Samedi, 15 février 2025
Al-Ahram Hebdo > Tourisme >

Nouveau coup dur pour le tourisme

Dalia Farouq, Mardi, 09 juillet 2013

Les manifestations entamées le 30 juin frappent durement le tourisme en Egypte, qui n’est pas encore sortie de la crise provoquée par la révolution du 25 janvier 2011.

Tourisme
Seules les stations balnéaires de la mer Rouge gardent encore un certain nombre de touristes.

Le secteur du tourisme en Egypte est de nouveau confronté à une situation difficile. Les violences et l’instabilité politique qui ont suivi les manifestations du 30 juin ont fait fuir une partie des touristes. « Nous avons ouvert une cellule de crise jeudi 4 juillet », explique le porte-parole de Thomas Cook France. Et d’ajouter : « Sur les 130 clients que nous avons en ce moment en Egypte, la plupart sont au bord de la mer Rouge, sauf 7 qui sont en croisière. Nous leur avons proposé un retour anticipé à bord du premier vol possible et un certain nombre ont dit oui. Et nous avons suspendu tous les départs vers l’Egypte jusqu’au 14 juillet ».

En outre, certains pays ont rapatrié leurs ressortissants à la demande des voyagistes, de peur d’une aggravation de la situation. La Grande-Bretagne a ainsi évacué des centaines de touristes de Louqsor, par l’intermédiaire des voyagistes Thomson et First Choice. Outre les départs précipités, des annulations de séjour sont aussi enregistrées. En Italie, Andrea Costanza, président de la Fédération des entreprises de voyage et de tourisme, déplore 20 % d’annulations de séjours et un attentisme dans les réservations. « Pour l’instant, ce sont Le Caire et les croisières sur le Nil qui sont les plus touchés », précise-t-il.

La crise actuelle risque d’anéantir tout espoir des professionnels du tourisme de retrouver prochainement les chiffres record de 2010 — plus de 14 millions de visiteurs. Pour Elhami Al-Zayat, président de la Fédération des Chambres de tourisme et d’hôtellerie, la période que traverse en ce moment le tourisme rappelle « les premiers jours qui ont suivi la révolution du 25 janvier 2011, lorsque le secteur est resté en berne pendant 2 ou 3 mois ». De fait, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Suisse, de même que les Etats-Unis et le Canada ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre en Egypte.

La déstabilisation soudaine du pays a balayé les progrès difficilement accomplis ces derniers mois pour restaurer la vitalité du secteur. « C’est dommage, regrette Tewfiq Kamal, président de la Chambre des hôtels. Nous avions déployé des efforts extraordinaires en coopération avec le ministère du Tourisme, pour obtenir l’annulation des avertissements relatifs aux dangers du tourisme en Egypte, émis après la révolution du 25 janvier. Cela nous avait pris des mois ».

Tourisme

Après la forte chute de la fréquentation touristique en 2011 (plus de 30 %), la clientèle étrangère avait peu à peu retrouvé l’année dernière le chemin du pays des pharaons. Les Russes fournissaient le premier contingent de touristes avec 1,9 million de visiteurs, suivis des Allemands (1,2 million) et des Britanniques. Quant à cette année, elle avait bien démarré avec environ 5 millions de touristes accueillis de janvier à mai, dont 1,26 million de Russes. Fin avril, le ministère annonçait que le taux de réservation dans les hôtels de la mer Rouge dépassait les 80 % pour cet été et atteignait près de 45 % au Caire. « Nous espérions renouer cette année avec les records de 2010, confie Abdel-Fattah Al-Assi, secrétaire du ministère du Tourisme. Mais la nouvelle crise risque de rendre vains tous nos efforts de promotion du tourisme en Egypte, de même que les messages d’apaisement que nous essayons d’envoyer au monde entier ».

La mer Rouge épargnée

Seules les stations balnéaires de la mer Rouge sont peu affectées par la situation politique, avec des taux de réservation avoisinant les 60 % à Hurghada et à Charm Al-Cheikh. En effet, la Russie et l’Allemagne, deux pays qui prisent fort les côtes de la mer Rouge, n’ont pas déconseillé à leurs ressortissants d’éviter le pays. Berlin estime que les séjours au bord de la mer et les croisières ne présentent aucun danger. Quant à Moscou, elle recommande seulement « d’éviter les zones où se déroulent les manifestations de masse » et de ne pas « quitter les stations balnéaires ».

Les Russes, pour lesquels l’Egypte est désormais la deuxième destination étrangère après la Turquie, séjournent principalement au bord de la mer. C’est pourquoi « il n’y a pas eu d’annulation » en provenance de ce pays, confirme Irina Tiourina, porte-parole de l’Union russe des voyagistes. Elle constate certes un ralentissement des réservations depuis le 3 juillet, mais « tous les avions pour l’Egypte sont pleins jusqu’au 10 ».

En Allemagne, TUI, numéro un des organisateurs de voyages, souligne qu’on peut « passer des vacances tout à fait normales » au bord de la mer Rouge. La compagnie aérienne Lufthansa évoque des vols « pleins » vers l’Egypte pour les jours à venir et des réservations « toujours bonnes ». La crise en Egypte n’a « aucune conséquence » non plus sur les nombreux vols d’Air Berlin. Reste que pour sortir durablement de l’impasse dans laquelle se trouve le secteur, il faudra nécessairement réinstaurer la sécurité dans le pays.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique