Le minaret de la mosquée antique en détail.
Siwa, c’est l’un des paradis du territoire égyptien, situé à quelque 306 km au sud-ouest de Marsa Matrouh, capitale du gouvernorat de Matrouh. Connue par la pureté de son climat et la variété de ses sources d’eau minérale, cette oasis compte aussi plusieurs villages à caractère unique. Le plus célèbre d’entre eux est celui de Chali (la cité, en langue siwie). Le village est divisé en deux parties distinctes : celle de l’est et celle de l’ouest. «
C’est la partie est qui comprend la mosquée antique, la mosquée Tatandi, connue sous le nom d’Al-Cheikha Hassina et de nombreux vestiges », annonce Mohamad Metwalli, directeur général des monuments islamiques, coptes et juifs d’Alexandrie, de la Côte-Nord et de Matrouh.
Vu la rareté du style de construction des bâtiments du village ainsi que la distinction de sa communauté locale, et dans le but de conserver ce patrimoine unique, le ministère des Antiquités a décidé de l’enregistrer en tant que patrimoine architectural.
En fait, tous les bâtiments de Chali, voire de toute l’oasis, sont construits d’une pierre locale propre à la région nommée karchive. Elle se compose de brique crue mélangée à du sel local, matériau essentiel de la terre de l’oasis. « Ce matériau fait aussi office d’isolant et de climatiseur naturel. Durant l’été, il empêche la chaleur brûlante de pénétrer au sein des constructions. Et pendant l’hiver, il conserve la tiédeur », explique Metwalli. Le matériau de construction des fenêtres et des portes est lui aussi local. C’est le bois de l’olivier à l’odeur douce et qui conserve également la tiédeur du climat. Quant au plafond, il est couvert par les tiges des palmiers. Donc, les bâtiments et leurs moindres détails sont dérivés de l’oasis de Siwa.
Une mosquée datant du XIIIe siècle
La mosquée antique après la restauration.
L’élément le plus important de tout le village est la mosquée antique, la plus ancienne mosquée érigée dans cette région désertique. Elle a été construite en l’an 600 de l’hégire, soit en 1203, par les disciples d’Al-Tariqa Al-Chazeliya, l’une des sectes soufies les plus connues. Se dressant sur la montagne Adrar, cette mosquée comprend tous les éléments architecturaux des autres mosquées comme le mihrab, le minbar et le minaret. Malgré la simplicité de son architecture, elle se caractérise par la matière de sa construction, qui est le karchive, et le style architectural de son minaret qui, étant colossal, suit le style des minarets des mosquées andalouses et celles du Maghreb. Le minaret prend la forme spirale des silos dont la base est cubique qui se transforme en un carré diminué en s’élevant.
La mosquée se distingue aussi par son plafond et ses petites fenêtres fabriquées de troncs d’oliviers antiques. Les appliques de la mosquée sont fabriquées à l’aide d’un sel local cristallin. « Les premiers bâtisseurs ont exploité les matériaux locaux dans la construction de la mosquée, d’où sa valeur archéologique », reprend Metwalli. La cité Chali renferme une deuxième mosquée, celle de Tatandi Chali. Son style architectural ressemble à celui de la mosquée antique.
Quant aux vestiges des maisons de la partie est de la cité, ils indiquent que les maisons se composaient de 7 étages et étaient très solides, mais se sont écroulées suite à des pluies destructives en 1826 qui avaient continué 3 jours sans interruption.
« Actuellement, nos registres comprennent la partie est de la cité Chali. Et vu la fragilité de ses éléments architecturaux, la cité est soumise à des travaux de restauration pour la consolider et la conserver », conclut Metwalli. Pour lui, un tel sauvetage est une première étape qui sera suivie d’un dossier à présenter à l’Unesco, afin d’inscrire Chali sur la liste du patrimoine mondial.
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