Plus de 600 000 touristes français ont visité l’Egypte en 2019, soit une hausse de 50 % en comparaison avec l’année qui la précède. Ce chiffre fait écho au nombre de touristes français qui avaient voyagé en Egypte en 2010, année record du tourisme égyptien. « C’est vrai que les touristes de toutes les nationalités sont de retour en Egypte, mais la présence des Français a fait un bond considérable. En réalité, cette hausse a commencé depuis 2017, quand la croissance du mouvement du tourisme français vers l’Egypte a atteint 148 %. Mais 2018 a été l’année de la reprise totale du tourisme français en Egypte. Une hausse qui s’est confirmée en 2019 , avec des chiffres proches de ceux d’avant la Révolution », explique Adel Al-Masri, expert du tourisme égyptien en France. Selon lui, 2020 s’annonce déjà aussi prometteuse. « Selon les voyagistes français, le pays est revenu au Top 10 des destinations touristiques prisées par les touristes de l’Hexagone », se réjouit Al-Masri. Avis partagé par Adel Zaki, tour-opérateur spécialiste du marché français, assurant que la roue a commencé à tourner avec force sur lemarché français. « Les efforts de promotion déployés par le ministère du Tourisme et des Antiquités ainsi que par les professionnels du secteur sur ce marché sont considérables, et les résultats sont satisfaisants », se félicite Adel Zaki. En réalité, pour attirer de nouveau les passionnés français en Egypte, le ministère du Tourisme et des Antiquités avait lancé une grande campagne de promotion et de communication en France en 2017. Cette campagne était programmée sur trois ans avec un budget de 70 millions de dollars. Elle avait pour objectif de rassurer les visiteurs, et vanter les atouts touristiques de la destination égyptienne, tout en mettant l’accent sur les sites historiques. « C’est une véritable opération de reconquête qui a réussi à attirer de nouveau les Français. Cette campagne qui se poursuit focalise d’abord sur l’héritage historique de l’Egypte, soit à travers la tenue d’événements culturels communs, les publicités directes dans les médias et les voyages d’orientation pour les professionnels du tourisme français en Egypte », indique Zaki.
Les Français, eux, sont friands d’histoires pharaoniques et de découvertes archéologiques. Le grand succès de l’exposition Toutankhamon — Le Trésor du Pharaon, tenue à Paris en 2019, en est une nouvelle preuve. En effet, elle est devenue l’exposition la plus visitée dans la capitale française, avec près de 1,4 million de visiteurs. Le directeur de l’exposition, Didier Fusillier, avait alors indiqué aux médias français que la fascination des Français pour l’Egypte antique était toujours bien « réelle ». D’ailleurs, « plus de 80 % du public de l’exposition étaient français », rappelle-t-il, tout en expliquant : « L'Expédition d’Egypte de Napoléon Bonaparte a façonné une vision très forte que nous avons de l’Egypte. Quand la France a aussi accueilli la momie de Ramsès II, la garde républicaine était au pied de l’avion. Mitterrand avait choisi une pyramide pour le Louvre. Cet amour de la France pour l’Egypte est ancien (…) ».
Un changement de tendance
Mais les touristes français, connus toujours par leur égyptomanie, ont marqué ces dernières années un certain changement de tendance, puisqu’un grand nombre d’entre eux, surtout les jeunes, optent actuellement pour des voyages vers les sites balnéaires égyptiens, notamment ceux de la mer Rouge. « L’Egypte est, en fait, la destination la plus prisée pour les Français en matière de plongée. Et les voyages à destination de Charm Al-Cheikh devraient fortement augmenter l’hiver prochain », reprend Adel Zaki, assurant que cela ne signifie pas pour autant qu’ils n’ont négligé ni les croisières sur le Nil, ni l’itinéraire touristique culturel. Pour sa part, Hossam Bédeir, membre de la Chambre des agences de voyages, explique que le plan de promotion du tourisme égyptien en France comprenait également des mesures visant à rendre le pays plus accessible et à développer les lignes aériennes. Le gouvernement avait alors proposé de faciliter le développement de vols charters. « Leur nombre a beaucoup augmenté au cours des deux dernières années. Des dizaines de vols partent de Paris, Nantes et Lyon à destination de Louqsor, Charm Al-Cheikh et Hurghada », indique Bédeir, ajoutant que les prix compétitifs des séjours sont devenus un atout de plus pour le tourisme égyptien. Bédeir met le point aussi sur un joyau qui devrait s’ajouter aux atouts touristiques de l’Egypte : le Grand Musée égyptien (GEM), situé près des pyramides de Guiza. « Ce musée, dont l’inauguration est prévue cette année, regroupera sous un seul toit près de 150 000 pièces antiques. Un trésor qui, avec les autres atouts du pays, assure à l’Egypte un avenir touristique encore plus épanoui », conclut Bédeir.
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