Une centaine de pièces découvertes dans les cimetières des animaux divinisés et des humains dans la région de Touna Al-Gabal, à 250 km au sud du Caire, sont à observer actuellement au Musée du Caire. L’exposition « Touna Al-Gabal — entre les légendes de la création et la divinisation de l’animal, 100 ans de découvertes par la mission égypto-allemande », inaugurée mi-avril, se tient jusqu’à la fin du mois de mai dans la salle 44 du musée, place Tahrir.
Ces pièces présentées dans l’exposition sont le résultat de fouilles menées par deux missions archéologiques. L’une, ancienne, dirigée par l’archéologue renommé Sami Gabra, a fouillé la région entre 1933 et 1954, et l’autre est le résultat des fouilles de la mission égypto-allemande présidée par l’archéologue Salah Al-Kholi, qui y opère depuis des années et encore aujourd’hui.
« Touna Al-Gabal est un endroit d’une grande importance archéologique. C’est le cimetière principal de la fameuse cité d’Achmounein, connue aussi sous le nom d’Hermopolis Magna », souligne l’égyptologue Ahmad Badran, directeur adjoint de la mission.
Les pièces exposées varient entre momies d’animaux et de volailles, sarcophages, masques, papyri, maquettes et bien d’autres.
Le protagoniste
Plume d'or.
La divinité Thot occupe une place centrale dans l’exposition. Elle y est représentée avec ses deux aspects : l’ibis et le babouin. Le visiteur peut découvrir des statuettes de ceux-ci, trouvées en nombre dans le cimetière des animaux divinisés. « Ces statuettes auraient été présentées comme offrandes », souligne l’égyptologue. Y sont remarqués aussi des momies et des sarcophages d’animaux ainsi qu’un squelette d’ibis.
Le plus surprenant, c’est la présence d’une clepsydre, surmontée d’une statue de babouin
« Ce type d’horloge, dégagée du cimetière, avait comme but d’éveiller le défunt pour être interrogé par la divinité », explique Badran. Y sont exposés aussi des outils de chirurgie.
Bien que Thot soit divinisé depuis l’Ancien Empire, son culte était toujours en plein épanouissement durant l’époque gréco-romaine, notamment à Touna Al-Gabal où a été découvert son cimetière, ainsi que son temple.
Mais le chef-d’oeuvre de l’exposition reste le sarcophage de Pétosiris, le grand prêtre du temple de Thot, et d’autres divinités locales d’Achmounein en Moyenne Egypte. Le sarcophage est en bois et en verre coloré, son couvercle est orné de 5 colonnes de signes hiéroglyphes. Le texte comprend le nom du défunt, ses titres, ainsi qu’une formule du chapitre 42 du Livre des Morts, qui aide le défunt à surmonter les dangers de l’au-delà.
Parmi les trouvailles de l’égyptologue Sami Gabra, qui a découvert les vestiges du temple de Thot en 1936, on peut admirer une statue en granite, datée du Ier siècle de notre ère. De même y est rencontrée une tête représentative de la divinité Osiris en bois doré. Cette tête fait partie d’une grande statue, sortie du cimetière des animaux divins.
Le cimetière des humains
Quant à la partie consacrée au cimetière humain, l’exposition comprend une plume en or, des amulettes en faïence, des bijoux comme le collier de verre coloré et les bagues en or, ainsi que des masques en gypse qui étaient déposés sur la partie supérieure de la momie. « Cette tradition funéraire était commune durant l’époque romaine. Elle symbolisait la résurrection du défunt », souligne l’égyptologue Ahmad Badran.
Si les cimetières et les nécropoles occupent une partie considérable de l’exposition, des oeuvres de la vie quotidienne sont aussi présentées. Le visiteur y trouve des maquettes de maisons-tours, composées de trois étages, un nouveau style architectural, apparu pendant l’époque romaine. Pour les archéologues, il est rare de pouvoir dégager sur un chantier ces maisons, d’où vient l’importance de ces pièces exposées, qui proviennent de la colline du temple de Thot en 2016.
Parmi les pièces de la vie quotidienne, il y a aussi des papyri en écriture démotique. « Ce sont des contrats de mariage, de vente ou encore de livraison. Le plus important c’est que, dans ces contrats, on trouve l’année du règne et des signatures des témoins », souligne Badran.
Les pièces exposées sont accompagnées de panneaux montrant des photos de la mission sur le chantier et retraçant l’histoire de ces recherches effectuées à Touna Al-Gabal. Les archéologues espèrent, avec cette exposition, avoir mis en lumière un site peu connu du grand public, tout en espérant de nouvelles découvertes à venir.
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