Pyramide rhomboïdale. (Photo : Nasma Réda)
Situé à 40 km au sud-ouest du Caire, le village de Dahchour marque la fin d’une vaste zone de pyramides qui débute à Guiza. C’est dans ce village que le ministère des Antiquités vient d’ouvrir pour la première fois au public deux grandes pyramides. Il s’agit de la pyramide rhomboïdale à l’inclination si étrange et de celle de « Ka ». Construites toutes les deux durant le règne du roi Snéfrou (2613-2589 av. J.-C.), fondateur de la IVe dynastie de l’Ancien Empire et père du célèbre roi Chéops — bâtisseur de la grande pyramide du plateau de Guiza —, ces deux pyramides ont subi des travaux de restauration qui ont duré deux mois pour devenir accessibles aux visiteurs. « On a placé, à l’extérieur, des échelles pour faciliter l’accès aux pyramides et des planches dans les couloirs pour faciliter les visites à l’intérieur », explique Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA).
Les deux pyramides de Snéfrou sont les preuves du développement architectural qui a mené à la construction des trois grandes pyramides de Guiza. Les ingénieurs de Snéfrou ont voulu perfectionner la conception des pyramides à faces lisses. « La pyramide rhomboïdale est d’une grande importance architecturale et archéologique, car elle est considérée comme la pyramide de transition entre celles, plus anciennes, à degrés, celle de Saqqarah et la pyramide lisse de Chéops », a déclaré Khaled El-Enany, ministre des Antiquités, lors d’une conférence de presse tenue au pied de la pyramide samedi 13 juillet, à l’occasion de l’inauguration.
Cette pyramide rhomboïdale, appelée aussi « Pyramide Sud », mesure 101 m de haut et ses côtés près de 188 m. Son nom est dû au fait que sa moitié supérieure a été construite avec un angle plus petit que sa partie inférieure, lui donnant ainsi sa forme très caractéristique. « Après 49 m de haut, l’ingénieur a constaté qu’avec une inclination de 54°, la hauteur de la pyramide pourrait atteindre 160 m, mais des fissures à la base sont apparues et il a dû changer l’angle de construction à 48°, et a achevé les 52 m restants », explique Waziri, ajoutant que cette pyramide rhomboïdale se caractérise par un autre aspect bizarre. C’est en effet la seule pyramide qui possède deux entrées : une au nord, à 12 m du sol, à travers laquelle — selon les anciennes croyances égyptiennes — l’âme peut revenir facilement au corps à travers l’étoile polaire du nord, et une autre du côté ouest, qui a été découverte en 1951 par l’égyptologue Ahmad Fakhry.
Pyramide de « Ka »
L’archéologue français Jacques De Morgan est le premier à avoir fouillé la nécropole de Dahchour en 1894 et il avait découvert d’importants vestiges. Les fouilles n’ont ensuite été reprises qu’en 1945, par l’Egyptien Ahmad Fakhry. Suite à l’inauguration de la pyramide, les amateurs de l’Egypte Ancienne pourront y entrer. L’entrée se fait du côté nord et le visiteur doit se pencher, passant par un couloir de 76 m qui mène à une petite chambre qui, à son tour, mène à deux autres corridors pour, à la fin, arriver à la chambre funéraire du roi. « Cette chambre aurait dû contenir le sarcophage et la momie du roi Snéfrou, mais elle était vide. Il paraît que le roi n’a pas été enterré dans cette pyramide », indique Mohamad Salah, inspecteur à Dahchour.
Pyramide de « Ka ». (Photo : Nasma Réda)
Quant à la deuxième pyramide inaugurée, il s’agit de la pyramide satellite qui fait partie du complexe funéraire de Snéfrou contenant aussi le temple et la pyramide rouge. Située à 55 m au sud de la pyramide rhomboïdale, elle a été découverte par Ahmad Fakhry en 1956. Sa base mesure 53 m et sa hauteur est d’une vingtaine de mètres. Elle était destinée au culte de « Ka » (âme) du roi Snéfrou. « Les Anciens Egyptiens pensaient que tout individu se composait de cinq éléments : le nom, le corps, l’ombre, le coeur, l’âme (Ka) et l’esprit (Ba). Ces deux derniers termes désignent les composantes de la partie spirituelle des hommes », explique Yasmine Alaa Eddine, directrice de la nécropole de Dahchour. Cette pyramide se compose d’un couloir ascendant conduisant à la chambre funéraire, qui aurait dû contenir tous les vases canopes destinés à recevoir les viscères embaumés du défunt, mais rien n’a été trouvé dans cette chambre.
Le ministère des Antiquités ainsi que le gouvernorat de Guiza ont réalisé un certain nombre de projets de conservation, de développement et de réhabilitation sur la nécropole de Dahchour, afin d’attirer un maximum de touristes et de visiteurs sur le site.
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