Elle n’était pas encore ouverte que déjà 180000 billets étaient vendus. L’exposition «
Toutankhamon... Le trésor du pharaon », tant attendue, qui se tient à Paris, à la Grande Halle de La Villette, s’annonce exceptionnelle. Des pièces, jamais sorties d’Egypte, sont pour la première fois exposées en France.
150 pièces de la collection découverte dans le tombeau du jeune pharaon, prêtée par le ministère égyptien des Antiquités, sont exposées. Des bijoux en or, des bâtons du roi, des mobiliers et des sculptures, également des objets rituels sont à découvrir. « Une cinquantaine de ces pièces sortent pour la première fois d’Egypte. Elles seront présentées dans une fascinante scénographie conçue spécifiquement pour l’occasion », assure Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités. Le parcours de l’exposition amène les visiteurs au coeur du tombeau de Toutankhamon.
L’antichambre est la première étape de cette plongée dans le temps avec ses peintures, son mobilier (lits, coffres, sièges, etc.) en plus des statuettes qui accompagnent le pharaon, 11e souverain de la XVIIIe dynastie, né vers 1342 av. J.-C., dans son voyage dans l’au-delà. Parmi les pièces à découvrir, il y a le petit naos en bois doré présentant des scènes du couple royal Toutankhamon et son épouse Ankhésenamon. « C’est une pièce antique très représentative du rôle important joué par la femme et le respect qu’a son mari pour elle », assure Waziri. La vie dans l’au-delà est également représentée par des vases canopes et un cercueil minutieusement peints de Toutankhamon.
Deux statues, postées debout, à la peau noire, qui gardaient la tombe du roi, font partie des pièces qui quittent pour la première fois l’Egypte. La peau noire symbolisait la fertilité du Nil et sa promesse éternelle de résurrection. Quant au lit funéraire en bois, recouvert de feuilles d’or, il fut probablement construit pour assurer le confort du pharaon lors de ses funérailles.
Ces objets font ici en Europe leur deuxième escale d’une tournée qui a débuté en mars 2018 à Los Angeles. Ils seront exposés à Paris, jusqu’au 15 septembre prochain. Puis, ils se déplaceront dans d’autres grandes capitales, probablement en Asie, avant leur retour définitif en Egypte, et leur installation dans le Grand Musée égyptien. « C’est une chance unique pour nous de pouvoir exposer ces pièces qui rejoindront plus tard définitivement le Grand Musée égyptien », se réjouit l’égyptologue et universitaire Dominique Farout, conseiller scientifique de l’exposition.
Cette exposition célèbre les presque 100 ans de la découverte de la tombe. « Malgré les tentatives des pharaons qui lui ont succédé, pour effacer son histoire réelle, la découverte du tombeau de Toutankhamon, intact, en 1922 par l’archéologue et égyptologue britannique Howard Carter, est un grand miracle », ajoute Waziri. En témoigne dans l’exposition la présence de cette grande statue, prêtée par le musée du Louvre, représentant le dieu Amon protégeant Toutankhamon. Son visage a été cassé sur ordre de ses successeurs soucieux d’effacer toutes traces des descendants d’Akhenaton.
Des mystères demeurent
Des films documentaires retraçant l’histoire du roi et représentant la collection dans le tombeau de Toutankhamon seront diffusés lors de cette exposition. Ils ont pour objectif de transporter les visiteurs dans un voyage légendaire au pays des pharaons. Et aujourd’hui encore, les recherches se poursuivent pour en connaître davantage sur l’histoire de ce jeune pharaon, et des scientifiques se penchent encore sur l’étude de la momie.
Car des zones d’ombre demeurent encore aujourd’hui, et les théories sur la mort du jeune pharaon du Nouvel Empire, ainsi que sur ses neuf années de règne, sont multiples. Et c’est sans doute pour cette part de mystère que Toutankhamon fascine toujours autant.
En France, la couverture médiatique de cette exposition depuis plusieurs semaines en atteste. « L’exposition-événement » titre le quotidien Le Figaro, alors que le magazine Historia, lui, préfère « Toutankhamon, cet inconnu » et écrit sur les dernières révélations scientifiques éclairant sur l’histoire du pharaon. Le journal de 20h de France 2 a proposé une visite en avant-première de l’exposition. L’équipe de l’émission « Stupéfiant », diffusée aussi sur la chaîne du service public, a même fait le déplacement au Caire.
Enfin sur TF1, première chaîne française en termes d’audience, le célèbre égyptologue Zahi Hawas a exploré les secrets de l’Egypte Ancienne à travers son programme nommé « Mille et une Egyptes », où il a raconté Le Mystère Toutankhamon.
Et dans les rues de Paris, les affiches de l’exposition invitent depuis un moment les visiteurs à vivre l’ultime voyage de Toutankhamon vers l’au-delà à travers ses pièces antiques. Mais certains visiteurs risquent d’être déçus, après avoir vu certaines affiches avec le masque funéraire de Toutankhamon, « car ce masque unique ne peut pas quitter Le Caire », souligne le ministre des Antiquités, Khaled El-Enany.
Un engouement spécial autour du pharaon
Les expositions sur l’Egypte, en France comme ailleurs, fascinent toujours. Les plus récentes, « Les Trésors engloutis de l’Egypte » et « L’Or des pharaons », qui ont connu un grand succès à l’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris et au Grimaldi Forum, ont connu une forte affluence en 2018.
Mais si le nom de Toutankhamon est à l’affiche, alors c’est un succès assuré. Et ce, depuis toujours. En 1967 déjà, l’exposition « Toutankhamon, son tombeau et ses trésors », au Petit Palais à Paris, qui regroupait une quarantaine de pièces, avait accueilli 1,2 million de visiteurs.
A l’époque, les pièces avaient été transportées par avion militaire et les plus lourdes avaient fait un long voyage maritime. Lors de cette exposition, l’Egypte avait prêté à la France 32 objets issus de l’impressionnant mobilier funéraire du souverain, associé à 13 autres objets provenant de la collection du Musée égyptien du Caire.
L’engouement pour le pharaon touche depuis des décennies les Etats-Unis. La fameuse exposition « Trésors de Toutankhamon », présentant 55 pièces, avait eu un grand succès entre 1976 et 1979. De même, « Toutankhamon et l’âge d’or des pharaons », tenue en 2005 à Los Angeles, a attiré plus d’un million de visiteurs.
Par ces expositions, l’Egypte vise deux objectifs. Le premier est bien sûr touristique, car le secteur souffre d’une forte baisse de fréquentation depuis 2011. L’autre enjeu est financier. « Une précédente tournée de ces trésors, dans différentes villes, entre 2005 et 2013, a permis de rapporter à l’Egypte près de 120 millions de dollars », explique Waziri.
Le nombre de billets vendus, pour l’exposition de la Villette, dont l’Egypte touche une partie, ont dépassé les 150000 lors du jour de l’inauguration officielle. Tandis que le nombre de visiteurs au cours de ces six mois d’exposition devrait se compter par millions.
Les bénéfices dégagés lors de cette exposition aideront sûrement à subventionner et achever les travaux du GEM, situé à proximité du Plateau des pyramides de Guiza, actuellement en construction. « Nous accueillerons alors les passionnés de ce trésor dans une grande galerie où, pour la première fois depuis sa découverte, la collection entière du trésor de Toutankhamon sera exposée », souligne El-Enany. En attendant, la Villette promet que cette exposition, qui se tient dans le cadre de l’année Egypte-France, sera « une expérience unique à vivre et une occasion de plonger dans les mystères de l’Egypte Ancienne ».
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