C’est une importante découverte qu’ont révélée cette semaine la mission archéologique conjointe du Centre de recherches des études archéologiques, de la faculté des lettres de l’Université d’Al-Minya, et celle du ministère des Antiquités, dirigée par Wagdi Ramadan. Il s’agit d’un cimetière renfermant plusieurs tombes remontant à différentes époques.
Le travail de recherche a commencé en novembre 2018 sur le site archéologique de Touna Al-Gabal, sur la rive ouest du Nil, en Haute-Egypte. A presque 8 m au-dessous d’une colline sablonneuse, la mission a découvert un puits funéraire, qui a guidé à une chambre funéraire prenant le nom « A » dans laquelle les archéologues ont trouvé un sarcophage en bois, un autre en calcaire et deux en pierre renfermant des momies en bon état de conservation. « Au sud de cette tombe, les membres de la mission ont constaté un creux dans le sable. En le fouillant, ils ont pu découvrir une deuxième tombe, surnommée B, qui renferme elle aussi des sarcophages, mais encore des momies avec des écritures anciennes au-dessus du lin. Toujours dans cette tombe, deux autres puits funéraires ont guidé à plusieurs chambres, formant une tombe à part », affirme Fathi Awad, directeur de la région archéologique de Touna Al-Gabal. Il précise que cette troisième tombe renferme, en plus des momies humaines, de petits sarcophages en forme de poisson et des momies d’animaux rares.
Les deux ministres inspectent l'une des tombes. (Photo : Ministère des Antiquités)
Jusqu’à présent, la mission a déterré 40 momies humaines, dont 10 appartenant à des enfants, qui sont presque tous gardées dans du lin. « La plupart des sarcophages et des momies sont très bien conservés », assure Ramadan.
Le ministre des Antiquités, Khaled El-Enany, qui a annoncé la découverte sur place du ministère, a déclaré, lors d’une conférence de presse tenue samedi 2 février, que ces tombes appartenaient à des familles de la classe moyenne, car elles renferment des momies de femmes, d’hommes et d’enfants.
D’après Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités, les études préliminaires indiquent que la plupart de ces momies remontent à l’époque ptolémaïque, tandis que d’autres peuvent dater de différentes époques, romaines ou byzantines. « On est arrivé à cette conclusion grâce aux différents styles architecturaux des tombes. La manière dont les momies sont enterrées est un autre indice. Ces tombes sont creusées dans des rochers, varient en dimensions et renferment une ou deux chambres. Quant aux momies, certaines sont enterrées dans des sarcophages en pierre ou en bois, tandis que d’autres sont placées sur le sol, entourées de sable et placées dans des niches », explique Waziri. Ce dernier ajoute que quelques ostraca et sarcophages portent des écritures démotique ou grecque indiquant l’ère d’inhumation qui varie depuis l’époque ptolémaïque (304-30 av. J.-C.), début de la dynastie romaine (30 av. J.-C. au IVe siècle), également de l’occupation byzantine (395-475).
A Touna Al-Gabal, les travaux se poursuivent encore
(Photo : Ministère des Antiquités)
Ces découvertes ne sont pas les premières révélations de cette mission sur ce site. Selon le directeur de la mission archéologique, c’est la deuxième année de fouille dans cette région. La première mission s’est tenue de février à avril 2018. « Durant la saison de fouille de 2018, un cimetière renfermant plusieurs tombes renfermant des sarcophages, des momies et de nombreux objets funéraires avait été découvert », a annoncé Fathi Awad.
En fait, Touna Al-Gabal est une importante région archéologique, où plusieurs missions de fouille opèrent. L’année dernière, El-Enany avait prévu que les travaux de recherche dans cette région archéologique devaient durer au moins 5 ans pour que cette région dévoile ses secrets. Selon lui, cette découverte est considérée comme la première de 2019. De son côté, la ministre du Tourisme, Rania Al-Machat, a déclaré que sa participation à la cérémonie d’annonce de cette importante découverte au gouvernorat de Minya, en présence de nombreux ambassadeurs et médias étrangers, entrait dans le cadre de la promotion touristique. Quant à Waziri, il conclut que « la mission archéologique continuera ses travaux de nettoyage, d’études et de fouille dans les alentours de ces tombes découvertes dans les prochaines saisons, afin de révéler de nouveaux secrets de cette région ».
Touna Al-Gabal, capitale du 15e nome
Le masque en cartonnage découvert.
C’est à 345 km au sud du Caire, dans le désert occidental, que se situe le site archéologique de Touna Al-Gabal. Durant l’antiquité, cette région était une nécropole de la ville d’Hérmopolis Magna, capitale du 15e nome (des divisions administratives au nombre de 42 à l’époque ptolémaïque). Cette ville est considérée comme le « nome du Lièvre » ; elle est aussi dédiée au dieu Thot qui est assimilé au dieu grec Hermès. « Touna Al-Gabal est formé de plus d’une nécropole, dont la plus célèbre est celle où se trouve le tombeau de Pétosiris, prêtre de Thot, qui a été découvert par l’égyptologue français Gustave Lefebvre, en 1919, la tombe d’Isadora (fille romaine, noyée au Nil) et les catacombes des animaux tels que l’ibis et les singes. Il s’agit, en fait, d’un grand complexe funéraire », explique Fathi Awad, directeur de la région archéologique. Selon lui, cette ville renferme de nombreuses tombes abritant des milliers de momies et de pièces antiques. Un grand temple dédié à Thot y existait.
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