Sur le site archéologique de Gabal Al-Silsila, au nord d’Assouan, en Haute-Egypte, un atelier de fabrication de sculptures architecturales a été découvert. Il remonte au Nouvel Empire pharaonique (1550-1070 av. J.-C.), plus précisément à une période entre 1391 et 1353 av. J.-C. A l’intérieur de l’atelier, trois statues de différentes tailles et formes, une stèle, les fragments d’un obélisque et des ostraca ont été trouvés.
C’est la mission archéologique suédoise de l’Université de Lund, dirigée par Maria Nilsson et John Ward, qui a fait la découverte. « Cette découverte est d’une importance exceptionnelle, car elle prouve que cette région, qui est connue pour être une vaste carrière de grès, renferme aussi des ateliers pour la fabrication de statues, de colonnes, d’obélisques et d’autres éléments architecturaux utilisés dans les temples pharaoniques », a souligné Maria Nilsson, ajoutant que cette découverte est d’une valeur inestimable pour toute l’équipe, car il s’agit de la première découverte de ce type dans la région.
Durant leur 10e saison de fouille et après avoir enlevé un tas de débris, les archéologues ont découvert dans une fosse, au sein de l’atelier, une statue géante du Sphinx dite Criosphinx (genre de sphinx à tête de bélier qui ressemble à ceux décorant l’allée entre les temples de Karnak et de Louqsor). Cette statue mesure 5 m de long, 3,5 m de haut et 1,5 m de large.
« D’après les études préliminaires de la mission, ce sphinx a été sculpté vers la fin du règne du roi Amenhotep III », a indiqué Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA).
Et d’ajouter que probablement, le pharaon de la XVIIIe dynastie avait commandé cette statue et qu’elle a été abandonnée sur place après sa mort.
Des objets uniques et incomparables
A côté du Sphinx, l’équipe suédoise a découvert une autre statue brisée en forme de cobra, appelée Uraeus, symbole de la royauté durant cette époque. La mission a par ailleurs trouvé un « bébé Sphinx » ainsi que des centaines de fragments d’un naos (sanctuaire), où apparaît clairement le nom d’Amenhotep. « Parmi les fragments, on en a trouvé un qui porte des textes hiéroglyphiques en ocre rouge, que les épigraphes travaillent à traduire », a expliqué John Ward, ajoutant que la mission a aussi découvert une stèle de forme ronde et dépourvue d’inscriptions, en plus des fragments d’une statue de faucon et des parties d’un obélisque. « La plupart de ces objets sont uniques et incomparables », a souligné Abdel-Moneim Saïd, directeur des monuments égyptiens d’Assouan et de la Nubie. Selon les chefs de la mission, il s’agit d’une découverte inestimable en son genre faite par l’équipe de travail de Gabal Al-Silsila, composée d’une soixantaine d’experts de différents pays et accompagnés de 40 employés égyptiens. Nilsson et Ward espèrent que les pièces trouvées permettront d’apprendre davantage sur l’histoire égyptienne.
Notons que Gabal Al-Silsila est un site antique situé à environ 65 km au nord d’Assouan, connu dans l’antiquité sous le nom de Khenu ou Kheny. Il est célèbre pour sa grande chaîne montagneuse et ses carrières de grès, qui s’étend des deux côtés du Nil sur environ 2,5 km. Les blocs de grès et de pierre, une fois transportés à Louqsor ou à Assouan, ont servi à la construction de nombreux temples. Le projet d’étude de l’Université de Lund a, jusqu’à aujourd’hui, identifié une centaine de carrières sur le site. La plupart datent de la période du Nouvel Empire et de l’ère gréco-romaine, mais certains indices suggèrent qu’il y en a aussi qui remontent à la période du Moyen Empir.
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