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Karim Makachera : Nous voulons attirer plus de 3 millions de touristes de la région arabe d’ici 2020

Dalia Farouq, Lundi, 17 décembre 2018

Le site Atout France de promotion touristique en arabe a été lancé en France. Entretien avec Karim Makachera, directeur régional d’Atout France Moyen-Orient.

Karim Makachera

Al-Ahram Hebdo : Quel est l’objectif du lancement de votre site de promo­tion touristique en France en langue arabe ?

Karim Makachera : En fait, le tourisme est avant tout une inspira­tion et l’on est convaincu que pour toucher une personne, on doit lui parler dans sa propre langue. En outre, il existe plus de 200 millions de personnes qui parlent l’arabe dans le monde, c’est un grand mar­ché dans lequel la France doit conso­lider sa position comme destination de premier rang. France.fr est un site pour la promotion du tourisme en France qu’on a lancé il y a un an dans le cadre d’un plan de promo­tion. Les premières langues étaient le français et l’anglais ; puis, on a fait un travail de développement. Le site est diffusé en 16 langues et la dernière langue du site est l’arabe. A cette occasion, nous avons décidé de lancer une tournée médiatique dans les grands pays arabes, c’est-à-dire dans les principaux pays où nous avons une clientèle importante, et l’Egypte en fait certainement partie. Ainsi, on est venu pour porter à la connaissance de la presse les infor­mations de ce site afin que l’au­dience de France.fr soit la plus large possible. Notre venue aujourd’hui en Egypte est un moment important dans le lancement du site puisque c’est le troisième pays que nous visitons après les Emirats arabes unis, où se trouve le siège du bureau régional d’Atout France au Moyen-Orient, et l’Arabie saoudite.

— Quels sont les chiffres du tou­risme arabe à destination de la France?

— Lorsqu’on regarde la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), nous voyons que nous rece­vons plus de 2,5 millions de tou­ristes dont 1,9 million venant d’Afrique du Nord, du Maroc, de Tunisie et d’Algérie souvent pour des raisons familiales, puisque nous avons des relations historiques privi­légiées avec ces pays depuis long­temps, ce qui se traduit évidemment par un flux touristique. Si on regarde le reste de la région du Moyen-Orient, nous constatons que nous recevons entre 600 000 et 700 000 touristes venant surtout des pays du Golfe et d’autres pays de la région comme la Jordanie, le Liban et l’Egypte. La croissance est de 4 à 5 % par an. La durée moyenne du séjour des touristes arabes est de 9,4 jours avec des dépenses qui varient entre 2 000 et 3 000 euros par jour.

— Après le lancement de ce site en arabe, combien de touristes comptez-vous attirer ?

— On compte attirer plus de 3 millions de touristes de la région arabe d’ici 2020.

— Et qu’en est-il du nombre de touristes égyptiens qui se rendent en France ?

— Les touristes égyptiens qui se sont rendus en France en 2018 étaient au nombre de 100 000. Avec une croissance de 4 à 5 % par rap­port à 2017.

— Quels sont les marchés qui exportent le plus de touristes vers la France ?

— La plupart du temps, ce sont les marchés régionaux ou intereuro­péens si vous voulez. Nous avons donc des Allemands, des Anglais, des Belges, des Espagnoles et des Italiens. C’est un tourisme de proxi­mité.

— Quelle est l’influence des évé­nements qui ont lieu ces jours-ci en France sur les flux touris­tiques ?

— Les événements qui se dérou­lent en France sont franco-français qui n’ont rien à voir avec les tou­ristes. Il est encore très tôt pour donner des chiffres sur l’impact de ces événements sur le flux touris­tique en France. Probablement, il y aurait quelques annulations de voyages ou de réservations, c’est inévitable. En revanche, pour vous donner précisément un chiffre, il est encore tôt à ce stade. Mais j’ai confiance dans l’industrie du tou­risme français qui est assez forte. C’est vrai qu’on a une crise que l’on ne peut pas nier, mais le président de la République a fait une intervention et il a fait des annonces. Je pense que le problème sera réglé dans les jours et les semaines qui viennent.

— Comment vous évaluez le tourisme égyptien à l’heure actuelle ?

Nous voulons attirer plus de 3 millions de touristes de la région arabe d’ici 2020
Le parapente, l'une des activités touristiques prisées dans les Alpes.

— Moi je travaille plus sur le tou­risme « out going ». Mais je pense à un niveau personnel que le tourisme en Egypte est toujours attirant. Moi, je suis venu en Egypte au début des années 2000 avant même de tra­vailler dans le tourisme. Au cours de mon premier voyage en Egypte, je suis allé au Sinaï faire du trekking pendant une semaine. Je me suis rendu à Hurghada et j’ai fini mon voyage au Caire avec les pyramides et le Sphinx. Je pense que les tou­ristes français reviennent en Egypte. D’après les chiffres que j’ai enten­dus de l’ambassadeur de France en Egypte, j’estime que le pays des pharaons a toujours été une destina­tion qui fait rêver les Français, puisque l’Egypte a accueilli en 2010 plus d’un million de touristes fran­çais. C’est vrai que ce chiffre a beaucoup baissé au cours des huit dernières années, mais c’était nor­mal vu la révolution du 25 janvier et les troubles politiques qui ont eu lieu en Egypte. C’était, sans doute, le cas pour presque tous les marchés du tourisme égyptien. Mais au cours des deux dernières années, le taux de croissance des touristes français qui se rendent en Egypte a doublé. Je pense qu’en ce moment, le tourisme égyptien reprend mais ça prend du temps pour construire une image et donner confiance aux gens. Je pense qu’aujourd’hui, avec le retour de la stabilité et de la sécurité dans les quatre coins du pays, les touristes reviennent.

— Quels sont les autres élé­ments de votre plan de promotion touristique ?

— Le site France.fr est un maillon de la chaîne, mais c’est l’outil pri­mordial qui va nous permettre de toucher le grand public. Le numé­rique a complètement révolutionné le marketing. Je me rappelle de l’époque où l’on achetait encore des espaces dans les journaux, les maga­zines, etc. Aujourd’hui, tout se fait en ligne. Les gens réservent de plus en plus leurs séjours en ligne, les billets d’avion, les hôtels. Le numé­rique est donc la clé pour toucher le grand public. En outre, on travaille dans une région où nous avons beaucoup d’intermédiaires, c’est-à-dire des agents de voyage. Vous avez donc d’un côté les jeunes qui vont sur Internet et d'un autre les gens plus âgés qui aiment bien pas­ser par un agent de voyage ou un tour-opérateur pour garantir qu’en cas de problèmes durant le voyage, ils auront recours à quelqu’un direc­tement pour le régler. Ainsi, les agences de voyages ont encore de beaux jours au Moyen-Orient. Du coup, le deuxième pilier de notre stratégie de promotion repose sur la promotion auprès des profession­nels. Faire en sorte que les profes­sionnels mettent la destination France sur leurs brochures et leurs sites Internet. Ils peuvent mettre du matériel promotionnel comme une image, un poster ou un Kakémono de France. Le troisième pilier est notre plan de promotion et bien évidemment les médias. Ils consti­tuent aussi une clé dans l’industrie du tourisme. Il y a un nouveau métier qui est apparu maintenant, ce sont les influenceurs de voyages ou les blogueurs. Ils permettent de par­ler des différentes destinations qui existent en France.

— Quel est l’objectif de ce plan de promotion ?

— L’objectif est que la destination France reste l’une des premières destinations de loisirs au monde et d’attirer plus de 100 millions de touristes d’ici 2020. On est toujours dans le Top 5 des grandes destina­tions touristiques. Notre but numéro un est aussi de consolider la position du tourisme français. En fait, le tou­risme international est évalué à 1,3 milliard de touristes avec un taux de croissance de 4 à 5 % par un an. En 2030, il y aura 2 milliards de tou­ristes internationaux de par le monde ou un peu plus. Donc, cet énorme gâteau, toutes les destinations le veulent. Pour maintenir notre posi­tion, nous avons présenté des offres qui sont toujours renouvelées. Il y a Paris, la côte d’Azur, mais il y a aussi d’autres destinations comme l’Aquitaine, la Provence et la Bretagne. Nous voulons faire décou­vrir aux touristes de nouvelles desti­nations, c’est cela qui nous fera gagner plus de visiteurs. Ensuite, il faut savoir que le tourisme c’est l’industrie de l’offre et pas de la demande ; s’il n’y a pas d’offre, il n’y a pas de tourisme. La différence entre un territoire et une destination c’est l’offre et les services que vous avez trouvés sur place, les infras­tructures, les hôtels, les moyens d’accès, etc. Bref, nous voulons réa­liser un bon rapport qualité prix.

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