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L’histoire de l’humanité réécrite en Algérie

Dalia Farouq, Mardi, 04 décembre 2018

Des archéologues ont découvert en Algérie des outils en pierre taillée remontant à 2,4 millions d’années, soit plus anciens que ceux trouvés dans cette région jusqu’à présent. Cela pourrait remettre en cause l’Afrique de l’Est comme berceau unique de l’humanité.

L’histoire de l’humanité réécrite en Algérie
Le site où les découvertes ont été faites en Algérie.

Des galets en calcaire et en silex taillé ont été décou­verts sur le site de Ain Boucherit, dans le com­plexe de Ain Lahneche, à Sétif, à 300 km à l’est d’Alger, par une équipe de chercheurs internationaux, dont des chercheurs algériens. Ces outils res­semblent exactement à ceux dits « Oldowan », trouvés jusqu’alors principalement en Afrique de l’Est. Des dizaines d’ossements d’animaux fossilisés ont aussi été déterrés à proximité, présentant ce qui res­semble à des marques d’outils — de véritables outils de boucherie préhis­toriques. Les ossements proviennent d’ancêtres des crocodiles, des élé­phants, des hippopotames ou encore des girafes.

Dans une étude relative à ces décou­vertes, publiée dans la revue Science, les archéologues expliquent que depuis des décennies, l’Afrique de l’Est est considérée comme le berceau de l’humanité. C’est là qu’on a retrou­vé le squelette partiel de Lucy, l’aus­tralopithèque – désormais considéré comme branche collatérale du genre homo, et pas un ancêtre– qui remonte à 3,2 millions d’années. On y a aussi trouvé les outils les plus anciens d’ho­mo habilis, vieux de 2,6 millions d’années.

Selon l’étude, les découvertes d’Al­gérie ont été faites sur deux couches archéologiques, l’une datant de 2,4 millions d’années et l’autre de 1,9 million d’années. Par contre, aucun reste humain n’a été trouvé. On ignore donc quelle espèce d’hominidés a utilisé ces outils.

Afrique du Nord et Afrique de l’Est

L’histoire de l’humanité réécrite en Algérie
Le groupe d'archéologues internationaux lors des fouilles.

La découverte, annoncée le 29 novembre, sur le site de Ain Boucherit, rivalise désormais avec les décou­vertes d’Afrique de l’Est. Cela pour­rait signifier que les techniques d’ou­tils se sont rapidement répandues au-delà de l’Afrique de l’Est et sur tout le continent. Une autre hypothèse avan­cée par les chercheurs propose un scénario d’origines multiples des anciens hominidés et des technologies lithiques, à la fois en Afrique de l’Est et du Nord. « Le site de Ain Lahnèche est le deuxième plus ancien au monde après celui de Kouna en Ethiopie, qui remonte à 2,6 millions d’années, considéré comme le berceau de l’hu­manité », a expliqué à l’AFP le pro­fesseur Mohamed Sahnouni, qui a dirigé l’équipe de recherche sur ce site. L’équipe, qui y travaille depuis les années 1990, regroupe des archéo­logues du Centre national de dévelop­pement des recherches en Espagne, de l’Université de Griffith en Australie, des Universités de Sétif et d’Alger ainsi que du Musée national d’histoire naturelle en France.

Selon Sahnouni, son équipe a uti­lisé les technologies les plus modernes en matière de fouilles archéologiques, notamment la bioinformatique sur les grands mammifères, l’analyse des gise­ments volcaniques ainsi que les vibrations magnétiques sur le quartz.

Ce grand travail a mené le ministre algérien de la Culture, Azzedine Mihoubi, à féliciter l’équipe archéo­logique qui a réalisé cette grande découverte à l’occasion d’une céré­monie d’hommage organisée en son honneur.

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