Les plages de Charm Al-Cheikh sont dans l'attente des touristes britanniques.
Après quatre ans de suspension, les vols anglais atterriront de nouveau dans la station balnéaire prisée de la mer Rouge. Dans un communiqué de presse, l’ambassade britannique en Egypte a annoncé, il y a deux semaines, que le gouvernement britannique avait informé les compagnies aériennes qu’il ne conseillait plus d’éviter les vols vers l’aéroport de Charm Al-Cheikh. La décision de lever l’interdiction sur les vols directs à destination de Charm Al-Cheikh a été accueillie avec optimisme par les milieux touristiques. L’interdiction avait été décrétée par Londres après l’attentat, en octobre 2015, contre un avion russe transportant des vacanciers de Charm Al-Cheikh, qui avait coûté la vie à 224 personnes. Mais en dépit des restrictions sur les vols anglais à Charm Al-Cheikh, l’Egypte a accueilli près de 450 000 touristes anglais en 2018.
La ministre du Tourisme, Rania Al-Machat, assure que la décision britannique ouvre de grandes perspectives pour le secteur du tourisme, qui témoigne actuellement d’une relance remarquable. « Cela affirme la confiance britannique quant à la sécurité, surtout après les procédures adoptées par l’Egypte pour renforcer la sécurité à tous les niveaux, que ce soit dans les aéroports ou dans les différentes destinations touristiques dans le pays », se félicite Al-Machat.
Andrew Murrison, ministre d’Etat britannique pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, avait déclaré, dans un communiqué, lors de la reprise des vols que « le Royaume-Uni avait clairement fait savoir que les vols vers Charm Al-Cheikh devraient reprendre lorsque la situation le permettrait ». Dans le même contexte, l’ambassadeur du Royaume-Uni au Caire, Sir Geoffrey Adams, a assuré, lors d’une conférence de presse, que « cette décision est le fruit d’une coopération entre l’Egypte et l’Angleterre. La sécurité qui règne en Egypte est sans doute le mot-clé de la reprise des vols britanniques à Charm Al-Cheikh. Beaucoup d’organisations internationales ont fait reconnaître, dernièrement, les indices positifs des voyages et du tourisme en Egypte », souligne Jeoffrey Adams.
Pour sa part, Ihab Abdel-Aal, membre de la Chambre des agences de voyages, explique que la reprise des vols britanniques était une demande émanant tant des autorités égyptiennes que des touristes anglais eux-mêmes. En fait, cette station balnéaire a longtemps été prisée par les touristes anglais. Il assure que cette décision de la part du gouvernement britannique constitue un certificat de confiance dans le tourisme égyptien. « Elle aura un impact positif sur le mouvement du tourisme anglais dans la totalité du pays, notamment à Louqsor et Assouan », indique Abdel-Aal.
Toutefois, selon Abdel-Aal, l’impact de cette décision ne sera pas rapide, surtout qu’il a eu lieu vers la fin du mois d’octobre, c’est-à-dire après le début de la saison touristique hivernale en Egypte. « Les tour-opérateurs ont déjà programmé leurs voyages soit en Egypte soit vers d’autres destinations dans le monde. Ils se sont mis d’accord avec leurs partenaires sur tous les détails depuis des mois. Mais l’on doit travailler tout de suite pour attirer de plus en plus de touristes anglais à partir de l’été prochain pour pouvoir attirer de nouveau le million de touristes anglais qui visitaient l’Egypte avant 2015 », dit-il.
Le WTM, lieu de promotion touristique
L'Egypte présente ses atouts touristiques au WTM.
La décision du retour des vols britanniques vers Charm est intervenue alors que la ministre du Tourisme participe actuellement à la quarantième édition du Salon international du tourisme à Londres (World Tourism Market, WTM, du 4 au 6 novembre), l’un des plus grands salons du tourisme au monde, avec une grande délégation de professionnels du secteur afin de mettre en avant les atouts des différentes destinations touristiques égyptiennes. « Le marché britannique est un marché porteur d’une grande importance pour le tourisme égyptien. Il est l’un des plus grands pourvoyeurs de touristes dans le monde avec près de 60 millions de voyageurs par an », indique Ahmed Youssef, président de l’Organisme de la promotion touristique (ETA). Lors de cette grande foire du tourisme, l’Egypte a présenté à ses partenaires britanniques, ainsi qu’à plus de 5 000 exposants venant de plus de 180 pays du monde, les nouveaux produits touristiques égyptiens tels le tourisme sportif et celui des aventures, tout en faisant valoir des offres répondant aux besoins du touriste britannique. « On met aussi le point lors du WTM sur le tourisme culturel qui sera le cheval gagnant en 2020 avec l’inauguration du Grand Musée égyptien qui témoigne de la diversité culturelle égyptienne alliant modernité et authenticité », se félicite le président de l’ETA.
En fait, le WTM est une plateforme de rencontres et d’échanges entre les responsables et exposants sur les perspectives de coopération et de partenariat dans l’industrie du tourisme. Il offre aussi aux professionnels la possibilité de nouer des contacts, constituer des réseaux, négocier et surtout conclure des contrats ou des accords de partenariat. « L’Egypte table sur l’attraction d’un million de touristes britanniques d’ici la fin de 2020 », indique Youssef.
D’après Randa Al-Adawy, experte du tourisme, la décision du gouvernement britannique pourrait encourager la Russie à lui emboîter le pas. Moscou avait également interdit ses vols directs vers l’ensemble du territoire égyptien après l’attentat. En avril 2018, la Russie avait annoncé la reprise des vols vers Le Caire, mais non vers Charm Al-Cheikh. « Des millions de touristes russes attendent la décision de reprendre les vols russes vers la totalité de l’Egypte », assure Al-Adawy. En fait, les Russes comptaient avant 2015 parmi les plus importants contingents de touristes se rendant à Charm Al-Cheikh. « La dernière visite du président Abdel-Fattah Al-Sissi en Russie, lors du Sommet Russie-Afrique tenu à Sotchi, a donné espoir vis-à-vis de la reprise des vols russes vers les différentes stations touristiques en Egypte », conclut Al-Adawy.
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