Le Musée National Geographic de Washington DC rend hommage aux femmes égyptiennes à travers l’exposition « Queens of Egypt » ou « Reines de l’Egypte ». Cette exposition, qui dure jusqu’au 2 septembre, permet de plonger dans l’univers des femmes égyptiennes, qui ont fait partie de l’histoire de l’Egypte Antique. Ce sont surtout les reines du Nouvel Empire. 300 pièces antiques permettent de retracer le rôle caché de sept reines égyptiennes, dont l’influence a perduré après leur vie et pendant plusieurs décennies. A l’exemple d’Ahmose-Néfertari, Hatchepsout, Néfertiti et d’autres. Le visiteur de cette exposition peut notamment admirer des sculptures monumentales, telles que des statues ou des bustes et des bijoux scintillants des sarcophages impressionnants. Grâce à des images en 3D projetées sur grand écran, il peut aussi plonger dans l’atmosphère de l’une des tombes les mieux préservées de la Vallée des reines, celle de Néfertari. L’exposition invite aussi à découvrir le quotidien de celles-ci à travers de multiples objets.
Cette collection impressionnante provient essentiellement du Museo Egizio à Turin, en Italie, qui possède une des plus grandes collections égyptiennes. D’autres objets exposés viennent à la fois du Musée de la Pointe-à-Callière, des beaux-arts à Montréal, du Rijksmuseum van Oudheden à Leiden, des Musées Royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles.
Les pharaons à leur écoute

Les mères des pharaons, comme leurs grandes épouses royales, avaient un rôle actif dans la gestion du Royaume : beaucoup ont gouverné ou étaient de précieuses conseillères pour les pharaons. Le musée en a choisi quelques-unes, à commencer par Ahmose-Néfertari, surnommée « La Divine » (1539-1514 av. J.-C.). Elle fut la première reine de la XVIIIe dynastie. Elle était puissante et influente. Après sa mort, elle et son fils ont été divinisés à Deir Al-Médina, où elle a été vénérée comme déesse de la résurrection. « Il y avait beaucoup de reines d’Egypte, certaines avec des noms très connus comme Néfertiti et Cléopâtre. Et pourtant, on en savait peu sur elles, jusqu’à maintenant », explique Kathryn Keane, directrice du musée, ajoutant que le National Geographic Society soutient depuis longtemps des recherches archéologiques ainsi que des études sur différents sites en Egypte et que cette exposition sera une occasion aux visiteurs de rencontrer quelques égyptologues et experts opérant sur des chantiers égyptiens.
« Malgré des décennies de découvertes extraordinaires en Egypte, pas un seul tombeau intact d’une femme royale n’a jamais été trouvé. Nous espérons que cette exposition incitera les gens à étudier pour apprendre davantage sur cette histoire des reines égyptiennes », souligne-t-elle. Le visiteur de l’exposition n’oubliera jamais le nom de Néfertari « La Bien-aimée » (1295-1255 av. J.-C.) présentée dans une salle spéciale avec des images en 3D. Néfertari était la première reine de Ramsès II, le 3e pharaon de la XIXe dynastie, et la plus aimée. Sa tombe a été découverte en 1904, presque vide, ne contenant que quelques pièces exposées au musée, comme une paire de sandales et quelques poteries et statuettes Ouchebti.

Plusieurs sarcophages égyptiens, et leur contenu, sont inclus dans l'exposition.
C’est l’une des plus grandes et des plus somptueuses tombes de la Vallée des reines, de par ses peintures murales à découvrir en 3D. Cette visite virtuelle est une occasion à ne pas rater. Un buste de la « Belle » Néfertiti (1372-1331 av. J.-C.) trône parmi des stèles, dans une des salles du musée américain. Celle-ci était l’épouse d’Amenhotep IV, Xe pharaon de la XVIIIe dynastie, qui changea plus tard de nom, devenant Akhenaton, roi du monothéisme (culte d’Aton). Néfertiti, quant à elle, a joué un rôle important dans les domaines religieux et politiques et était considérée comme l’égale du roi. Une des plus belles histoires racontées lors de cette exposition est celle de « La Pharaon » Hatchepsout qui a régné après la mort de son mari, Thoutmosis II, et est devenue Ve pharaon de la XVIIIe dynastie, gouvernant pendant 22 ans. Elle est considérée comme l’un des pharaons les plus puissants d’Egypte.Dans cette rencontre des reines, il ne manque pas non plus Tiye, la diplomate, ainsi que l’histoire fascinante de la dernière reine égyptienne la plus emblématique, Cléopâtre VII (51-30 av. J.-C.).
Cette exposition exceptionnelle des reines se termine par le buste fabuleux de celle-ci, prêté par le Museo Egizio, et qui n’a jamais été vu auparavant aux Etats-Unis. Trois cobras sont assis sur sa tête, symbolisant les trois pays qu’elle voulait gouverner : l’Egypte, la Syrie et l’Empire romain. « Queens of Egypt » maintient un équilibre délicat entre la grande histoire et celle du quotidien de ces femmes. L’un des étalages de pots contient des parfums de style égyptien ancien, considéré comme le préféré de Cléopâtre.

Une statue monumentale de la déesse Sekhmet.
Les visiteurs peuvent ouvrir le couvercle et apprécier cette senteur. Si les reines, les mères ou les épouses étaient des figures puissantes à l’époque des pharaons, les déesses étaient aussi nombreuses et vénérées comme Isis, Sekhmet, Hathor, Bastet, Maât, entre autres. Dans l’exposition, un couloir est bordé de quatre grandes statues en granit de Sekhmet, la déesse de la guerre au visage de lionne qui représentait le pouvoir des rayons du soleil, donnant la vie, mais pouvant aussi brûler et tuer.
D’autres galeries du Musée National Geographic révèlent ce qu’était la vie dans un « harem » de pharaon. Cela permet au visiteur d’entrer dans la vie quotidienne de ces reines et ces princesses, femmes et soeurs du pharaon. C’est dans ces galeries que l’on découvre la façon dont les femmes disposaient de toutes sortes de produits pour prendre soin d’elles : crèmes, poudre, khôl, peignes pour les cheveux, parfums et bijoux somptueux. Le « harem » royal n’était pas seulement un lieu de festivités et de plaisirs. Il comprenait une école pour les enfants, et on y menait de multiples activités comme la fabrication de produits artisanaux. Dans ces salles consacrées à la vie éternelle, l’exposition met un coup de projecteur sur Deir Al-Médina, ce village qui abritait les artisans qui ont construit et embelli les tombeaux royaux. Selon les responsables du musée, aucune tournée de l’Egypte Ancienne ne serait complète sans les momies. Juste avant de faire l’adieu à Cléopâtre et aux reines égyptiennes, une grande chambre est à visiter, contenant 12 sarcophages et leurs momies. Par une telle exposition, déjà tenue en Europe et au Canada, National Geographic s’adresse aux citoyens américains, essayant de respecter son slogan : « Nous ne pouvons pas vous apporter le Sphinx, mais nous pouvons vous amener au Sphinx ».
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