83 tombes remontant à la période prédynastique ont été découvertes sur le site archéologique de Kom Al-Khelgan dans le gouvernorat d’Al-Daqahliya, à 140 km au nord-est du Caire. Une mission archéologique égyptienne du Conseil Suprême des Antiquités (CSA) opère sur ce site depuis plusieurs années. « La mission a pu identifier 80 tombes qui datent de la première moitié du IVe millénaire av. J.-C. Cette époque est connue des historiens comme étant celle de la civilisation de la Basse-Egypte ou la civilisation de Bouto », explique Moustapha Waziri, secrétaire général du CSA. A noter que Bouto était un site important de la Basse-Egypte qui en est devenu la capitale durant la période pré et protodynastiques (IVe millénaire). A cette époque, la ville était l’un des sites sacrés les plus importants du Delta. « Les trois autres tombes remontent à l’ère de Nagada III, celle-ci est nommée par les égyptologues la dynastie 0, qui comprend les rois ayant régné avant Narmer », indique-t-il.
Au sein des trois dernières tombes, les archéologues ont découvert deux sarcophages en argile dans lesquels les squelettes des défunts se trouvaient en position « accroupie » et entourés de mobiliers funéraires et de pots de différentes tailles. « Bien qu’une mission archéologique polonaise ait pu mettre au jour, il y a cinq ans, des cercueils semblables à Tell Al-Farkha, toujours dans le gouvernorat d’Al-Daqahliya, c’est la première fois qu’on trouve sur le site de Kom Al-Khelgan des sarcophages pareils en argile remontant à cette époque », explique Waziri.
Pour sa part, le directeur général des sites archéologiques du gouvernorat d’Al-Daqahliya et chef de la mission, Al-Sayed Fathi Al-Talhawi, assure que les 80 tombes sont creusées dans une couche de sable, et prennent presque toutes la forme ovale. D’ailleurs, certaines pièces d’antiquité datant de la IIe période intermédiaire (du XIVe jusqu’à la XVIe dynastie) ont également été découvertes. « Cela indique que cette nécropole a été réutilisée après presque 1 500 ans », ajoute-t-il. Parmi ces pièces figurent certains fours, des poêles ainsi que des vestiges en brique crue. « La mission a constaté que parmi ces tombes, il y en a quatre qui appartiennent à des enfants et le reste à des adultes », indique Al-Talhawi.
Selon lui, des poteries, des ustensiles en pierre, des amulettes et d’autres pièces ornées de pierres semi-précieuses ont été également trouvés, dont certains décorés d’or. « De même, la mission a trouvé deux silos de stockage en pierre, dont un de forme rectangulaire et l’autre circulaire dans lesquels les archéologues ont pu découvrir des restes d’aliments, notamment des grains broyés », renchérit Ayman Achmawy, chef du secteur des antiquités égyptiennes au ministère du Tourisme et des Antiquités. Selon lui, les fouilles n’ont pas été faciles vu les formes et tailles différentes des tombes de différentes époques.
Cette mission archéologique avait découvert, pendant la saison 2019, une nécropole datant de la IIe période intermédiaire (vers 1790-1543 av. J.-C.) ainsi qu’une vingtaine de sépultures datant de la période prédynastique ou de Nagada III (environ 3200 à 3000 av. J.-C.). Ces tombes renfermaient des restes d’animaux et des fragments de vases en céramique noire et en terre cuite portant des inscriptions et des décorations typiques de la période où l’Egypte était gouvernée par les Hyksôs.
Cette récente découverte est une excellente occasion de développer de nouvelles connaissances sur les sociétés préhistoriques vivant en Basse-Egypte, 1 000 ans avant la 1re dynastie (de 3150 à 2850 av. J.-C.). « Ces fouilles laissent à penser que des hommes habitaient Kom Al-Khelgan au nord du gouvernorat d’Al-Daqahliya longtemps avant la construction de la plus ancienne pyramide », conclut Al-Talhawi. Il affirme que les fouilles se poursuivront dans les prochaines saisons, afin de dévoiler les mystères de ce site archéologique important.
Lien court: