Le duel à bâtons, un sport qui orne les parois des tombes.
Gymnastique, acrobatie, jeux de ballon, hockey, athlétisme, tir à l’arc, haltérophilie, natation, sans oublier les sports de lutte ainsi que la chasse et la pêche. Toutes ces disciplines sportives sont pratiquées depuis l’Egypte Ancienne, comme le montrent les scènes ornant les parois des temples et des tombes de cette époque. Ces bas-reliefs assurent que les Anciens Egyptiens accordaient une grande importance aux divers sports, étant donné leur utilité pour le corps et l’esprit.
Les archéologues divisent les sports de l’Egypte Ancienne en deux grands groupes : le premier est la gymnastique, dont l’objectif est la bonne allure du corps et son développement ainsi que le plaisir de bouger. « C’étaient des exercices de gymnastique qui correspondent à l’athlétisme d’aujourd’hui », explique l’égyptologue Laïla Abdel-Qader, dont le thème de magistère est « Les sports royaux », ajoutant que ces exercices étaient effectués par les enfants à la maison ainsi que dans les institutions d’enseignement. On trouve par exemple une scène représentant un enfant faisant le poirier, tenant en équilibre sur sa tête. Une autre montre deux enfants dos à dos qui tentent de se mettre debout sans utiliser leurs mains. Tandis qu’une troisième scène représente un spectacle sportif amusant. « Elle se compose de 5 athlètes portant le même uniforme sportif et faisant des mouvements acrobatiques variés, qui reflètent leur élégance et leur vivacité. On trouve ces scènes sportives sur les parois des tombes de la XIe dynastie », souligne l’égyptologue.
Effort et habileté
Quant au deuxième groupe, il comprend des disciplines exigeant de grands efforts, de l’habileté et beaucoup de pratique. « Ces disciplines ont été pratiquées plutôt par les jeunes hommes, amateurs et professionnels, ainsi que par les militaires », souligne l’égyptologue. Il inclut l’haltérophilie, la lutte individuelle, le duel à bâtons, la course, la natation, l’aviron ou encore la boxe. « Les débuts de la lutte individuelle remontent à l’Ancien Empire (2647-2181 av. J.-C.), notamment pendant la Ve dynastie (2465-2323 av. J.-C.), on la voit clairement dans le mastaba de Ptah Hotep, le vizir des rois Djedkare et Ounas », ajoute Laïla Abdel-Qader. Il s’agit d’une frise qui décrit 6 mouvements techniques de lutte. Parmi les athlètes se trouve le fils du vizir lui-même. On remarque aussi que ces mouvements techniques suivent un ordre défini, ce qui indique que les origines et les règles de ce sport sont beaucoup plus anciennes que la Ve dynastie. Pour les égyptologues, la représentation des athlètes nus indique leur jeune âge. Ils appartiennent à la haute société, puisque le fils du vizir figure parmi eux. « Donc la lutte individuelle était limitée à la haute société et aux nobles », conclut l’égyptologue.
La lutte apparaît aussi dans les tombes du Moyen Empire, situées à Béni-Hassan et à Minya, en Moyenne-Egypte. « Ici, les scènes sont plus développées. Le nombre des mouvements techniques est beaucoup plus nombreux. Il paraît que les athlètes étaient des professionnels et présentaient des spectacles sportifs durant les diverses célébrations ou pendant les festivités privées organisées par les dames de la haute société », lit-on dans le 1er tome de l’ouvrage Tarikh Al-Hadara Al-Masriya (l’histoire de la civilisation égyptienne), rédigé par un groupe d’égyptologues et d’historiens renommés. D’après les experts, les peintures de lutte individuelle, datées du Nouvel Empire, montrent les règles du jeu suivies jusqu’à nos jours. Par exemple celle qui dit que l’athlète doit mettre à terre son adversaire pour vaincre.
L’haltérophilie est un autre sport représenté sur les parois de l’Egypte Ancienne, surtout sur les parois des tombes du Moyen Empire. « D’une seule main, le joueur doit relever un récipient rempli de sable pour la plus longue durée possible dans une position perpendiculaire », explique Laïla Abdel-Qader.
Du sport, encore et encore
Les parois des tombes du Moyen Empire montrent aussi des représentations d’autres disciplines sportives, à l’instar du saut en longueur. L'une des scènes montre par exemple plusieurs hommes qui tiennent les cornes et les pieds d’un taureau. Un athlète, debout derrière l’animal, saute par-dessus le dos et la tête de celui-ci ainsi que par-dessus l’homme qui tient les cornes. Parmi les sports les plus répandus en Egypte, surtout dans les zones rurales, figure le duel à bâtons, appelé en arabe « tahtib ». On rencontre ce sport sur les parois de la tombe de Ramsès III de la XIXe dynastie du Nouvel Empire. Le roi assiste au combat et lève la main du vainqueur. Quant au vaincu, il rejoint l’équipe de joueurs pour saluer le vainqueur avec une légère courbure. « Un indice de la tolérance et de la politesse qui règnent dans cette scène », souligne Laïla Abdel-Qader. Al-Tahtib est d’ailleurs aujourd’hui inscrit sur la liste de l’Unesco en tant que patrimoine immatériel à préserver.
Restent la course, l’aviron, le tir à l’arc et l’équitation. L’armée égyptienne, les souverains et les princes pratiquaient tous ces sports, qui témoignaient de la force et de la bravoure du souverain et des princes. Et il ne faut pas oublier la pêche et la chasse, deux sports qui rassemblaient tous les membres de la famille. On retrouve des bas-reliefs représentant ces sports sur les parois des temples de Louqsor et de Karnak.
Plusieurs pièces représentant la plupart de ces sports ont été sélectionnées pour l’exposition Le Sport égyptien à travers les époques, tenue actuellement au Musée égyptien à Tahrir, à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2019 .
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