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Monde islamique : Plus de 100 nouveaux sites à valoriser

Doaa Ellami, Mardi, 28 janvier 2020

L’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (Isesco) a inscrit récemment plus d’une centaine de nouveaux sites sur sa liste du patrimoine. Focus sur les efforts menés par cette organisation pour protéger, préserver et conserver les trésors du monde islamique. Dossier.

Monde islamique : Plus de 100 nouveaux sites à valoriser

128 nouveaux sites ont été inscrits récemment sur la liste du patrimoine à préserver dans le monde islamique, créée par l’Isesco (Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture). C’est un sacré bond en avant, car avant ce dernier enregistrement en décembre 2019, seuls 5 sites y étaient inscrits : Al-Deir Al-Ahmar en Egypte, un site au Mali et 3 autres en Iraq.

En 2007, une nouvelle convention est mise en place pour faciliter le travail de conservation mené par l’Isesco. Mais c’est cette dernière année que la nouvelle direction de l’organisation a vraiment mis un coup d’accélérateur pour l’enregistrement d’un grand nombre de sites, qui sont désormais 133 au total.

Parmi ceux-ci, la citadelle Ajloun en Azerbaïdjan, la cité Sfax et la synagogue de Sousse en Tunisie, le pont de Harba en Iraq, les murailles de Sordi et les ruines de Téhini, tous deux en Côte d’Ivoire.

En vue du nombre important de sites à répertorier, de nouvelles classifications ont été créées comme la liste des sanctuaires dans le monde islamique qui abrite notamment la mosquée de La Mecque (Kaaba) et celle du prophète à Médine en Arabie saoudite et la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.

Monde islamique : Plus de 100 nouveaux sites à valoriser

Des sites industriels sont aussi concernés comme d’anciennes gares, des trains et des locomotives. La ligne de chemin de fer du Hégaz, en Arabie saoudite, est désormais répertoriée comme appartenant au patrimoine du monde islamique. Pour encourager les pays membres de l’Isesco à s’y inscrire, le directeur général, Dr Salim Bin Mohamed AlMalik, a invité les ministres de la Culture à poursuivre la constitution de nouveaux dossiers, concernant aussi bien des sites religieux, industriels ou naturels.

AlMalik a alerté les pays membres sur la menace de disparition, de destruction et de pillage d’une grande part du patrimoine du monde islamique. Comme il le rappelle, ces sites sont déjà inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. « Trente-sept sites sur cinquante-quatre, soit environ 70% du total des sites en péril dans le monde », peut-on lire sur le site officiel de l’Isesco. « Mais le nombre de sites patrimoniaux du monde islamique inscrit est très modeste », regrette Belal Al-Chebbi, expert en patrimoine à l’Isesco. « C’est un grand défi pour nous. Ce qui nous manque, c’est du personnel qualifié », explique-t-il. C’est pour cette raison que sur les 128 sites répertoriés, beaucoup ne sont pas encore sur la liste finale, mais sur la liste indicative, répertoriant les sites dont les dossiers ne sont pas complets. « Pour combler toutes ces lacunes et renforcer les capacités du personnel, l’Isesco organise des sessions de formation intensive pour les cadres des Etats membres afin de leur permettre de préparer des dossiers de candidature solides », explique Al-Chebbi. L’Isesco intervient sur le terrain à la demande des pays membres, à l’exemple de la République du Yémen qui a sollicité son intervention pour sauver plusieurs sites de son patrimoine en péril. Ainsi, une commission technique d’experts s’est rendue sur place pour aider les autorités à inscrire davantage de sites sur la liste et ainsi pouvoir lancer ultérieurement des travaux de restauration.

Coopérer plus avec l’Unesco

« L’inscription d’un site sur la liste du patrimoine du monde islamique est la première phase de sa valorisation », ajoute Al-Chebbi. L’Isesco intervient ensuite si besoin pour des travaux de restauration. « Le meilleur exemple est notre action sur la maison de l’érudit Abdel-Rahman Ibn Khaldoun à Tunis », a annoncé AlMalik, à l’occasion de la 11e Conférence islamique des ministres de la Culture, tenue en décembre dernier à Tunis. L’Isesco a en effet accordé 700000 dollars pour restaurer la maison « en vue de la transformer en un musée consacré à ce grand érudit ». L’Isesco intervient aussi pour former sur place du personnel, issu de la communauté locale ou intervenant dans des ONG, afin qu’il puisse travailler sur la valorisation des sites.

Conserver les sites patrimoniaux dans le monde islamique nécessite une coopération de l’Isesco avec des organisations et des institutions internationales comme l’Unesco. A cet égard, le directeur général de l’Isesco, Dr Salim Bin Mohamed AlMalik, et la directrice générale de l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), Mme Audrey Azoulay, ont signé un accord pour renforcer la coopération entre les deux organisations. Cet accord est constitué de 5 programmes, dont la « préservation du patrimoine culturel dans le monde islamique et en Afrique, d’autant que ce continent, notamment ses pays défavorisés, constitue une priorité pour l’Unesco et comprend nombre d’Etats islamiques membres de l’Isesco », peut-on lire sur le site de l’Isesco.

Grâce à la nouvelle vision et les efforts de l’Isesco, la connaissance et la valorisation du patrimoine du monde islamique se diffusent. Sur Internet, on peut désormais consulter le « Portail des monuments historiques et des sites archéologiques dans le monde islamique » que comptent les Etats membres. Les incitant à communiquer un maximum sur les trésors que leur territoire abrite, à effectuer un travail de répertoriation exhaustif et à faire connaître à tous la richesse de ce patrimoine .

L’Isesco en quelques mots

Créée en mai 1982 par l’Organisation de la coopération islamique (CIO), l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (Isesco) installe son siège principal à Rabat, capitale du Royaume du Maroc. Elle regroupe 54 Etats islamiques couvrant quatre régions du monde: l’Afrique, l’Asie, le Moyen-Orient et l’Amérique du Sud. L’Isesco travaille sur le développement durable, l’autonomisation des femmes et des jeunes, les applications de l’intelligence artificielle, l’innovation sociale et technologique, le dialogue et la coexistence, et enfin la protection du patrimoine. L’Isesco réinvente continuellement ses moyens d’action pour mieux soutenir les pays du monde islamique, et ce, à travers des solutions durables, responsables, intelligentes et innovantes à fort impact sur les populations et en adéquation avec les besoins de chaque pays.

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