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Egyptologie : 600 experts au Caire

Nasma Réda, Mardi, 12 novembre 2019

Le Congrès international des égyptologues s’est tenu cette semaine en Egypte, au pied des pyramides, pour la quatrième fois. L’occasion de découvrir les plus récentes études dans le domaine de l’archéologie.

Egyptologie : 600 experts au Caire

C’est au pied des pyra­mides que s’est tenu le XIIe Congrès International des Egyptologues (CIE) cette semaine, à l’hôtel Marriott Mena House. 600 personnes avaient fait le déplacement en Egypte pour être au fait des der­nières découvertes.

C’est la quatrième fois que l’Egypte accueille ce congrès. Le premier regroupement de scienti­fiques avait d’ailleurs eu lieu ici en 1976, puis en 1988 et 2000. « Mais c’est la première fois que je vois un si grand nombre de participants », assure l’égyptologue Mahmoud Afifi, qui souhaiterait que ces ren­contres se tiennent chaque année ici pour pouvoir améliorer les travaux archéologiques. « J’avais assisté au même congrès en Italie comme ministre des Antiquités en 2015. Je constate, jour après jour, que la passion de l’égyptologie est en recrudescence », explique Mamdouh Al-Damati, ex-ministre égyptien des Antiquités. Au cours de cette session, près de 600 per­sonnes entre experts, professeurs, étudiants et passionnés par cette science étaient présents, dont 375 interlocuteurs provenant de 30 pays différents et une centaine d’étu­diants égyptiens. Selon Laurent Bavay, ex-directeur de l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) et membre du comité scien­tifique du congrès, le comité a reçu des documents de plus de 500 per­sonnes voulant présenter au public leurs travaux archéologiques. « Nous ne pouvions pas les prendre tous. Les travaux les plus récents et les plus intéressants ont été sélec­tionnés », explique-t-il. Lui-même a d’ailleurs présenté, le premier jour du congrès, les travaux effectués par sa mission archéologique opérant à Thèbes dans la tombe de Khay, vizir de Ramsès II.

14 thèmes

Les débats lors du congrès étaient diversifiés et d’une grande richesse. Les sessions étaient réparties en 14 thèmes couvrant tous les volets essentiels de l’égyptologie. A l’exemple des nouvelles méthodes de travail sur le chantier, l’art et l’archi­tecture, la gestion des sites, la conser­vation et la préservation des monu­ments, la langue, la littérature et les textes ainsi que les pensées reli­gieuses. « Bien que les thèmes soient classiques et généraux, ils sont tous intéressants. Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les fouilles et leurs résultats », souligne Cédric Gobel, directeur de la Société égyptienne d’exploration (EES) en Egypte.

Parmi les sessions les plus intéres­santes du congrès, celle portant sur les dernières fouilles et découvertes exé­cutées par les missions archéologiques égyptiennes. Moustapha Waziri, secré­taire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), a mis l’accent sur les efforts déployés par les missions égyptiennes ainsi qu’étrangères. « Au cours des 4 dernières années, le nombre des missions archéologiques opérant sur les sites en Egypte a aug­menté pour atteindre 250 », indique-t-il, soulignant que la récente décou­verte de la cachette d’Al-Assassif à Louqsor est l’une des plus importantes du siècle, puisque plus de 30 sarco­phages ont été découverts intacts et en très bon état de conservation. « Vu l’importance de cette découverte, nous avons l’intention de consacrer une salle spéciale à ces sarcophages au nouveau Grand Musée égyptien (GEM) lors de son inauguration en 2020 », a-t-il ajouté. Avant d’annoncer qu’une prochaine découverte sera pré­sentée le 23 novembre à la nécropole de Memphis, à Saqqara.

Parmi les thèmes les plus intéres­sants qui ont été traités lors du congrès, la traduction des textes hiérogly­phiques. « L’archéologie apporte tou­jours des choses impressionnantes complètement nouvelles qu’on n’a jamais imaginées », indique l’égypto­logue Laure Pantalacci, vice-président de l’Association internationale des égyptologues, qui organise cet événe­ment. « Ce ne sont pas uniquement les fouilles qui nous apportent des choses nouvelles, mais c’est plutôt la compré­hension des textes déjà découverts qui apporte du nouveau à cette science », souligne-t-elle, en précisant que les découvertes ne proviennent pas seule­ment des fouilles effectuées dans les chantiers archéologiques, mais aussi des études des pièces qui se trouvent dans les entrepôts des musées où l’on peut découvrir quelquefois des choses intéressantes, et l’archéologie des textes.

Egyptologie : 600 experts au Caire
Les 30 sarcophages découverts à Al-Asassif, en octobre 2019.

Pour sa part, le ministre Khaled El-Enany a présenté les travaux du ministère des Antiquités en citant les différents et importants projets exé­cutés pendant ces dernières 4 années. « Outre les découvertes archéolo­giques, le ministère a déployé des efforts exceptionnels pour reprendre les travaux suspendus il y a plusieurs années », explique-t-il, citant un très grand nombre de projets inaugurés pendant cette période, à l’exemple du Musée d’art islamique endommagé par une bombe en 2014, le Musée de Mallawi et celui de Sohag. Le ministre a également souligné les travaux de sauvetage de quelques temples, comme celui d’Edfou et de Kom Al-Choqafa, en plus des tra­vaux de restauration et d’anastylose de certains monuments. « On tra­vaille en parallèle entre fouilles, res­tauration et reconstruction des sta­tues et des obélisques endomma­gées », a souligné El-Enany, ajoutant que « lors de ce congrès, nous avons pu révéler et mieux faire connaître une partie des secrets de la plus grande et plus ancienne civilisation du monde à travers les discussions sur différents axes importants concernant l’histoire de l’Egypte Ancienne, les méthodes modernes utilisées dans le travail de fouille archéologique, la gestion des sites et d’autres ».

Un tremplin pour les jeunes archéologues

Pour les jeunes archéologues, ce congrès est une tribune en or. « C’est une chance de pouvoir présenter nos derniers travaux et études devant les plus grands égyptologues », indique Essam Nagui, jeune égyptologue du ministère des Antiquités, qui a pré­senté, lors d’une des sessions, les tra­vaux effectués au sud du Xe pylône des temples de Karnak. « Les décou­vertes, ainsi que l’anastylose de la chapelle d’Ozir-Ptah, de la XXVe dynastie, ouvriront de nouveaux cir­cuits de visites touristiques aux temples thébains », assure-t-il. Paroles appréciées par plusieurs archéologues de différents pays. « Bien que ces jeunes égyptologues aient leur propre congrès et association active depuis quelques années, être présent aux côtés des égyptologues de renom reste un privilège pour eux et une richesse pour les deux. C’est l’occasion de voir comment les thèmes de recherches évoluent », explique Pantalacci.

Pour sa part, Christopher Naunton, directeur de l’Association Internationale des Egyptologues (AIE), a félicité la bonne organisation du congrès de la part du ministère des Antiquités et aussi le programme des visites touristiques variées, organisé en marge de la conférence. Il a aussi présenté, lors de son discours, son successeur à la tête de l’association, Willeke Wendrich, de l’UCLA (ency­clopédie d’égyptologie en ligne), et annoncé le lieu du prochain congrès : l’Université de Leiden, aux Pays-Bas, en 2023.

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