Se détendre, s’accorder quelques instants de repos et reprendre son souffle à l’abri du rythme effréné du Caire. Même juste pour quelques heures. Il n’y a pas besoin de partir loin pour cela, puisque c’est possible au Musée de l’agriculture, dans le quartier de Doqqi, à Guiza. Ouverte le 9 novembre, « l’exposition des fleurs d’automne », organisée par le ministère de l’Agriculture, y accueille les visiteurs pendant 45 jours. « Organisée pour la première fois en Egypte, cette exposition présente aux visiteurs des plantes et des fleurs qui poussent en automne », explique Radwa Achraf, membre du département des relations publiques du musée.
Radwa indique que l’exposition permet aux visiteurs d’admirer des plantes de toute beauté aux feuilles colorées — jaune, rouge, orange et vert dans tous les tons — ainsi que de belles fleurs poussant en ce moment de l’année et dont on peut faire de merveilleux bouquets. C’est le cas de la poinsettia, ou « fille du consul », bien représentée dans l’exposition. « On l’appelle ainsi d'après de la fille du consul français qui vivait à Alexandrie lors de l’Expédition française et qui aimait beaucoup cette fleur », raconte Radwa.
Plantée au mois d’août, la poinsettia pousse et fleurit au cours des mois de novembre et de décembre et est utilisée dans les pays européens pour les décorations de Noël. Avec ses belles feuilles rouges et larges qui protègent la petite fleur multicolore, elle attire beaucoup de visiteurs à l’exposition. Elle a aussi inspiré beaucoup de peintres.
Roses égyptiennes
En se promenant dans les allées qui séparent les pavillons, le visiteur peut sentir l’odeur douce de la rose « baladi » (rose égyptienne), qui est peu cultivée au cours des dernières années. « Nous avons enfin pu recultiver avec densité cette espèce de fleur, qui était répandue autrefois en Egypte », se réjouit le jardinier Hussein. Et de souligner que les visiteurs aiment l’acheter, tout comme les plantes décoratives et aromatiques telles le jasmin et le jasmin d’Arabie. Mais de manière générale, selon lui, le nombre de visiteurs, et donc le taux de vente, est encore assez modeste par rapport à celui de l’exposition de fleurs, organisée au jardin d’Al-Orman chaque printemps.
Avis partagé par Medhat Al-Delae, un exposant spécialisé en cactus. Les visiteurs viennent davantage pour se divertir et se détendre que pour acheter. « Je trouve quand même beaucoup de plaisir à répondre aux clients, même s’ils ne vont rien acheter. Il me suffit qu’ils enrichissent leurs connaissances en matière de culture des cactus », souligne Al-Delae, expliquant qu’il existe plus de 24 000 espèces de cactus dans le monde. Le pavilloncomprend des espèces dont le prix ne dépasse pas les 10 L.E., tandis que d’autres valent plus que 10 000 L.E.
L’exposition attire des visiteurs de tout âge, chacun avec sa motivation particulière. Alya, par exemple, s’intéresse surtout aux plantes aromatiques et médicinales. « Je veux acheter une espèce de basilic appropriée aux aliments pour l’utiliser en cuisine », explique-t-elle, tout en défendant à son petit-fils de s’éloigner d’elle. Ce dernier, 5 ans et portable en main, prend des photos de la statue d’ibis qui orne l’un des pavillons.
Les exposants se sont servis des arbres historiques du musée pour leurs décorations. (Photo : Doaa Elhami)
En effet, certains exposants, dont le nombre total avoisine la centaine, ont décoré leur pavillon avec des statues ou des fontaines de toutes formes. « J’ai décidé d’orner le centre de mon pavillon d’un tronc artificiel surmonté d’un rocher. Une scène peu commune, qui surprend les visiteurs, surtout les jeunes », raconte Ahmad, exposant. D’autres pavillons sont décorés de manière tout aussi originale. Parmi les plus remarquables, celui de Ola et de Samah, qui rappelle la scène d’un mariage. Les visiteurs aiment d’ailleurs y prendre des photos. « L’aménagement décoratif des pavillons est excellent pour réaliser des scènes-photos magnifiques sans payer le moindre sou. Une bonne occasion, surtout pour les couples », se réjouit Radwa Achraf.
Si certains pavillons sont décorés de plantes artificielles, la plupart ont opté pour le naturel. Les exposants ont su exploiter la diversité des couleurs et des formes de fleurs. « Nous avons aussi inclus les arbres historiques du musée pour composer de belles scènes attrayantes », explique Moustapha, lui aussi exposant. Pour ce dernier, la présence de l’exposition de fleurs dans des bâtiments somptueux et historiques du Musée agricole augmente sa valeur esthétique.
Champignons et vers à soie
En plus de faire une belle promenade et d’admirer les fleurs, les visiteurs peuvent aussi poser leurs questions sur les plantes ou acheter divers produits. « Tous les exposants sont innovants dans leur domaine, qu’ils soient experts en cactus, en plantes aromatiques ou en palmiers, ou encore en miel ou en huiles et herbes médicinaux », reprend Radwa. Et de préciser que l’exposition offre aussi une variété de produits biologiques en provenance des quatre coins de l’Egypte. Il y a des produits de Nubie, une grande variété de miel, des produits de l’oasis de Siwa ainsi que des huiles médicinales et cosmétiques.
Une présence plus insolite est celle de champignons cultivés sans la moindre intervention chimique ainsi que les éléments indispensables pour la production de fils de soie naturelle. « Beaucoup d’enfants aiment voir les vers à soie et les toucher. Quant aux adultes, ils aiment prendre dans leurs mains les cocons et les fils de soie. Ils se souviennent des marchands qui vendaient les vers à soie auprès des portes de leurs écoles », raconte le producteur Ahmad Al-Chaarawi. Il explique que l’élevage de vers à soie nécessite la plantation de mûriers. « Cet arbre, qui était fréquent dans les rues égyptiennes, a aujourd’hui complètement disparu », déplore-t-il.
Arrivé au bout de la promenade, la tête est reposée et l’on se sent ressourcé. Les organisateurs souhaitent que l’exposition ait lieu plus souvent. « On espère organiser une exposition de fleurs quatre fois par an pour montrer la beauté des plantes et des fleurs à chaque saison », conclut Ossama Mobarez, chef du département des affaires administratives du Musée de l’agriculture.
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