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La lanterne, symbole éternel du mois du Ramadan

Doaa Elhami , Doaa Elhami , Doaa Elhami , Mardi, 09 juillet 2013

Eminente tradition du mois sacré du Ramadan en Egypte, les lanternes et leur fabrication ont une longue histoire.

Lanterne
Les volumes et formes des lanternes sont illimités.

Bois, carton, plastique et verre : divers matériaux composent les lanternes qui ornent les rues d’Egypte pendant le mois du Ramadan, notamment dans les quartiers populaires. De formes et de volumes variés, ces lanternes constituent l’une des traditions de la société égyptienne. Elles ont connu une longue évolution depuis leur apparition à l’époque fatimide. Une longue histoire parcourue de légendes et constamment renouvelée par des innovations.

L’histoire des lanternes commence avec l’époque fatimide (359 de l’hégire-969 après J.-C.). On raconte que le calife Al-Moezz li-Dine Allah est entré au Caire une nuit du Ramadan, et que le peuple est sorti l’accueillir en nombre, tenant des lampes pour éclairer les rues. « Au fil des temps, les lanternes ont remplacé les lampes pour qu’elles soient portées par les enfants. Ainsi est née la lanterne du Ramadan et sa tradition », raconte Samir Al-Cheikh, responsable des monuments islamiques au ministère des Antiquités. Cette tradition a donné naissance à une génération d’artisans spécialisés dans la fabrication des lanternes : les lanterniers. Une fabrication qui s’est développée au fil des époques, reflétant l’inventivité du lanternier égyptien.

Selon les historiens, la lanterne du Ramadan a pris sa forme actuelle à la fin du XIXe siècle. Utilisée pour la décoration et l’éclairage des rues, elle faisait aussi partie des jeux enfantins. Quant aux ateliers de fabrication, ils se trouvaient dans les quartiers du Caire fatimide comme Al-Darb Al-Ahmar et Berket Al-Fil, dont les lanterniers étaient renommés.

Les lanternes sont fabriquées en verre multicolore découpé en tranches, qui sont ensuite collées dans un cadre d’aluminium et cuites. Elles sont dotées de petites portes à travers lesquelles on pouvait insérer des bougies, « qui vues de l’extérieur prenaient la couleur du verre multicolore », explique Samir Al-Cheikh, qui précise aussi que leur lumière douce inspirait le calme et la gaieté. Mais le gaz dégagé par la flamme étant nuisible à la santé des enfants, la cire a été remplacée ultérieurement par des lampes électriques. En outre, les tranches de verre ont été remplacées par des lamelles de plastique transparentes.

Le lanternier produit plusieurs formes de lanternes. Parmi celles-ci, « Aboul-Welad » (le père des enfants). Carrée, elle porte à chacun de ses angles une petite lanterne, qui représente un « enfant » de la grande lanterne. Grande et lourde, elle est plutôt utilisée par les propriétaires des grands magasins pour orner les façades. Les grandes lanternes sont souvent signées des noms de leurs fabricants, comme Kamal ou Taha.

D’autres lanternes de forme carrée sont appelées « Adl » (juste), car la mesure de leur sommet est identique à celle de leur base. Parfois la base est plus étroite que le sommet, et la lanterne prend une forme conique. La lanterne peut aussi être en forme d’étoile ou d’hexagone. De multiples modèles se trouvent aujourd’hui sur le marché égyptien. D’après Samir Al-Cheikh, cette année connaît une renaissance de la production des lanternes et de ses modèles traditionnels « après le décadence des 5 années passées, qui avait profité aux lanternes chinoises, omniprésentes sur le marché égyptien ». Nouveauté de l’année : des lanternes en bois avec des reliefs décoratifs inédits. L’inventivité des lanterniers est décidément sans limites.

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