture.
« Un musée en plein air a été créé dans la grande cour, devant le temple », déclare Abdel-Hakim Al-Saghir, directeur du temple d’Hathor auprès du ministère du Tourisme et des Antiquités, qui préfère parler de « complexe » de Dendara. Le temple s’étend sur une superficie de 40 000 m2 et est entouré d’un mur en brique crue de 10 m de haut. Il renferme plusieurs fondations remontant à différentes époques, dont la plus ancienne date de la Ve dynastie, alors que la plus récente remonte à l’époque romaine. « Bien qu’on y trouve des vestiges de l’Ancien Empire, où apparaît le nom du roi Pépi, d’autres du Moyen Empire et aussi le mammisi — soit la maison de naissance— de Nectanebo de la XXXe dynastie, soit l’époque tardive, le temple de Dendara est considéré comme un temple ptolémaïque-romain », explique Al-Saghir. Il ajoute que la création d’un temple dédié à la déesse Hathor, déesse de l’amour, de la beauté et de la musique, a commencé vers 116 av. J.-C.
Le musée en plein air comprend de nombreux objets remontant à différentes époques et trouvés au sein du temple. « Le ministère des Antiquités, en coopération avec la mission française qui opère depuis les années 1990 dans le sanctuaire, a placé environ 145 pièces sur 10 mastabas et des piédestaux », indique Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). Parmi les pièces exposées figure une statue du dieu Bès, protecteur des enfants du temple de Dendara, et deux autres de Horus. Il y a aussi les sept vaches représentant les nourrices de l’enfant royal ainsi que des chapiteaux portant le visage d’Hathor, représentée sous la forme d’une belle femme couronnée du disque solaire cerné de deux cornes de taureau.
Des génies en astronomie
Selon Waziri, le nouveau musée et les travaux de restauration effectués dans le temple de Dendara s’inscrivent dans le cadre d’un grand projet lancé il y a deux ans, visant à développer et à exploiter les sites patrimoniaux dans le but d’attirer plus de touristes. Un nouveau système d’éclairage a été installé. « Grâce à cet éclairage, la beauté du temple peut être admirée de jour comme de nuit », se réjouit le directeur du site.
Avant la tenue du festival de musique, les responsables du ministère du Tourisme et des Antiquités ont éliminé les plantes épineuses qui recouvraient une grande partie de la cour du temple et différents endroits du sanctuaire. Ils ont aussi tracé des allées confortables pour les visiteurs. « L’équipe de travail du ministère a terminé la restauration et nettoyé la suie qui recouvrait le plafond de la première salle hypostyle, qui comprend 24 colonnes de 23 m de haut chacune », explique Aymane Hindi, directeur des antiquités du gouvernorat de Qéna. Il explique que les travaux qui ont commencé dans la deuxième salle sont quasi terminés en plus des chambres annexes, des dromos (couloirs) et des escaliers. Quatre dromos sont ouverts au public. « Bientôt, la partie supérieure du temple ainsi que les 9 dromos restants seront aussi accessibles aux visiteurs », explique-t-il, tout en notant qu’il s’agit d’un projet à long terme et qui vise à faire du temple de Dendara une destination importante sur la carte touristique égyptienne.
Le temple de Dendara constitue l'un des complexes religieux les plus remarquables de toute l’Egypte. Il est l’un des seuls sanctuaires en Egypte à avoir préservé tous ses éléments architecturaux, ce qui explique le caractère exceptionnel de ses inscriptions et scènes. Les parois du temple sont très riches en inscriptions. On y trouve des inscriptions illustrant des rites autour de la naissance, des offrandes et aussi des rites funéraires.
D’autres scènes montrent des instruments chirurgicaux ou encore des instruments de musique utilisés à l’époque. « Ce temple montre le génie des Anciens Egyptiens en astronomie. Le plafond de la salle hypostyle est gravé de représentations astronomiques qui montrent le trajet du soleil et celui de la lune, pour déterminer les saisons, les mois de l’année et les jours de la semaine, afin d’établir un calendrier précis des fêtes religieuses. On suivait aussi avec attention le mouvement des étoiles », indique Hindi, qui ajoute que les visiteurs se rendent spécifiquement au temple pour admirer ces représentations.
Un exemple d’architecture antique
Dendara était la capitale du VIe nome (division administrative) de Haute-Egypte et se situe sur la rive gauche du Nil. La visite de ce complexe de culte commence par la grande porte, décorée de la triade sacrée des dieux Hathor, Horus et Isis, datant de l’empereur romain Trajan (98-117). En traversant cette porte, à droite, on tombe sur le mammisi romain d’Auguste, puis sur une église copte du Ve siècle en forme de basilique.
Vient ensuite le grand édifice du temple d’Hathor, constitué d’une salle hypostyle, suivie de la salle dite « de l’apparition », puis de celle des offrandes, renfermant des annexes de chambres, des dromos et des naos. Vers le fond se trouvent les chapelles. « Dans l'une de ces chapelles figure la copie du célèbre Zodiaque, dont l’original en grès a été offert par la famille alide au gouvernement français et est exposé depuis 1918 au Musée du Louvre », souligne le directeur des antiquités de Qéna.
Une des inscriptions les plus belles se trouve sur la façade sud du temple d’Hathor, où l’on voit la reine Cléopâtre et son fils Césarion devant les dieux Hathor et Horus et leurs fils Ihy et Hor-Semataouy. Dans les environs du temple se trouve le mammisi de Nectanebo, la chapelle de la barque, le lac sacré et le temple d’Isis.
Dendara, comme les autres temples ptolémaïques, construits pour la plupart en grés, est un bel exemple d’architecture égyptienne antique et en excellent état de conservation. « Sa visite permet d’imaginer la vie au sein d’un temple égyptien à l’époque de sa splendeur », conclut Hindi.
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