Deux sites arabes figurent désormais sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. C’est la décision de la 43e session du Comité du patrimoine de l’Unesco, réuni en Azerbaïdjan du 30 juin au 10 juillet. Le premier site se trouve à Bahreïn, il s’agit des tombes de la civilisation Dilmoun, construites entre 2050 et 1750 avant notre ère. Situées dans l’ouest du royaume, ces tombes sont regroupées sur 21 sites archéologiques, dont 6 « sont des nécropoles comprenant de quelques dizaines à plusieurs milliers de tumuli, soit un total de 11 774 tombes », indique l’Unesco dans un communiqué publié sur son site Internet. « Quinze autres sites comprennent 17 tombes royales construites comme des tours sépulcrales à deux niveaux », ajoute l’organisation onusienne, dont le Comité du patrimoine mondial s’est réuni à Bakou, en Azerbaïdjan.
L’Unesco salue les « caractéristiques uniques » des fosses « par leur nombre, leur densité et leur échelle, mais aussi par la présence de détails tels que des chambres funéraires dotées d’alcôves ». Les tombes témoignent de la civilisation Dilmoun précoce, autour du IIe millénaire avant notre ère, pendant laquelle Bahreïn devint un carrefour commercial dont la prospérité a permis aux habitants de développer une tradition d’inhumation complexe appliquée à l’ensemble de la population.
Iraq : Site de Babylone.
Selon l’agence de presse bahreïnie BNA, il s’agit du troisième site de l’émirat à figurer sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, après Qalaat Al-Bahreïn, ancien port et capitale de Dilmoun, et les sites d’activités perlières dans la ville de Muharraq (nord).
Les tombes de la civilisation Dilmoun sont « une preuve tangible de l’éminent héritage culturel de Bahreïn », a estimé la présidente de l’Autorité pour la culture et les antiquités du royaume, cheikha Mai bint Mohammed Al Khalifa, selon BNA.
L’autre site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco est celui de Babylone. En effet, l’Unesco a inscrit le 5 juillet le site mésopotamien de Babylone en Iraq sur sa liste du patrimoine mondial. Les autorités archéologiques iraqiennes misaient beaucoup sur ce dossier, retoqué à cinq reprises depuis 1983 pour faire inscrire ce site de 10 km2, dont seuls 18 % ont fait l’objet de fouilles.
Située à 100 km au sud de Bagdad et vieille de plus de 4 000 ans, Babylone « était la plus grande ville peuplée de l’histoire antique », explique à l’AFP Qahtan Al-Abeed, directeur des antiquités de Bassora, qui a porté le dossier de Babylone auprès de l’Unesco.
Alors que l’Iraq se targue d’être le berceau de l’écriture — les premières tablettes cunéiformes y ont été gravées il y a près de 5 500 ans —, « les Babyloniens sont la civilisation de l’écriture, de l’administration et de la science », poursuit-il.
L’inscription de Babylone au patrimoine mondial de l’Unesco, approuvée lors d’un vote à Bakou, « va encourager les recherches et les aménagements sur le site, et faire de la publicité gratuite pour le tourisme », s’enthousiasme M. Abeed. Babylone occupe une place particulière dans l’Histoire et la mythologie mondiale, avec sa fameuse Porte d’Ishtar, ses Jardins suspendus et la tour de Babel, 2 monuments emblématiques même si leur localisation fait toujours débat.
« Comment raconter l’histoire de l’humanité sans raconter les plus anciens des chapitres : Babylone », a déclaré le représentant iraqien devant le comité de l’Unesco réuni en Azerbaïdjan. A la suite du vote, l’Iraq a invité les délégués à visiter Babylone, le « berceau de la civilisation ».
La basilique de la Nativité sauvée
Palestine :
Basilique de la Nativité.
La basilique de la Nativité, érigée au IVe siècle sur le lieu où, selon la tradition chrétienne, Jésus serait né, a été retirée de la liste du patrimoine mondial en péril de l’Unesco après des travaux de restauration. Situé au coeur de Bethléem, en Cisjordanie occupée, le site de la basilique, ainsi que la route de pèlerinage, avaient été classés au patrimoine mondial de l’Unesco en 2012. Il s’agissait alors du premier site palestinien inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’organisation, malgré l’opposition d’Israël et des Etats-Unis. Le monument avait cependant été placé la même année sur la liste du patrimoine en péril, en raison de son état délabré.
L’année suivante, aux termes d’un accord historique entre l’Autorité palestinienne, d’un côté, et les trois Eglises (orthodoxe, catholique et arménienne) qui administrent, dans une cohabitation parfois difficile, la basilique, de l'autre côté, des travaux de restauration ont été entamés. La toiture a d’abord été réparée, puis les mosaïques, dévoilées l’an dernier, juste avant Noël. Le tout a été supervisé par l’Autorité palestinienne et financé par les Palestiniens ainsi que des dons de gouvernements et de particuliers. « Pour motiver sa décision, le comité a salué la qualité des travaux effectués sur l’église de la Nativité, notamment la restauration du toit, des façades extérieures, des mosaïques murales et des portes de la basilique », s’est félicitée l’Unesco dans un communiqué.
Bâtie au IVe siècle par l’empereur romain Constantin, réaménagée par Justinien au VIe siècle, puis enrichie à l’époque des Croisades, la basilique de la Nativité est l’une des églises les plus anciennes et les plus sacrées de la chrétienté.
L’enjeu n’est pas seulement patrimonial, religieux ou touristique, mais également politique, puisque la ville de Bethléem, qui accueille plus de deux millions de visiteurs par an, est située en zone autonome palestinienne et séparée de Jérusalem par un mur.
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