Le site où les découvertes ont été faites en Algérie.
Des galets en calcaire et en silex taillé ont été découverts sur le site de Ain Boucherit, dans le complexe de Ain Lahneche, à Sétif, à 300 km à l’est d’Alger, par une équipe de chercheurs internationaux, dont des chercheurs algériens. Ces outils ressemblent exactement à ceux dits « Oldowan », trouvés jusqu’alors principalement en Afrique de l’Est. Des dizaines d’ossements d’animaux fossilisés ont aussi été déterrés à proximité, présentant ce qui ressemble à des marques d’outils — de véritables outils de boucherie préhistoriques. Les ossements proviennent d’ancêtres des crocodiles, des éléphants, des hippopotames ou encore des girafes.
Dans une étude relative à ces découvertes, publiée dans la revue Science, les archéologues expliquent que depuis des décennies, l’Afrique de l’Est est considérée comme le berceau de l’humanité. C’est là qu’on a retrouvé le squelette partiel de Lucy, l’australopithèque – désormais considéré comme branche collatérale du genre homo, et pas un ancêtre– qui remonte à 3,2 millions d’années. On y a aussi trouvé les outils les plus anciens d’homo habilis, vieux de 2,6 millions d’années.
Selon l’étude, les découvertes d’Algérie ont été faites sur deux couches archéologiques, l’une datant de 2,4 millions d’années et l’autre de 1,9 million d’années. Par contre, aucun reste humain n’a été trouvé. On ignore donc quelle espèce d’hominidés a utilisé ces outils.
Afrique du Nord et Afrique de l’Est
Le groupe d'archéologues internationaux lors des fouilles.
La découverte, annoncée le 29 novembre, sur le site de Ain Boucherit, rivalise désormais avec les découvertes d’Afrique de l’Est. Cela pourrait signifier que les techniques d’outils se sont rapidement répandues au-delà de l’Afrique de l’Est et sur tout le continent. Une autre hypothèse avancée par les chercheurs propose un scénario d’origines multiples des anciens hominidés et des technologies lithiques, à la fois en Afrique de l’Est et du Nord. « Le site de Ain Lahnèche est le deuxième plus ancien au monde après celui de Kouna en Ethiopie, qui remonte à 2,6 millions d’années, considéré comme le berceau de l’humanité », a expliqué à l’AFP le professeur Mohamed Sahnouni, qui a dirigé l’équipe de recherche sur ce site. L’équipe, qui y travaille depuis les années 1990, regroupe des archéologues du Centre national de développement des recherches en Espagne, de l’Université de Griffith en Australie, des Universités de Sétif et d’Alger ainsi que du Musée national d’histoire naturelle en France.
Selon Sahnouni, son équipe a utilisé les technologies les plus modernes en matière de fouilles archéologiques, notamment la bioinformatique sur les grands mammifères, l’analyse des gisements volcaniques ainsi que les vibrations magnétiques sur le quartz.
Ce grand travail a mené le ministre algérien de la Culture, Azzedine Mihoubi, à féliciter l’équipe archéologique qui a réalisé cette grande découverte à l’occasion d’une cérémonie d’hommage organisée en son honneur.
Lien court: