L’exposition « L’archéologie française en Egypte, recherche, coopération et innovation » s’inscrit dans le cadre de l’année France-Egypte 2019. Inaugurée le 18 décembre, elle doit durer 60 jours au premier étage du Musée égyptien du Caire. L’expo est organisée par l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO), avec la coopération d’autres instituts français travaillant en Egypte. 94 pièces d’antiquités y sont exposées. « Notre objectif est de refléter la richesse et la diversité des activités archéologiques françaises sur les sites égyptiens, de la préhistoire jusqu’à l’époque médiévale », souligne Laurent Coulon, directeur de l’IFAO. Il trouve que c’est une occasion pour exposer des pièces majeures, comme l’important lot de papyrus datant de la fin du règne de Chéops, provenant de Wadi Al-Jarf dans le désert occidental. Ces papyrus sont à ce jour les plus anciens jamais exhumés en Egypte.
« Certains de ces papyrus viennent d’être restaurés et seront exposés pour la première fois lors de cette exposition », affirme-t-il. D’autres pièces de différentes formes et tailles sont exposées. Parmi les plus récentes découvertes figure dans une grande vitrine la stèle de Tétiânkh, découverte en 2018 dans la nécropole d’Al-Assassif, qui se distingue par la qualité et la finesse de sa sculpture en relief. « Les pièces, rangées par ordre chronologique, soulignent la diversité des sites opérés par les Français et montrent le mode de vie des anciens Egyptiens. Le choix exceptionnel des pièces, dont certaines n’ont pas de pareil au monde, a un grand intérêt scientifique et muséographique », dit Coulon. Il donne l’exemple des deux consoles en bois de Baouît, qui datent de la première moitié du VIIe siècle apr. J.-C., et qui représentent l’archange Michel et l’archange Gabriel. Il y a aussi le magnifique sarcophage anthropoïde en bois appartenant à la dame Noub, du Nouvel empire, XVIIIe dynastie, découvert à Deir Al-Médina, l’un des plus anciens sites où travaillent les archéologues français.
L’exposition est placée dans une triple perspective : recherche, coopération et innovation. « La coopération avec l’Egypte occupe une place centrale dans nos activités. Il y a différentes formes de collaboration, notamment au niveau scientifique et au niveau de la formation des inspecteurs et des jeunes chercheurs égyptiens à l’archéologie et à l’épigraphie », explique le directeur de l’IFAO, qui fêtera en 2020 ses 140 ans d’existence et qui pilote 35 missions archéologiques françaises parmi une quarantaine qui travaillent en Egypte. Dans ce processus, les technologies innovantes ont un rôle fondamental et les archéologues français ont réalisé des avancées dans le domaine de l’archéométrie, des études des matériaux et de l’archéologie matérielle.
L’exposition dresse le panorama actuel de l’archéologie française en Egypte. Elle illustre également la coopération archéologique aussi ancienne qu’intense entre la France et l’Egypte et ses différentes concrétisations. La France est l’un des principaux partenaires de l’Egypte dans le domaine de l’archéologie avec 3 centres de recherche permanents : l’IFAO, le Centre Franco-Egyptien d’Etude des Temples de Karnak (CFEETK) et le Centre d’Etudes Alexandrines (CEA). Il y a également une cinquantaine de missions présentes chaque année sur le terrain, qui travaillent sous l’égide et en coopération avec le ministère des Antiquités. Au cours de l’exposition dans la salle 43, un film documentaire de 2 minutes retrace les divers endroits où opèrent les Français. Pour sa part, l’ambassadeur de France en Egypte, Stéphane Romatet, a indiqué que cette exposition « assure et renforce » les relations égypto-françaises dans le domaine archéologique. « Il y a plus de 200 ans, quelque chose de très spéciale est née entre la France et l’Egypte beaucoup plus qu’une relation diplomatique, beaucoup plus que la coopération dans divers projets, beaucoup plus qu’un partenariat. Ce qui rattache la France à l’Egypte c’est une passion réciproque. La France a la passion de l’Egypte, de son histoire prestigieuse, de ses sites uniques et de sa culture », assure l’ambassadeur. Et d’ajouter que la première page d’un livre d’histoire pour un élève français est celle des pyramides d’Egypte, donc pour un jeune Français, l’Histoire du monde commence par l’Egypte. « L’égyptologie est le moteur de cette passion française pour l’Egypte. Il suffit de regarder l’immense succès populaire de l’exposition Toutankhamon qui vient de s’achever à Paris avec 1 million et demi de visiteurs en 181 jours, un chiffre qui dit plus que tous les discours », affirme Romatet.
Selon lui, il y a 200 ans, les archéologues français sont venus en Egypte et ont consacré leur vie entière à cette science. « L’égyptologie française se porte bien. Elle continue à attirer de nombreux jeunes talents, preuve de cette fascination intacte pour l’ancienne civilisation égyptienne qui s’étend à tous les âges et à toutes les périodes de la préhistoire jusqu’à l’Egypte médiévale », affirme-t-il.
L’exposition comprend une trentaine de panneaux, où apparaissent de nombreuses photographies, cartes, plans et dessins illustrant les deux siècles de recherches archéologiques françaises en Egypte.
Le choix du lieu où se tient l’exposition n’est pas dû au hasard. « Le Musée égyptien du Caire, à la place Tahrir, est un symbole des relations égypto-françaises », souligne Khaled El-Enany, ministre égyptien des Antiquités. « Le musée a été conçu en 1900 par l’architecte français Marcel Dourgnon. Le buste et la tombe de l’archéologue français Auguste Mariette se trouvent dans le jardin du musée », ajoute-t-il. Il assure que cet événement vient clôturer une année culturelle franco-égyptienne riche.
A travers le catalogue de l’exposition qui sera vendu au public en français, en arabe et en anglais, le visiteur découvrira les champs de fouilles français ainsi que les programmes de recherche menés actuellement sur des monuments non seulement pharaoniques, mais appartenant à des vestiges datant de différentes époques. Le catalogue présente les institutions et les établissements français investis dans les opérations de terrain et les sites étudiés par les archéologues et les égyptologues, en coopération avec des partenaires égyptiens ou internationaux, sous l’égide du ministère égyptien des Antiquités.
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