Abydos et Akhmim, deux intéressantes découvertes cette semaine au gouvernorat de Sohag, en Haute-Egypte. C’est ce qu’a annoncé, vendredi 5 avril, le ministre des Antiquités, Khaled El-Enany, en tournée dans le gouvernorat de Sohag. D’après les archéologues, ces deux découvertes enrichissent la valeur archéologique de ce gouvernorat, mais aussi son attrait touristique.
La première découverte est la salle de réception du palais royal du grand conquérant Ramsès II (1279-1213 av. J.-C.) de la XIXe dynastie, annexée à son temple. Elle a été mise au jour par la mission archéologique américaine de l’Université de New York, sur le site d’Abydos, au sein de la ville Baliana, soit à 60 km sud-ouest de la capitale du gouvernorat et à 12 km ouest de la rive du Nil.
« Cette découverte a eu lieu durant les travaux de fouille effectués sur site, dont le but était de connaître les éléments architecturaux constituant le temple », a expliqué le secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), Moustapha Waziri, ajoutant que cette découverte, longtemps attendue, va modifier, pour la première fois, la planification de ce temple découvert il y a environ 160 ans. Elle va enrichir les connaissances archéologiques sur la planification des temples et leurs annexes au cours des époques ramessides.
La salle de réception du palais royal dévoilée est bâtie de blocs de calcaire et de briques crues alors que le sol est en dalles de calcaire. La mission a aussi découvert une deuxième salle renfermant une assise de colonne et un linteau de grès gravé d’un cartouche du nom de Ramsès II. « La mission a aussi trouvé des blocs teints avec des étoiles qui composaient et décoraient le plafond de la salle », souligne Ayman Achmawi, directeur général du secteur des antiquités égyptiennes.
D’après le chef de la mission, les travaux, au sud du temple, ont dévoilé une allée en pierres devant la porte sud-ouest du temple. « Cette allée dirige vers une construction qui vient d’être mise au jour. Les parois de ce bâtiment sont gravées des restes du cartouche du roi Ramsès II », explique le directeur de la mission, Sameh Eskander, ajoutant que parmi les découvertes, il y a des blocs de pierres constituant les fondations du temple. Ils sont aussi gravés par le cartouche du roi Ramsès II. On y lit aussi ses noms de naissance et de couronnement. D’après Sameh Eskander, directeur de la mission, les cartouches et les noms royaux dorés sont coiffés du disque solaire aux plumes de Maat, symbole de la justice et au-dessous, se trouve le signe de la Nubie égyptienne.
Une tombe unique à Akhmim
La momie de « Toutou » en bon état. (Photo : Ministère des Antiquités)
A Akhmim, à 5 km de la capitale du gouvernorat, sur la rive est du Nil, une autre découverte importante a été dévoilée. Une double-tombe remontant à l’époque ptolémaïque (332-30 av. J.-C.), datant donc de plus de 2 000 ans.
En bon état de conservation, la tombe appartient à un certain « Toutou » et à son épouse Ta-Cherit-Isis, musicienne du temple de la divinité Hathor. Cette importante et belle tombe a été trouvée, suite à la poursuite de voleurs en quête de trésors archéologiques hors de la région inscrite dans les registres du ministère des Antiquités.
« Cette poursuite a permis aux responsables du ministère de commencer des fouilles archéologiques scientifiques dans cette région », affirme Moustapha Waziri.
Les côtés de l’entrée sont gravés de scènes colorées. Sur l’une est peinte la divinité de momification, Anubis, accueillant Toutou. Sur l’autre, accueillant Ta-Cherit-Isis. Il y a aussi la fameuse scène du tribunal, devant la divinité de l’au-delà Osiris et derrière lui les deux filles Isis et Neftis. D’ailleurs, les parois de la tombe sont gravées des noms des parents du couple.
La tombe mise au jour se compose de deux pièces. L’entrée de la deuxième est ornée de la corniche égyptienne, dont le centre est marqué par le disque solaire. Quant au linteau, il est aussi gravé d’un disque solaire sur lequel est inscrit « Horus le maître du ciel », « l’un des fameux titres de cette divinité », explique l’inspecteur archéologique d’Akhmim.
La momie de Toutou, le propriétaire de la tombe, a été retrouvée, mais pas celle de son épouse, même si les deux sarcophages de calcaire étaient toujours là. « On a remarqué plusieurs autres humains, ainsi que des animaux comme des faucons et des souris momifiés », explique la restauratrice Kholoud Alam Eddine, précisant que c’est rare de trouver des souris momifiées. D’après les archéologues, la double-tombe aurait été réutilisée ultérieurement comme une tombe pour les faucons et les animaux. « Chaque époque est connue par un style de momification particulier, qui le distingue des autres périodes historiques. Je peux alors dater l’âge de chaque momie grâce à son style de momification », explique la restauratrice Somaya Sabbour. Pour elle, la tombe et ce qu’elle renferme, notamment les momies, est très intéressante, car elle reflète toutes les époques de l’ Egypte Ancienne.
De plus, les scènes colorées sur les parois sont très bien conservées ce qui rend cette découverte unique à Akhmim. Pour la restauratrice Kholoud Alam Eddine, cette trouvaille enrichit le site, qui était marginalisé sur le plan touristique. « Sohag renferme d’importantes destinations archéologiques et touristiques qui méritent d’être visitées », conclut-elle.
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